Huang Ping : la Chine poursuivra la voie du développement pacifique de façon continue
2013-01-10 15:02:35
NSSC
Interviewé : Huang Ping
Intervieweur : Fang Xiaojun, journaliste de l’Académie des Sciences sociales de Chine
Huang Ping,né en 1957 à Chengdu dans la province du Sichuan, de nationalité Han, docteur en sociologie, chercheur titulaire et directeur de l’Institut d’Etudes américaines de l’ ASSC et du Centre de Politique mondiale de l’ASSC. Il est également président de l’Association chinoise d’Etudes américaines, vice-président de l’Association chinoise d’Etudes des relations internationales, vice-président de l’Association internationale de Sociologie, vice-président de l’Association internationale de recherche transculturelle, rédacteur en chef de la revue Recherhces sur les Etats-Unis, membre de la Commission internationale de rédaction pour plusieurs revues telles que Sociologie britannique, Sociologie contemporaine, Sociologie comparative, Politique sociale du monde, Migration internationale etc. Huang Ping était aussi ancien directeur adjoint de l’Institut de Sociologie, ancien directeur du Bureau de Coopération internationale de l’ASSC, ancien vice-président du Conseil intergouvernemental de « gestion de transition sociale » de l’UNESCO, et ancien vice-président du Conseil international des Sciences sociales.
Fang Xiaojun : Bonjour, soyez le bienvenu dans le programme de l’ Observateur du 18e Congrès du PCC, coorganisé par le Forum « pays puissant » du Quotidien du Peuple, de l’ASSC et du Quotidien Guangming en ligne. Tout d’abord, pourriez-vous dire ce que vous pensez du Congrès ?
Huang Ping : Le 18e Congrès du Parti communiste chinois a eu lieu au moment crucial d’une période historique. C’est une réunion de solidarité qui ouvre la marche vers l’avenir sur la base des acquis et qui marque un jalon important pour notre pays, notre parti et la cause du socialisme chinois. Ce congrès s’est clôturé avec succès, une nouvelle équipe de direction centrale a été élue, et Xi Jinping, nouvellement élu secrétaire général du CC du PCC a prononcé une allocution aussi brève que précise tout au nom de la nouvelle équipe de direction. Ce que nous devrons faire, c’est de bien comprendre, étudier et matérialiser l’esprit du Congrès, et d’accomplir les tâches et les objectifs fixés par cette réunion.
Fang Xiaojun : La Chine est déterminée à poursuivre la voie du développement pacifique et à appliquer la politique d’indépendance et de paix. Pouvez-vous nous expliquer le « développement pacifique » ?
Huang Ping : La paix et le développement restent les thèmes majeurs de notre époque. Deng Xiaoping a indiqué que nous nous trouvons dans une ère de paix et de développement. Je pense qu’il n’y aura pas de guerre mondiale, parce que les peuples du monde recherchent la paix et le développement. Bien qu’il existe encore des contradictions et des conflits, tels que l’écart entre le Nord et le Sud et entre les riches et les pauvres, la différence entre les régimes sociaux etc, ces problèmes peuvent être résolus à travers la voie pacifique et le développement. La voie du développement pacifique est la continuation de la voie du socialisme chinois.
Le 18e Congrès du PCC n’est pas le premier à annoncer la voie du développement pacifique, mais il a souligné une fois de plus la ligne politique extérieure d’indépendance et de paix de la Chine. Premièrement, nous ne cédons à aucune pression extérieure, ni nous laissons contrôlés par aucune grande puissance. Nous déterminons notre politique extérieure selon les intérêts, la nature ainsi que la position de notre pays. Deuxièmement, nous appliquerons une ligne politique extérieure d’indépendance et de paix, nous n’envahirons jamais les autres, nous ne nous livrons jamais à l’expansion ni prétendrons à l’hégémonie. Pour résoudre les conflits avec d’autres pays, nous préconisons les voies de la paix , des négociations, des communications et des dialogues, nous nous opposons au recours à la force, à la loi de la jungle et au jeu à somme nulle. Le rapport du 18e Congrès a clairement indiqué que la politique du plus fort ne favorise pas la coexistence de l’humanité, et que le bellicisme n’est bon qu’à apporter malheur dans notre monde.
Fang Xiaojun : Quelle est la relation entre la voie du développement pacifique et celle du socialisme chinois ?
