Le 17 février 2013, Xi Jinping,
secrétaire général du Comité central du PCC, a rencontré au Grand Palais du
Peuple à Beijing, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de
l'Union africaine. Selon Xi Jinping, la Chine soutient le développement
autonome et l'union des pays africains, ainsi que leur recherche d'une voie
adaptée à la situation africaine. Le développement africain représente une
opportunité pour la Chine, et celui de la Chine est aussi une chance pour
l'Afrique. Le développement commun des deux parties revêt une grande importance
pour renforcer la puissance globale des pays en développement et promouvoir la
démocratisation des relations internationales. Mme Zuma a souligné que la Chine
est un important partenaire stratégique dans la modernisation et le
développement durable de l'Afrique, et que les pays africains souhaitent
s'inspirer des expériences réussies du développement chinois et renforcer les
échanges et la coopération dans des domaines tels que la planification du
développement, l'agriculture, l'industrie manufacturière, les sciences et
techniques, les infrastructures ainsi que la formation des ressources humaines,
en maintenant une communication et une coordination étroites sur les questions
régionales et internationales de premier plan.
He Wenping, directrice du Bureau
de l'Afrique à l'Institut de l'Asie de l'Ouest et de l'Afrique relevant de
l'Académie des sciences sociales de Chine, pense que cette entrevue a transmis
un message clair et explicite : « La Chine accorde, comme d'habitude, de
l'importance au maintien de ses relations avec l'Afrique. Apprécier le
développement des relations sino-africaines a toujours été un aspect important
de la politique diplomatique chinoise. »
Xi Jinping, à titre de président
chinois, a participé, à la fin du mois de mars, au 5e sommet des BRICS. Cela
montre que la Chine continue à attacher de l'importance à l'Afrique, au
développement des relations sino-africaines et au renforcement des relations
avec les pays en développement.
Le
Forum sur la coopération sino-africaine : un mécanisme efficace
Selon He Wenping, dans cette
nouvelle ère, le développement des relations sino-africaines s'est étendu à de
nouveaux secteurs. Dans les années 1960 et 1970, les relations amicales
sino-africaines se sont traduites dans le domaine politique, alors que dans les
années 1980, elles se sont concrétisées par des coopérations dans le domaine
économique. Depuis l'établissement du mécanisme du Forum sur la coopération
sino-africaine en 2000, en plus des domaines traditionnels tels que la politique
et l'économie, la collaboration et les échanges entre la Chine et l'Afrique ont
été renforcés en matière de sécurité nationale, de culture, d'éducation, de
formation des ressources humaines, de syndicats, et de politiques bénéficiant
aux jeunes et aux femmes. « En tant que mécanisme de coopération, le Forum sur
la coopération sino-africaine lance tous les trois ans un projet de
coopération, pour lequel les Etats jouent le rôle principal. Cette action a
donné une impulsion vigoureuse au développement des relations sino-africaines
», observe Mme He.
Selon elle, depuis la mise en
œuvre du Forum, la Chine et l'Afrique ont réalisé de grands progrès dans
l'établissement et le développement d'un nouveau partenariat stratégique,
caractérisé par l'égalité et la confiance politique, la coopération économique
mutuellement bénéfique, les échanges culturels dont les deux parties peuvent
tirer profit réciproquement, le renforcement des échanges et des consultations
sur la sécurité, ainsi que la coopération étroite sur les affaires
internationales. Le Forum sur la coopération sino-africaine prouve, à travers
sa pratique et ses actions durant une décennie, qu'il n'est pas un club de
paroles creuses, mais une plate-forme efficace qui permet à la Chine et aux
pays africains de mener un dialogue collectif, d'échanger des expériences, de
renforcer leur confiance mutuelle et d'entreprendre une coopération pratique.
Le Forum est déjà devenu un symbole important dans les relations
sino-africaines et dans la diplomatie chinoise multilatérale. Sur le plan
économique, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique, qui
était de 10 milliards de dollars en 2000, a dépassé les 200 milliards en 2012.
