Un nouveau départ pour la coopération sino-africaine
2013-01-12 17:33:10
La Chine au présent
He Wenping (Académie des Sciences sociale de Chine)
Les échanges entre la Chine et l'Afrique ne cessent d'augmenter ces dernières années. Ces liens amicaux sont un exemple dans le cadre de la coopération Sud-Sud.

Depuis une dizaine d'années, de plus en plus de Chinois partent travailler en Afrique et leur nombre atteint aujourd'hui près d'un million. Plus de 2 000 sociétés chinoises entreprennent des activités économiques et commerciales en Afrique. Dans le même temps, Guangzhou, la capitale de la province du Guangdong, accueille près de 200 000 Africains et ce chiffre augmente à un rythme annuel de 30 à 40 %.

Au cours de la dernière décennie, le commerce extérieur entre la Chine et l'Afrique a crû en moyenne de 35 % par an. Le volume des échanges commerciaux est passé de 10 milliards en 2000 à 160 milliards de dollars en 2011. En 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique, dépassant les états-Unis. L'Afrique est devenue le deuxième marché de travaux sous contrat et la quatrième destination des investissements chinois. L'ancien vice-ministre chinois du Commerce, Sun Guangxiang, a indiqué lors de la troisième conférence de la table ronde sur la coopération sino-africaine que le volume du commerce extérieur entre la Chine et l'Afrique dépassera les 200 milliards de dollars américains en 2012.

Cette année-là, les relations sino-africaines ont été marquées par deux événements. Le premier a eu lieu au début de l'année, lorsque Jia Qinglin, président du Comité national (CN) de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) a effectué une visite en éthiopie. Lors de ce voyage, il a officiellement remis à l'Union africaine les clefs du Centre de conférences, construit avec l'aide chinoise. Le second événement correspond à la 5e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine, qui s'est déroulée avec succès du 19 au 20 juillet 2012 à Beijing. Cette conférence a permis d'élaborer un plan d'orientation relatif à la coopération sino-africaine pour les trois ans à venir. La coopération sino-africaine connaîtra alors un nouvel essor.

Le Centre de conférences de l'Union africaine, un nouveau jalon de l'amitié sino-africaine

Du 27 au 29 janvier 2012, Jia Qinglin, à la tête d'une délégation chinoise, s'est rendu à Addis Abeba pour participer tout d'abord au 18e Sommet de l'Union africaine, puis pour effectuer une visite amicale officielle en éthiopie. Cette délégation chinoise est la plus importante qui ait participé aux sommets de l'Union africaine jusqu'à présent ; son chef, Jia Qinglin, a assisté également à la cérémonie d'inauguration du Centre de conférences, remettant officiellement ce bâtiment à l'Union africaine.

Le Centre de conférences de l'Union africaine faisait partie de la liste des projets financés par l'aide chinoise, liste annoncée par le président Hu Jintao lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine, qui s'est tenu en 2006. Le projet a été amorcé en juin 2009 après une série de préparatifs, comprenant des études de sol, de conception et le lancement d'un appel d'offres. Il s'agit du plus vaste projet d'aide construit en Afrique par la Chine après le chemin de fer Tanzanie-Zambie. La Chine y a investi au total 800 millions de yuans, l'équivalent de 123,7 millions de dollars. L'achèvement et la mise en service du Centre de conférences permettront de faciliter le futur travail de l'Union africaine, qui n'aura plus besoin de louer des salles appartenant à d'autres organisations pour y tenir ses sommets. La réalisation de ce projet incarne par ailleurs le soutien ferme et la confiance de la Chine envers le processus d'intégration de l'Afrique. C'est en ce sens que ce centre est considéré comme un nouveau jalon dans l'histoire des échanges sino-africains.

L'année dernière, l'Afrique a subi des changements complexes et profonds, comme notamment les conflits intérieurs en Côte d'Ivoire, la proclamation de l'indépendance du Soudan du Sud et l'agitation en Afrique du Nord. L'Union africaine a multiplié les efforts pour faire face à cette crise et relever les défis y afférents. Cependant, en raison de l'ingérence de l'Occident dans ses conflits et des limites des ressources et capacité de l'Union africaine, celle-ci n'a pas réussi à résoudre ces problèmes intérieurs par ses propres moyens, risquant même d'être marginalisée.

