Cai Fang: mettre en oeuvre les atouts académiques pour mieux s'acquitter des tâches imparties
2012-12-24 17:42:07
NSSC
    Interviewé: Cai Fang   
    Intervieweur: Liang Weiguo,journaliste de l'Académie des Sciences sociales de Chine

    Note du rédacteur : 
    Depuis quelques années, les économistes en Chine ont un consensus : sous l’effet du développement économique fluctuant, l’accélération ou le ralentissement du développement économique chinois sont décidées par une loi naturelle. Avec un marché gigantesque, la Chine ne pourra pas maintenir toujours une croissance à plus de 10 %. En conséquence, le ralentissement économique doit être considéré comme une étape inévitable. Cai Fang, délégué des 17e et 18e Congrès du PCC dans le domaine de la recherche économique a présenté divers postulats qui invitent à la réflexion.

    D'abord, on ne doit pas chercher à dépasser le taux de croissance potentielle. Une stimulation artificielle de la croissance comporte le risque de conduire à des résultats néfastes tels que l'inflation, une production excédentaire, la raréfaction  des ressources ou la dégradation de l'environnement. Ensuite, le taux de croissance potentielle peut être modifié en ajustant l'offre de travail, l'offre de capital ou en améliorant la productivité, éléments consubstantiels de croissance. Il ne faut pas stimuler artificiellement la croissance en absence de croissance potentielle. Ces concepts de développement scientifique doivent être retenus par les autorités pendant la prise de décision. On ne doit pas succomber à l’affolement face au ralentissement économique.

    Bien remplir ses fonctions et suivre le Comité central du Parti

Journaliste: Bonjour Monsieur Cai. Je suis très heureux que vous ayez accepté notre demande d’interview. En tant qu’économiste et délégué du 18e Congrès du Parti communiste chinois, pourriez-vous présenter les atouts académiques qui permettent de mieux s'acquitter des tâches imparties ?

Cai Fang: En tant que délégué au Congrès du PCC, je suis très honoré d’assumer cette charge. 

    D’abord, pendant le mandat de cinq ans, je devrais suivre de près le Comité central du Parti tout en déployant mes capacités professionnelles pour formuler les propositions sur le développement économique de la Chine. A propos du Congrès, il se déroule selon les ordres du jour : le rapport Congrès, la discussion du rapport, l’élection du nouveau comité central, etc. 

    Ensuite, pendant mon mandat, je devrais faire valoir mes capacités professionnelles. Chaque année, les  délégués doivent se réunir pour discuter les documents des sessions plénières et exprimer leurs opinions. Les sujets de ces documents concernent la réforme, la construction de l’esprit social et le plan quinquennal. En tant qu’économiste, je procède plus spécifiquement à des recherches sur la démographie, l'économie du travail et les questions de subsistance, ce qui me permet de faire des propositions basées sur les acquis des mes recherches.

    Notre choisissons les sujets de recherche parmi les grands problèmes théoriques ou pratiques de  la Chine. Mais par rapport aux établissements publics, nous insistons beaucoup aux ressources et aux méthodologies afin d’obtenir des résultats plus fondés et prévoyants qui facilitent la prise de décision.

    Et puis, je devrais soutenir les projets d'innovation. En tant que directeur de l'Institut de recherches, j’ai la charge de faire participer notre Institut aux projets d'innovation  de l'Académie chinoise des sciences sociales afin de promouvoir des recherches, former de meilleurs chercheurs et accueillir l’essor des sciences sociales.

    Respecter la loi naturelle, ne pas stimuler la croissance de façon artificielle

Journaliste: On prête une grande attention à l’élaboration des 12e et 13e plans quinquennaux de la Chine. En tant qu’économiste, quels conseils donneriez-vous au Comité central du Parti?   

Cai Fang: Mes réflexions se concentrent sur l’impact de l'évolution démographique sur le taux de croissance économique potentielle. Depuis longtemps, la relation entre évolution démographique et développement économique a été sous-estimée. L'Institut de démographie et d'économie du travail se concentre de plus en plus sur ce problème depuis le début de ce siècle. Maintenant, nos arguments commencent à retenir l'attention et à être reconnus. Pendant la réunion d’études du Bureau Politique, le ministère de la Sécurité sociale m’a proposé de présenter le tournant de Lewis et les dividendes démographiques. 