Huang Ping : La voie du socialisme chinois est un ensemble qui comporte la voie du développement pacifique. La voie du socialisme chinois ainsi que sa théorie et son régime constituent le socialisme chinois. A l’intérieur, nous nous efforçons de construire une société de moyenne aisance et de réaliser le grand renouveau de la nation chinoise ; à l’extérieur, nous appliquons une politique d’indépendance et de paix et suivons la voie du développement pacifique. Le peuple chinois a beaucoup souffert de l’invasion, de l’exploitation et de l’humiliation aux temps modernes. Depuis que le Parti communiste chinois a fondé la nouvelle Chine avec le peuple, nous poursuivons toujours une politique d’indépendance et de paix. Après la mise en oeuvre de la politique de réforme et d’ouverture, la voie du développement pacifique qui fait partie de la voie du socialisme chinois est devenue plus claire. Au lieu de se développer par le pillage, la colonisation et l’invasion comme les Occidentaux, les caractéristiques de notre époque, de notre régime social et de nos valeurs essentielles nous mettent dans l’obligation de poursuivre la voie du socialisme chinois et celle de développement pacifique. Par conséquent, si nous voulons, à l’intérieur, maintenir la position primordiale du peuple, libérer et développer les forces productives sociales, poursuivre la réforme et l’ouverture, préserver l’équité et la justice sociales, suivre la voie de l’enrichissement commun et promouvoir l’harmonie sociale, nous devons également assurer un développement pacifique à l’extérieur. La voie du développement pacifique n’est pas une voie sans principe. Puisque nous nous en tenons au développement pacifique, nous devons nous opposer au recours à la force ou aux menaces sous le moindre prétexte, à toute tentative de renverser un régime légal, au terrorisme, à l’hégémonisme et à la politique du plus fort sous toute forme.
Fang Xiaojun : Le rapport du 18e Congrès a annoncé que nous améliorerons et développerons les relations avec les pays développés afin de mettre en place un nouveau type de relations durables, stables et saines entre les grands pays. Pendant cette réunion, « l’avenir de la Chine » est le point de mire des journalistes étrangers. Un des points centraux est l’orientation future des relations sino-américaines. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Huang Ping : Il y avait une hypothèse en matière des relations internationales, selon laquelle l’émergence d’une nouvelle puissance représente une menace pour les grands pays existants, et entraînera la compétition, le conflit et même la guerre. En réalité, cette hypothèse est basée sur la loi de la jungle en supposant que le monde fonctionne conformément à cette loi, d’où vient le jeu à somme nulle, les guerres froide ou chaude. Mais prenant en considération les conditions réelles de la Chine, les exigences de notre temps, les tendances du développement mondial et les objectifs communs de l’humanité, nous ne suivrons jamais les chemins parcourus par le Portugal, l’Espagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux dans les quelques cents dernières années. Pendant cette période, monde était dominé par l’Occident ; les pillages, les colonisations, les invasions et les guerres étaient partout ; le développement du monde était basé sur les conflits et les compétitions cruels. La Chine pratiquait le socialisme depuis plus de soixante ans et appliquait la politique de la réforme et l’ouverture depuis trente ans. Bien que nous ayons connu un développement rapide, nous persistons toujours dans la voie de développement pacifique. La Chine est de plus en plus forte et se développe rapidement sur une grande échelle. Cela attire beaucoup d’attention, mais aussi beaucoup d’inquiétudes, de doutes, de préjugés, de malentendus ou de soucis. Mais si nous ne nous développions pas, nous serions dédaignés voire ignorés. Le développement chinois doit démontrer ce qu’il cherche et ce qu’il réajuste. Nous devons exprimer clairement par les paroles et les actes ce qu’on va maintenir inébranlablement, ce qu’on va développer en l’adaptant à la marche du temps, ainsi que ce qu’on va réajuster selon le besoin objectif.
Les Etats-Unis sont le leader des pays occidentaux et le plus fort dans les domaines éconmique, politique, militaire, scientifique et technologique, éducatif, culturel etc. La Chine demeure le plus grand pays en développement du monde, mais aussi le pays qui se développe le plus rapidement.On peut dire que le chemin de la Chine est un problème qui concerne non seulement les chinois, mais aussi le monde. La Chine reste toujours un pays socialiste en voie de développement, elle se trouve encore au stade primaire du socialisme. Mais aux Etats-Unis, certains s’inquiètent de l’émergence de la Chine, ils regardent la Chine dans une option vieillie et avec la mentalité de guerre froide, et prennent la Chine pour leur ennemi qui n’est qu’en compétition avec eux. Cependant, nous avons déjà proposé de mettre en place un nouveau type de relations avec les pays développés, y compris les Etats-Unis, pour régler de façon appropriée les différends et élargir les créneaux de coopération. Nous ne faisons pas le jeu à somme nulle ni croyons à la loi de la jungle. Il existe des différends et contradictions dans les relations économique et commerciale sino-américaines, par exemple, le taux de change du RMB est un sujet brûlant pour les presses américaines, mais nous préconisons la résolution par la voie de coopération bénéfique réciproque, et non par le conflit. Quant à la valeur culturelle et à l’idéologie, nous sommes vraiment différents, parce qu’il s’agit de deux civilisations et de deux cultures. Notre culture a une longue histoire et nous nous en tenons au système des valeurs socialistes. Tandis que les Américains pensent que leur culture est la meilleure. Dans ce cas, nous ne pouvons pas nous imposer aux Américains et vice-versa. Sur le plan culturel, nous préconisons les dialogues et la communication entre les civilisations afin de promouvoir la compréhension. Sur le plan militaire, nous nous opposons au bellicisme et à la politique du plus fort.