La Chine soutient toujours les efforts de l'Union africaine dans la résolution de sa crise. Elle considère le renforcement des relations avec l'Union africaine comme un pas important vers la construction d'un nouveau partenariat stratégique entre la Chine et l'Afrique. Ces dernières années, en plus du Centre de conférences, la Chine a fourni un million de dollars à l'Union africaine en 2006, afin de soutenir les activités pour le maintien de la paix au Darfour. Elle lui a donné en 2010 des équipements pour les activités de maintien de la paix en Somalie et en 2011, deux aides d'un montant de 900 000 et de 600 000 dollars, afin de renforcer les capacités de l'Union africaine et de soutenir les activités de maintien de la paix en Somalie. Lors du sommet de l'Union africaine, Jia Qinglin, a annoncé que le gouvernement chinois accorderait à l'Union africaine une aide s'élevant à 600 millions de yuans sur les trois ans à venir, annonce qui fut très bien accueillie par l'Union africaine et les pays africains.

La 5e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine : un nouveau départ pour la coopération sino-africaine

Du 19 au 20 juillet 2012, la 5e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine s'est tenue avec succès à Beijing. Lors de cette rencontre, les membres participants ont évalué la mise en application des actions décidées lors de la 4e Conférence ministérielle de ce Forum. De plus, la Déclaration de la 5e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine à Beijing et le Plan d'action (de 2013 à 2015) de la 5e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine ont été examinés et adoptés.

Lors de la cérémonie d'ouverture du Forum, le 19 juillet dernier, le président Hu Jintao, représentant le gouvernement chinois, a annoncé les nouvelles mesures de coopération sino-africaine pour les trois ans à venir touchant cinq domaines : l'investissement, l'aide sociale à la population, l'intégration africaine, les échanges non gouvernementaux ainsi que la paix et la sécurité. Ces nouvelles mesures qui concernent divers secteurs accordent la priorité à la vie des populations africaines, à l'emploi et à la construction d'infrastructures transrégionales et transnationales, orientant ainsi la coopération sino-africaine.

« Porter plus d'attention à la vie des populations » et « promouvoir l'emploi » sont les deux expressions qui ont été les plus utilisées lors de ces discussions et ces objectifs représentent désormais une part importante des documents du Forum. Dans son annonce des cinq domaines importants de la coopération sino-africaine, le président Hu Jintao a précisé que « la Chine continuera d'augmenter l'aide accordée à l'Afrique pour que les populations africaines profitent des fruits du développement chinois ». Chen Deming, ministre chinois du Commerce, a également indiqué que la Chine élargirait la coopération sino-africaine dans le domaine des investissements, en transmettant les industries chinoises concurenntielles en Afrique, afin de créer plus d'emplois.

L'Afrique est considérée comme le continent « le plus jeune ». Selon le Rapport 2011 sur les jeunes africains, publié en avril dernier par la Commission économique pour l'Afrique de l'ONU, 35 % de la population africaine est composée de jeunes, agés entre 15 et 35 ans. Le chômage des jeunes est une entrave au développement économique en Afrique. Selon les premières statistiques, le taux de chômage des jeunes subsahariens représente 11 %, alors qu'en Afrique du Nord, ce chiffre atteint presque les 24 %. Le taux de chômage élevé chez les jeunes constitue non seulement un obstacle au développement économique, mais lance également un défi à la stabilité sociale et politique en Afrique.

Aider les Africains à résoudre ce problème de l'emploi et se soucier de la vie des populations africaines ne sont pas uniquement des attentes des pays africains ; ces missions restent également prioritaires au cœur des politiques chinoises envers l'Afrique. Ces trois dernières années, le montant de l'aide chinoise a doublé et s'intéresse principalement à la vie du peuple, à l'élimination de la pauvreté, à la réduction et à la prévention des catastrophes naturelles, ainsi qu'à la constitution d'une Afrique puissante. La Chine a construit en Afrique des écoles, des hôpitaux, des routes, des ponts, des installations de distribution d'eau. Elle y a envoyé des experts en technologies agricoles et des équipes médicales. Elle a formé 40 000 professionnels dans divers secteurs. La Chine a également fourni en urgence des céréales pour les pays de la Corne de l'Afrique, souffrant de la famine. Elle y a établi des centres agricoles pilotes et près de 100 projets d'énergies propres pour aider l'Afrique à faire face à la sécurité alimentaire et aux changements climatiques. La zone de coopération économique et commerciale en Zambie, la première en Afrique qui fut mise en place par la Chine, fait figure d'exemple. Depuis sa création en février 2007, les investissements dans la construction d'infrastructures dépassent 130 millions de dollars . Le volume des ventes a atteint 4,35 milliards de dollars et la zone a versé 500 millions de dollars de bénéfices et impôts. La zone a permis de créer 12 000 emplois locaux. L'hôpital de l'Amitié sino-zambienne, le seul sur le continent à être géré par des Chinois, est devenu le deuxième hôpital le plus important en Zambie. Il fournit des soins médicaux aux employés des entreprises de la zone et accueille également les habitants locaux, améliorant ainsi grandement la qualité sanitaire de la région.

