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Partir ou rester à Beijing ou le dilemme brumeux des expatriés
2013-05-30 16:34:00
le Quotidien du Peuple en ligne

 

 La Gare de l'Ouest de Beijing, enveloppée dans un smog épais, le 6 mai 2013. [Photo / Xinhua]

Depuis cet hiver, lorsque Beijing a été enveloppé dans des niveaux de smog et de pollution qui ont battu tous les records, de nombreux résidents expatriés ont été amenés à se poser une question : faut-il rester ou vaudrait-il mieux partir ?
 
Il s’avère que cette dernière option, à en croire les articles des médias et des sources non confirmées, gagne en popularité.
 
Et qui pourrait le leur reprocher ?
 
Quand le smog a touché la capitale chinoise, les autorités sanitaires ont exhorté les enfants et les personnes âgées à rester à l'intérieur, et les ventes de masques et de purificateurs d'air ont grimpé.
 
L’environnement de vie en ville est maintenant le principal défi pour retenir les employés étrangers, plus que le salaire ou le développement de carrière, selon Adam Dunnett, Secrétaire général de la Chambre de commerce européenne en Chine, citant des recherches menées par la chambre.
 
La qualité de l'air est devenue une grande préoccupation, a-t-il dit. « Les gens partent pour toutes sortes de raisons, mais nous entendons inévitablement, presque à chaque fois, que l'un des facteurs qui y contribue est la pollution ».
 
Brenda Foster, Présidente de la Chambre de commerce américaine de Shanghai, a noté une tendance similaire. « Nous entendons de plus en plus de commentaires des membres sur l'impact négatif de la qualité de l'air sur leur capacité à attirer et retenir les meilleurs talents ».
 
Pourtant, ce n’est pas pour autant que tous les rats quittent le navire ; certains s'adaptent, tout simplement.
 
James Watson-Krips, un conseiller pédagogique américain travaillant à Beijing, a ainsi dit qu'il envisage ses activités quotidiennes en fonction des données de la qualité de l'air publiées sur le Twitter de l'ambassade des Etats-Unis.
 
« Parfois, vous perdez des occasions à cause de problèmes de santé », dit-il, mais il a souligné qu'il reste ici malgré tout. « La pollution, c’est comme un cheveu dans la soupe, mais il en faudra plus pour me faire partir. Je ne pense pas qu'il y aura un exode de la capitale, tout au moins pas dans mon cercle d'amis ».
 
M. Watson-Krips vit à Beijing depuis trois ans et prévoit de rester trois autres années encore. « Je suis venu ici pour la culture de la ville, et les possibilités de carrière y sont uniques », a-t-il dit.
 
Il n'est pas le seul dans cette situation.
 
Richard Saint-Cyr, médecin de famille et directeur du marketing clinique à l'Hôpital United Family de Beijing, dit ainsi que malgré la pollution de l'air exceptionnellement grave cet hiver et les craintes croissantes, il a l'intention de rester pendant de nombreuses années ici, même avec son fils nouveau-né.
 
L'air : une grande préoccupation pour certains dans la capitale
 
Il dit que depuis janvier, il a remarqué une augmentation des conversations avec ses patients et ses amis parlant de quitter la Chine à cause de la pollution, mais il a ajouté cela n'indiquait pas nécessairement un grand mouvement de personnes.
 
La santé et le bien-être, et un sentiment de bonheur et d'épanouissement dans la vie, tout cela est beaucoup plus complexe que la seule question de la pollution, dit le Docteur Saint Cyr, ajoutant : «Je reste à Beijing parce que ma femme et moi avons une expérience culturelle très riche et gratifiante ici et aussi parce que nos beaux-parents vivent ici ».
 
« Beijing est l'un des endroits les plus excitants du monde où l’on peut se trouver », a-t-il ajouté.

La raison principale 

Les gens vont et viennent à Beijing depuis des décennies. Il y a quelques années, cependant, cela aurait probablement signifié quitter complètement la Chine. Plus maintenant, disent les recruteurs.

Li Li, consultante senior chez Asia-Pacific Human Resources Co à Shenzhen, dans la Province du Guangdong, a ainsi déclaré que davantage d'étrangers quittent Beijing pour d'autres villes chinoises.

Des professionnels dans des domaines comme la gestion, la conception et la comptabilité sont partis vers Hong Kong, et les enseignants en langues étrangères ont déménagé à Shenzhen et Guangzhou, a-t-elle dit, citant des cas qu'elle a traités.

