Après avoir parcouru plus de 10.000 kilomètres en 18 jours pour traverser le continent eurasiatique, un train de fret en provenance de Wuhan, dans le centre de la Chine, est arrivé le matin du 5 mars au terminal ferroviaire de Vénissieux, au sud de Lyon, en France. Ses conteneurs renfermaient des équipements sportifs, des produits électroniques et des objets destinés à une exposition culturelle.
Au XVIe siècle, Lyon était le terminus en Europe occidentale de l'ancienne Route de la Soie, un lien tissé entre l'Orient et l'Occident pour les échanges de produits, d'innovations techniques, de doctrines et de cultures. Aujourd'hui, les trains de fret Chine-Europe (TFCE) apportent de nouvelles opportunités et favorisent la croissance du commerce sino-français, dont le volume a dépassé les 60 milliards de dollars en 2018.
La société allemande DBO Bahnoperator se charge du transit des TFCE de Duisbourg à Lyon. Le responsable de DBO, Marcel Stein, estime que le transport ferroviaire offre aux marchés de nouvelles opportunités d'importation et d'exportation. "Le délai de livraison de la Chine vers la France par fret ferroviaire est d'environ 15 jours, juste entre celui du fret maritime (environ 40 jours) et celui du fret aérien (quelques jours), tandis que les coûts ne représentent qu'une faible partie de ceux du transport aérien et sont similaires à ceux du transport maritime."
"Les trains de fret Chine-Europe représentent une solution idéale", affirme M. Stein. Pour ceux qui veulent transporter leurs marchandises du continent européen vers la Chine, "l'itinéraire ferroviaire reliant Lyon en France à Wuhan en Chine n'a pas de rivaux sur le marché."
D'après les statistiques officielles chinoises, les TFCE ont connu une progression galopante depuis leur lancement en 2011. Le nombre cumulé d'expéditions de TFCE a dépassé 12.000 fin 2018, desservant 56 villes chinoises et une quarantaine de villes dans 15 pays européens. Soixante itinéraires relient une centaine de villes chinoises et européennes en traversant le continent eurasiatique, constituant aujourd'hui une grande artère pour le commerce international.
En France, les TFCE ne cessent de s'étendre. En avril 2016, le premier itinéraire reliant Lyon et Wuhan a été mis en service. En octobre 2017, un itinéraire "sur mesure" a été lancé entre Wuhan et Dourges (nord de la France) à la demande de Decathlon, groupe français de grande distribution de sport et de loisirs.
La responsable du terminal de Vénissieux, Brigitte Bernard, déclare n'avoir jamais vu de conteneurs venus de Chine avant 2016. Suite à la mise en service de l'itinéraire Wuhan-Lyon, des conteneurs chinois arrivent toutes les semaines dans ce terminal. "Malgré une proportion faible actuelle des conteneurs chinois dans notre terminal, je m'attends à une croissance et espère accueillir davantage de conteneurs venus de la Chine", indique-t-elle.
Wang Lijun, PDG de la société Wuhan Asia-Europe Logistics (WAE) qui opère des TFCE au départ de Wuhan, précise que deux convois en provenance de Wuhan arrivent chaque semaine à Lyon, d'où les cargaisons sont distribuées et livrées à Paris, à Bordeaux et à Dourges.
Grâce au dynamisme commercial sino-francais, à la promotion de l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) et à la réduction de la durée des trajets, les TFCE ont été choisis par davantage de grandes entreprises françaises dont Peugeot, Citroën et Decathlon, alors que des petites et moyennes entreprises ont commencé à manifester leur intérêt pour ce service.
Dans le même temps, les catégories de cargaisons se diversifient, allant des pièces automobiles et aéronautiques aux produits médicaux et vins français.
Le vice-président du Nouvel Institut franco-chinois Alain Labat estime que le développement du fret sur cet axe ferroviaire dépend essentiellement de deux facteurs. "Le premier est la nécessaire amélioration des capacités exportatrices de la France, afin de rééquilibrer l'ensemble de son commerce extérieur. Le second concerne l'augmentation des importations chinoises depuis la France."
"La première Exposition internationale des importations de la Chine, qui s'est déroulée à Shanghai en novembre 2018 et à laquelle la France a largement participé, laisse espérer des développements favorables", selon M. Labat.
"Pour aller plus loin, il est nécessaire d'entreprendre une véritable pédagogie interculturelle sur l'Initiative la Ceinture et la Route, afin qu'un maximum de décideurs français, notamment politiques et économiques, prennent toute la mesure de l'initiative chinoise", préconise-t-il.
Parallèlement, grâce à la montée en gamme des équipements sur les trains, les TFCE pourront satisfaire les demandes diversifiées de clients, avec par exemple le transport frigorifique de produits agro-alimentaires, indique M. Wang.
La société WAE négocie actuellement avec des associations de vins de Bordeaux pour introduire des produits de cette célèbre région viticole française sur une plate-forme d'e-commerce chinoise, où les consommateurs pourront passer leurs commandes, et les vins seront transportés par des conteneurs frigorifiques de TFCE, révèle-t-il.
"Des viticulteurs locaux s'intéressent beaucoup à notre projet. Une fois le service mis en place, la 'Route de la Soie' deviendra une 'Route du Vin'", prévoit M. Wang.
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