Le nouveau type de relations entre les grands pays signifie une relation pacifique, coopérative et mutuellement bénéfique. Les relations sino-américaines ne pourront pas se développer sur la base du jeu à somme nulle qui a déterminé les relations entre les grands pays pendant plusieurs siècles.
Bien sûr, le nouveau type de relations entre les grands pays ne comprend pas seulement les relations sino-américaines. Mais les Etats-Unis en tant que le plus grand pays développé et la Chine, en tant que le plus grand pays en développement, s’ils peuvent établir un nouveau type de relations sino-américaines, ce sera un bon exemple pour la Chine dans ses relations avec les autres grandes puissances et pour régler les problèmes de paix, de coopération et de bénéfice mutuel dans le monde. En outre, cela constitue objectivement un pas clé pour la Chine dans la stabilisation des relations avec les pays voisins et les grandes puissances. Face à la mondialisation, l’informatisation et la diversité culturelle, nous devons rendre compte que les époques de jeu à somme nulle et du bellicisme se sont passées. Basé sur une analyse calme, objective et réaliste, cette conviction n’est pas seulement une bonne volonté. La voie de paix, de coopération, de bénéfice mutuel, c’est notre idéal, mais c’est également le résultat d’une analyse réaliste, nous n’avons pas d’autres voies à suivre.
Fang Xiaojun : Tout à l’heure, vous avez parlé de la culture, maintenant, nous encourageons que la culture « sorte du pays ». Quels sont les moyens pour le faire ?
Huang Ping : La prospérité et le développement culturels sont liés avec le progrès général de la société. Il n’existe pas de société qui dispose seulement des développements économique et social mais sans la prospérité culturelle, pourtant, celle-ci est basée sur les progès économique et social. C’est pourquoi le gouvernement chinois a lancé le mot d’ordre de l’édification de la civilisation sur les plans matériel et spirituel, et actuellement il a défini une politique de développement et de prospérité culturels. Cela va de pair avec la promotion de la puissance économique et le développement social ordonné et durable de la Chine. L’édification culturelle est nécessaire pour le développement scientifique. Bien sûr, la prospérité culturelle comporte aussi la communication et l’échange avec l’extérieur ainsi que la compréhension mutuelle. L’histoire des Etats-Unis est relativement courte, mais les Américains se croient avoir une culture supérieure. La culture chinoise est la seule civilisation antique sans interruption et se dirige vers une culture florissante. Comment une culture « supérieure » peut-elle communiquer, dialoguer et se mettre en harmonie avec une culture de longue date ? Nous ne devons pas imposer notre idéologie aux autres, mais il existe vraiment une conception des valeurs qui peut être partagée entre l’humanité dans la culture chinoise, surtout dans la culture socialiste, par exemple, les conceptions de paix et de coopération, l’idée de négociation pour résoudre les contradictions et les conflits. Ces valeurs doivent être partagées, elles ne sont pas seulement des sujets de spectacles, mais des éléments intrinsèques de la communication culturelle.
La culture chinoise, comment la faire sortir ou comment la faire partager avec toute l’humanité ? Nous sommes tolérants et il nous faut renforcer l’ouverture et le développement de la Chine, étudier et assimiler les cultures et les héritages civilisés de toute l’humanité. Par-contre, la culture chinoise occupe naturellement une place dans la diversité culturelle. La communication et le dialogue nécessitent des investissements et des techniques linguistique et méthodique etc. Dans l’ère d’information, il faut choisir les moyens appropriés pour diffuser la culture. Comment faire pour que les autres cultures et peuples puissent comprendre et respecter les contributions de la culture chinoise à la civilisation humaine ? C’est une tâche très importante. Le développement économique de la Chine a apporté une grande contribution au monde, la culture chinoise pourra certainement rendre de grands services pour construire un monde tolérant, pacifique et coopératif. Les finances, les techniques et les ressources humaines sont sans aucun doute nécessaires, mais le plus important est de nous faire comprendre par le monde extérieur. Rendre le monde plus tolérant et plus ouvert, permettre à tous les pays d’être bénéficiaires sur le plan culturel, c’est une tâche essentielle pour la Chine dans l’édification d’une société de moyenne aisance.
Fang Xiaojun : Vous venez de mentionner que la culture doit bien jouer son rôle dans l’édification de la société de moyenne aisance. Alors elle doit aussi jouer un rôle important dans le développement pacifique ?
Huang Ping : Oui bien sûr, sans le soutien de la culture, la voie du développement pacifique pourrait être considéré comme une phraséologie diplomatique, voire une technique ou une astuce. Pourquoi certaines gens ne comprennent pas la raison pour laquelle nous recherchons la paix, la coopération et le bénéfice mutuel ? C’est à cause des raisons culturelles. La culture chinoise est dans sa nature, à la fois tolérante et variée, et la diversité culturelle constitue sa caractéristique essentielle.
Fang Xiaojun : Merci beaucoup.
Traduit par Lu Xue
Edité par Lu Xue
Selon moi, il s’agit du concept de « réforme dans la stabilité ». À travers le processus historique de réforme...【PLUS】
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