« La détérioration de la qualité de l'air dans la capitale en est absolument la raison principale », dit Mme Li. « Deux de mes amis étrangers à Beijing prévoient de rentrer dans leur pays d'origine à cause du smog ».

Cependant, les possibilités d'emploi émergeant dans toute la Chine, les expatriés ont désormais le choix.

Pedro Hernandez, un étudiant espagnol en informatique à l'Université Alcala à Madrid, a ainsi choisi une université dans la Province du Shandong pour ses études d’échange. Ce jeune homme âgé de 30 ans dit qu'il envisage de trouver un travail dans le développement de logiciels en Chine après l'obtention de son diplôme.

D'autres expatriés se préparent également à partir vers le Sud avant l'hiver prochain.

« Naguère, Beijing aurait été le premier ou au moins le deuxième choix pour les étrangers qui voulaient trouver un emploi en Chine », dit Yang Sha, Directrice générale d’Angelina International Placement Service à Beijing, spécialisée dans le recrutement des étrangers souhaitant enseigner les langues dans les écoles chinoises.

« Maintenant, nous nous rendons compte que Beijing n'est plus attrayante et que les étrangers préfèrent travailler dans des villes des provinces du Sud comme le Zhejiang, le Fujian et le Hunan », dit-elle.

Preston Decker, un jeune Américain âgé de 26 ans, a quitté Beijing pour le Fujian en mars, citant la qualité de l'air dans la capitale comme la principale raison.

« Après avoir vécu à Beijing pendant deux ans, j’en suis arrivé au point où je me suis demandé si cela valait vraiment la peine de vivre là-bas et de m’abîmer la santé. Pour une personne comme moi, qui n’y a aucun lien familial, la réponse est non », dit-il.

Preston Decker travaille maintenant en tant que professeur de langue anglaise à Xiamen et dit que lui et sa fiancée apprécient l'air frais et la vie là-bas.

« Je pense que c’est assez facile de se moquer de la pollution lorsque vous vous dites que vous ne resterez à Beijing que pour une courte période, mais une fois que vous commencez à penser à rester dans la ville pendant des années, le poids des conséquences possibles sur la santé commence à peser lourd », dit-il.

Oliver Twizell, un designer de 29 ans, originaire de Grande-Bretagne, envisage également de quitter Beijing en raison de préoccupations relatives à la qualité de l'air. « Je sais qu'il y a plus d'étrangers qui vont quitter Beijing pour d'autres villes en Chine cet été que les années précédentes », a-t-il dit.

Oliver Twizell dit que cela prend habituellement six mois avant que les gens ne partent ailleurs, et il pense que le mois de juillet pourrait voir un pic de déménagements d'expatriés.

Il dit qu’une énorme différence a émergé dans la communauté des expatriés quant aux conditions de vie et l'attitude envers Beijing par rapport à il y a 10 ans, avec la qualité de l'air qui est devenue la principale préoccupation.

« Tu vois plus de gens apporter des humidificateurs au travail pour rendre l'air du bureau plus respirable », a-t-il dit.

Il envisage maintenant de partir à Shanghai, où il a passé six ans avant de venir à Beijing en 2012.

Le niveau de sécurité

En janvier, un brouillard et une brume denses ont fait grimper l'indice de pollution à un niveau record. La densité en PM2.5, les particules d’une taille inférieure à 2,5 microns, capables de pénétrer dans les poumons et le flux sanguin, a dépassé de plus de 900 microgrammes par mètre cube dans plusieurs quartiers de la capitale, selon le Centre municipal de surveillance de l'environnement de Beijing.

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le niveau quotidien sans danger est de 25 microgrammes par mètre cube.

Les hôpitaux de Beijing ont signalé une augmentation du nombre de patients souffrant de problèmes respiratoires les jours où il y a une forte pollution.

Améliorer la qualité de l'air est l'une des clés pour retenir les expatriés de talent, dont la plupart travaillent dans des professions à revenus élevés tout en apportant une contribution importante au développement de la capitale et à la diversité culturelle.

Le Docteur Saint Cyr estime que le stress et l'anxiété liés au fait de se réveiller constamment tous les jours sous un ciel dangereusement gris et ne pas être en mesure d'envoyer ses enfants à l'extérieur prélèvent un lourd tribut sur la santé physique et le système immunitaire.

« J'espère désespérément que des mesures radicales pourront rapidement être prises pour améliorer cette situation. Tout le monde a besoin d'espoir et d’un rayon de soleil », a-t-il dit.

 

 

 

 

 

 

 

Edité par  Zhao Xin
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