   Récemment, nous sommes préoccupés par le problème de l’influence démographique sur la future croissance économique de la Chine. Selon les perspectives démographiques, nous supposons  que le taux de croissance potentielle diminuera de 9,8% à 7,2% pendant le 12e plan quinquennal et jusqu’à 6,1% pendant la 13e plan quinquennal. Ces prévisions sont plus pessimistes que d’autres ont faites, mais elles ne veulent pas dire la croissance économique chinoise deviendra un problème, car une croissance de 7% ou 6% est déjà très enviée par la plupart des pays du monde.

    Cette prévision repose sur deux points. Le premier est qu’il ne faut pas dépasser artificiellement du taux de croissance potentielle, car le plein emploi est la condition nécessaire de ce taux. Comme je l’ai dit, une stimulation artificielle de la croissance comporte le risque de conduire à des résultats néfastes tels que l'inflation, une production excédentaire, la raréfaction  des ressources ou la dégradation de l'environnement. Le 12e plan quinquennal a fixé comme objectif un taux de croissance de 7%. Cette année, il sera de 7,5%. Ce chiffre est conforme  au taux de croissance potentielle. Ce qui montre que les dirigeants du Parti sont conscients de cet enjeu. J'espère que nous pourrons trouver des solutions adéquates pendant la baisse de la croissance tout en respectant les objectifs fixés, au lieu de chercher à tout prix à atteindre 8%.

    Le deuxième point de notre prévision est que le taux de croissance potentielle peut être rectifié. C’est-à-dire, avec le changement de l’offre du travail, l’offre du capital et l’élévation de la productivité, on pourrait modifier le taux de croissance potentielle. Cependant, pour ce faire, il faut faire une série de réformes susceptibles d’assurer un développement durable, telles que la réforme du système d’immatriculation des habitants pour favoriser l’urbanisation des paysans qui travaillent en ville. Ce qui permet d’avoir une main-d’oeuvre plus abondante et stable qui constitue un facteur important pour l’élévation du taux de croissance potentielle. Si nous pouvons créer un meilleur cadre de vie, le travail et le capital des secteurs à faible productivité se tourneront vers les entreprises des secteurs plus productifs. Ce qui favorisera l’efficacité de l'économie dans son ensemble en améliorant la productivité. Comme ça, le taux de croissance potentielle s’élèvera aussi. Nous devons connaître la tendance à long terme tout en essayant d’élever le taux de croissance potentielle.

    Mon opinion est qu’il ne faut pas chercher à stimuler artificiellement la croissance lorsque le taux de croissance potentielle s’étiole.

    Elever le taux de croissance potentielle par l’arrangement institutionnel

Journaliste: Oui, nous devons respecter les lois naturelles, et ne pas dépasser le taux de croissance potentielle afin de rendre la courbe de GDP bien douce. Cela représente aussi la conception scientifique du développement. Mais comment réaliser une meilleure disposition des facteurs de production et élever le taux de croissance potentielle  par l’arrangement institutionnel ?

Cai Fang: Accroître l'offre des facteurs de production et améliorer l'efficacité des dispositions peuvent stimuler le taux de croissance potentielle pour que la croissance économique reste au-dessus de 6%. Si cette dernière se raffermit pendant le 13e et le 14e plan quinquennaux, ça veut dire que l’amélioration du taux de croissance potentielle peut soutenir la croissance économique plus rapide. Toutefois, pendant le 12e plan quinquennal qui doit avoir un taux de croissance de 7%, si l’on cherche obstinément et à atteindre 8 % ou même plus, il faudra recourir aux mesures de stimulation artificielle telles que les politiques monétaires et financières qui  pourront provoquer des inflations et le surplus de production. Ce sera le contraire de notre but initial. Comme dit le Premier ministre Wen Jiabao, l’objectif de la transformation de mode de développement économique est de corriger les facteurs qui dérangent le développement équilibré, harmonieux et durable. Mais si l’on utilise des mesures politiques pour garder une croissance élevée, cela pourra provoquer des conséquences plus graves telles que l’instabilité, la contradiction et l’inconstance.








Edité par Lu Xue

   

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