Les investissements chinois en Afrique ont atteint 14,74 milliards de dollars,
soit vingt fois plus qu'en 2003. Si l'on y ajoute ceux qui arrivent via des
pays tiers, les investissements chinois totalisent plus de 40 milliards de
dollars. L'Afrique est, en outre, le deuxième marché de travaux contractés par
la Chine. Le nombre d'expatriés chinois atteint près d'un million de personnes
en Afrique. Plus de 2 000 entreprises chinoises se sont implantées sur le
continent.
D'après He Wenping, les mesures
décidées à chaque édition de ce Forum en faveur du développement des relations sino-africaines
montrent bien la continuité et la créativité de la politique chinoise envers
l'Afrique. Par exemple, le 1er Forum a accordé la priorité à l'exemption et la
réduction du remboursement des dettes africaines. En 2006, le Sommet de Beijing
a avancé huit mesures de coopération visant la réduction des dettes africaines,
la promotion des investissements et une aide à la population, portant ainsi les
relations bilatérales vers un nouveau palier. En 2009, le 4e Forum a lancé à
son tour huit nouvelles mesures pour répondre aux attentes de la communauté
internationale et des pays africains en matière de protection de
l'environnement, d'énergies propres, de coopération scientifique et technique
et de financement des petites et moyennes entreprises, tout en continuant à
accorder et renforcer des mesures de soutien dans les domaines traditionnels.
Ces mesures ont été saluées par
les pays africains. Selon Mme He, les initiatives lancées en 2006 visaient à
créer des zones de coopération économique et commerciale en Afrique. L'objectif
était d'établir cinq zones. Aujourd'hui, on en compte déjà sept. D'autres pays
africains ont présenté à la Chine une demande d'ouverture de nouvelles zones.
Par ailleurs, certaines dispositions, telles que l'octroi de prêts aux petites
et moyennes entreprises et l'ouverture du marché chinois aux produits
africains, ont été accueillies chaleureusement par les pays africains.
Les
pays africains s'avèrent plus pragmatiques
Les relations amicales
sino-africaines sont passées de la simple aide, accordée par la Chine aux pays
africains, à un mode de coopération mutuellement bénéfique. Selon He Wenping,
cette transformation correspond au développement de la situation mondiale. «
Lorsque la Chine accordait son soutien aux pays africains, ceux-ci venaient de
proclamer leur indépendance et manquaient de toutes sortes de ressources pour
développer leur économie. C'est ainsi que l'aide chinoise fut considérée comme
nécessaire, que ce soit au niveau politique ou économique, pour consolider
l'indépendance politique des pays africains qui leur coûtait très cher »,
explique-t-elle. Pourtant, avec le développement africain, ce mode de
dépendance envers l'assistance chinoise ne pouvait pas durer. L'Afrique a lancé
un appel, résumé par le slogan : « Commerce et investissement, oui ! Charité,
non ! »
Mme He pense que la
transformation du mode de coopération sino-africaine s'adapte aux besoins et à
la voie du développement africain. « Le commerce et les investissements
permettent la formation de professionnels de gestion et de techniciens locaux,
stimulent et encouragent les éléments internes du développement économique
africain », observe Mme He.
A présent, les dirigeants des
pays africains qui avaient connu le mouvement de l'indépendance et renoué de
bonnes relations avec la Chine se sont retirés de la scène historique. Parmi
les nouveaux dirigeants africains, beaucoup partagent la même vision de la
démocratie, de la liberté et des droits de l'homme que les Occidentaux.
Certains ont même été éduqués en Occident. Cela n'a pas constitué un obstacle
insurmontable. « Les faits prouvent que la Chine peut maintenir de bonnes
relations avec les nouveaux dirigeants africains, constate He Wenping. En dépit
de la différence de leurs expériences et de leur éducation, ces leaders ont la
même vocation de faire progresser le développement de leur pays. à ce sujet, la
Chine possède beaucoup d'expériences dont ils peuvent tirer profit, et applique
de nombreux programmes d'aide aux pays africains. Les pays occidentaux sont
incapables de faire la même chose. » De retour chez eux, certains dirigeants
africains, qui ont étudié ou travaillé en Occident, découvrent qu'ils
rencontrent bien des difficultés dans la pratique après avoir adopté à la
lettre le modèle de la démocratie occidentale. Le développement africain se
trouvant dans un état moins avancé et les conditions y étant insuffisantes pour
pratiquer la démocratie, ces dirigeants commencent à chercher un modèle approprié
à l'essor de leur pays. Cette recherche a abouti à une vague d'« alignement sur
l'Orient » pour tirer la leçon des expériences chinoises. Cette tendance peut
constituer une nouvelle opportunité de développement pour les relations
sino-africaines.
