L'affaire Leonarda, reflet des difficultés de la société française d'aujourd'hui
2013-11-12 17:09:00
le Quotidien du Peuple en ligne
Ren Yaqiu

Dans son roman Notre-Dame de Paris, le célèbre écrivain français Victor Hugo décrit le personnage d'une bohémienne belle, gentille, honnête et courageuse. Elle a 16 ans et elle s'appelle Esméralda. Par le biais de la peinture qu'il fait de son personnage, Hugo exprime sa sympathie aux Roms, connus à l'époque sous le nom de bohémiens ou de gitans, reflétant toute la grandeur d'âme de l'écrivain. Mais tout récemment une jeune Rom à peine âgée de 15 ans, Leonarda Dibrani a été interpellée par la police française devant ses camarades de classe, et expulsée vers le Kosovo. Sa famille a également été expulsée. Cette affaire a conduit les étudiants français du secondaire à manifester. Ils sont descendus dans la rue pour protester contre cet acte des autorités, et demandant la démission du Ministre de l'intérieur Manuel Valls.

Sous la pression, le président français François Hollande est intervenu personnellement le 19 octobre dernier, proposant le retour de Leonarda en France, mais seule. Cependant, cette approche non seulement n'a pas réussi à éteindre les critiques du public dans cette affaire, mais encore a suscité davantage de controverses, et même secoué l'ensemble de la classe politique.

Une partie de la gauche pense que toute la famille Dibrani devrait être autorisée à revenir en France, alors qu'à droite, on accuse François Hollande de n'avoir pas respecté la loi, et d'avoir agi sous le coup de l'émotion. Résultat, le Président français n'a satisfait personne.

A l'évidence, dans cette histoire, la police française n'a pas témoigné d'une grande élégance. Certes, le Ministère français de l'intérieur a avancé de solides raisons pour justifier le refus d'accorder l'asile aux parents de Leonarda : son père, Resat Dibrani, refusait de travailler, se livrant même à des larcins et frappant ses enfants, et parlant à peine français, rendant son intégration dans la société française difficile. Mais qu'est-ce que cela a à voir avec Leonarda ? La jeune fille était inscrite à l'école, elle avait de bonnes relations avec ses camarades et elle s'exprime très bien en français. Quelle faute a-t-elle commise ?

Les Roms sont un peuple qui n'a pas de domicile fixe, et qui aime mener une vie d'errance. Ils se montent assez rétifs aux autres cultures et au changement. La plupart vivent en Europe, certains se sont déjà sédentarisés, et c'est la plus grande minorité ethnique du Vieux Continent. Sur le plan historique, tout comme les Juifs, ils ont été victimes des persécutions raciales de l'Allemagne Nazie, et près de 400 000 d'entre eux sont morts dans les camps d'extermination nazis. La France, patrie d'Hugo, devrait accorder davantage d'attention et d'aide à un peuple comme celui-là, mais ce n'est pas le cas.

A l'été 2010 déjà, au nom de l'amélioration de l'ordre social, la France avait recouru à la force publique pour expulser près d'un millier de Roms, s'attirant de sévères critiques de son opinion publique et de l'Union Européenne. Malgré tout, et encore jusqu'à aujourd'hui, ces expulsions se poursuivent, et la situation des Roms en France s'aggrave. Ils sont pourchassés par la police, et dans certains campements, la vie et les conditions sanitaires sont mauvaises, ce qui cause aussi le mécontentement du voisinage.

Cet incident montre que la France d'aujourd'hui, qui fait face à une situation économique et sociale difficile, n'a pas encore réussi à dissiper l'ombre de la crise économique. Qu'on y songe : quand même de nombreux ressortissants français sont dans l'incapacité de trouver du travail, comment des occasions d'emploi pourraient-elles être offertes à des personnes sans statut légal, et les intégrer dans la société française ? Et face à la détérioration de la situation en matière de sécurité, il est d'autant plus facile de faire de Roms errants de ci de là la première cible de reproches.

Les critiques adressées à Manuel Valls, le Ministre de l'Intérieur, ne l'ont pas pour autant conduit à revenir sur sa ligne dure en matière de politique d'immigration. Il a dit qu'il allait rapidement proposer une réforme du droit d'asile, afin de réduire le délai de traitement des demandes, qui est actuellement de 16 mois environ, à 6-9 mois. De son côté, Jean-François Copé, président de l'UMP, parti de droite, a demandé une modification du droit de la nationalité, qui repose actuellement en France sur le droit du sol. De son point de vue, les enfants étrangers nés sur le territoire français de parents étrangers ne devraient pas pouvoir obtenir la nationalité française tant que leurs parents ne sont pas en situation légale.

Loin de moi l'idée de dire si la politique d'immigration française est bonne ou pas, mais j'espère que le Gouvernement français ne fera pas porter la responsabilité des problèmes intérieurs qui surgissent sur la tête des immigrés ; après tout, dans le passé, les immigrés ont apporté de grandes contributions au développement social et économique de la France, et ce sera encore le cas dans l'avenir. Au contraire, le Gouvernement français devrait prendre conscience de la montée des forces d'extrême-droite, et ne pas laisser la xénophobie et le populisme interférer dans la revitalisation et le développement du pays.

*REN Yaqiu est rédacteur-traducteur de l'agence de presse Xinhua.

 

 

 

 

 

 

 

 

Edité par  Yao Xiaodan
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