« Pour s'enrichir, il faut d'abord construire des routes. » C'est ce que les Chinois ont observé. Ils construisent alors des routes et ponts en Afrique, dans le but de jeter les bases de l'essor économique sur ce continent.

Le 5e Forum sur la coopération sino-africaine était axé sur la participation chinoise avancée dans les projets d'infrastructures. La Chine a promis d'octroyer une ligne de crédit de 20 milliards de dollars sur les trois ans à venir. Ce chiffre est deux fois plus élevé que celui de 2009. Les projets d'infrastructures ne seront plus effectués dans un cadre bilatéral, mais dans un cadre multilatéral. Cela permettra de mettre en valeur les avantages comparatifs des entreprises chinoises en matière d'infrastructures et de promouvoir l'intégration africaine par une collaboration transrégionales et transnationales. Pour l'heure, la Chine a déjà construit en Afrique plus de 2 000 km de chemins de fer, plus de 3 000 km de routes, plus de 100 écoles, plus de 60 hôpitaux. Elle a également annulé les dettes des pays africains, qui s'élevaient à plus de 20 milliards de yuans.

En matière d'investissement, jusqu'en avril 2012, les IDE chinois en Afrique ont totalisé 15,3 milliards de dollars, contre moins de 500 millions de dollars il y a dix ans. On compte en Afrique 2 000 entreprises chinoises, qui investissent dans plusieurs secteurs dont le commerce, la transformation, l'exploitation des ressources naturelles, le transport, l'agriculture et l'exploitation générale des produits agroalimentaires. Leurs projets se répartissent sur une cinquantaine de pays africains.

Un modèle de coopération Sud-Sud

Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, qui a effectué le déplacement en Chine pour participer au 5e Forum sur la coopération sino-africaine, a fait l'éloge de cette coopération sino-africaine, qu'il considère comme un modèle de coopération Sud-Sud parmi les relations internationales d'aujourd'hui. En effet, un nouveau partenariat gagnant-gagnant stratégique entre la Chine, le plus grand pays en développement, et le continent africain, qui concentre le plus de pays en voie de développement, ne peut se limiter aux simples relations bilatérales. Elle revêt une importance mondiale, en particulier dans le renforcement de la coopération Sud-Sud et l'encouragement envers les pays en développement à mener à bien une prospérité commune.

Le 5e Forum sur la coopération sino-africaine s'est déroulé au moment où les pays africains subissaient les répercussions de la crise financière internationale et où l'Afrique du Nord faisait face à des bouleversements politiques et sociaux. Depuis le milieu des années 1990, l'économie africaine se stabilisait et tendait à s'améliorer, affichant une croissance économique annuelle de près de 6 %. Pourtant, sous le joug de la crise financière qui a éclaté en 2009, le taux de croissance économique africain est redescendu pendant un certain temps sous la barre des 2 %. Profitant de la croissance énergique des économies émergentes asiatiques comme la Chine, l'économie africaine, alors bien affaiblie, a présenté des signes de reprise et a enregistré un taux de croissance de 4,6 % en 2010. Cependant, en 2011, en proie à l'agitation sociale et politique inattendue, l'Afrique du Nord a connu une croissance économique nulle, ce qui a fait tomber à 2,7 % la croissance économique moyenne de toute l'Afrique. Alors que l'Europe est empêtrée dans la crise de la dette et que la croissance aux états-Unis reste faible, l'Afrique espère renforcer les liens économiques avec les pays émergents asiatiques, afin de maintenir la croissance durable de son économie et d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés par l'ONU.

La Chine et l'Afrique se complétent et partagent leurs expériences en matière de ressources, de marchés et de technologies, pour promouvoir le développement commun et approfondir la coopération Sud-Sud. Ces dernières années en particulier, la Chine et l'Afrique redoublent d'efforts pour étendre la coopération au domaine des ressources humaines, en formant des talents et en renforçant la puissance africaine, afin de donner un nouvel élan au développement économique durable en Afrique et d'ouvrir une nouvelle voie à la coopération Sud-Sud.








Edité par Yao Xiaodan
Selon moi, il s’agit du concept de « réforme dans la stabilité ». À travers le processus historique de réforme...【PLUS】