L'Afrique
est intégrée dans le système du groupe BRICS
Mme He rappelle que 2013 est
l'année de lancement du nouveau projet sur trois ans décidé lors de la 5e
Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine. La Chine a
connu une transition de pouvoir. Le premier voyage officiel à l'étranger qu'a
effectué le président Xi Jinping était pour participer au sommet des BRICS
organisé en Afrique du Sud. Cette visite a attiré l'attention du monde entier.
« Le groupe BRICS, que l'Afrique du Sud vient de rejoindre, est une plate-forme
pour les pays émergents. Grâce à l'adhésion de ce pays, le groupe s'étend sur
cinq continents et l'Afrique entière se retrouve intégrée dans ce système. Ce
déplacement revêtait ainsi une importance particulière », résume Mme He.
Il faut indiquer néanmoins qu'il
existe des problèmes dans le développement des relations sino-africaines, tels
que des différends commerciaux et des litiges entre les entreprises chinoises
et les habitants locaux. « Ces frictions commerciales se sont produites
uniquement entre la Chine et les pays africains exportant les mêmes produits
que la Chine. Par exemple, la question des produits textiles avait fait grand
bruit il y a quelques années », observe Mme He. La Chine est un gros producteur
de textile. Certains pays africains, tels que le Lesotho, le Malawi, et même
l'Afrique du Sud, comptent eux aussi un grand nombre d'entreprises textiles.
Par rapport aux produits chinois, leur compétitivité est faible. Selon Mme He,
la Chine est déjà consciente de ces litiges commerciaux et a pris certaines
mesures. Par exemple, il y a six ou sept ans, la Chine a imposé des limites à
son industrie textile pour réduire les exportations vers des pays africains
comme l'Afrique du Sud, bien que ces exportations n'aient enfreint aucun
règlement international. « Certains chercheurs sud-africains m'ont pourtant
appris que l'industrie textile de ces pays n'avait pas tiré profit de la
réduction des textiles chinois. Au contraire, les produits venant du Vietnam et
de la Malaisie avaient comblé le vide laissé par les produits chinois », ajoute
Mme He. « L'Afrique a plutôt besoin de réajuster son économie et d'élever sa
compétitivité. »
Parallèlement, les relations
étroites entre la Chine et l'Afrique ont suscité un malentendu et des critiques
de la part de l'Occident. « Les pays occidentaux pensent que l'influence
chinoise croissante nuit à leurs intérêts, explique Mme He. Ils pensent
toujours que l'Afrique est leur fief. » Selon elle, la Chine souligne toujours
que les relations sino-africaines ne sont pas exclusives. La Chine souhaite que
l'Afrique se développe, car cette situation profitera non seulement à la Chine,
mais aussi à d'autres pays présents sur le continent. Malheureusement, les
médias occidentaux préfèrent exagérer les malentendus entre la Chine et
l'Afrique, laissant de côté les éléments positifs et diffusant l'assertion de
la menace chinoise, afin de semer la discorde.
Mme He indique qu'il faut prêter
attention à diverses questions pour promouvoir les relations entre la Chine et
l'Afrique. Bien que les dirigeants de haut rang souhaitent des liens
sino-africains amicaux et que le Forum soit un mécanisme de garantie, les
entreprises chinoises sont les acteurs principaux qui se chargent d'appliquer
les mesures adoptées. Dans leurs activités, elles doivent respecter les lois
locales et remplir leurs obligations sociales pour faire progresser le
développement sain et stable des relations sino-africaines.
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