La visite d'Etat en France du président chinois Xi Jinping forge un partenariat stratégique global plus solide, plus stable et plus dynamique entre la Chine et la France à partir d'un "nouveau point de départ historique'', estiment des officiels et des universitaires français.

La France constitue la dernière étape de la tournée européenne de M. Xi qui l'avait auparavant conduit en Italie et à Monaco.

L'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a noté dans une interview accordée à Xinhua que le message de M. Xi, via sa tribune dans Le Figaro, contenait pour la relation sino-française plusieurs idées fortes qui annoncent ''un nouveau point de départ historique''.

Selon lui, le lien entre la Chine et la France est affectif et leur vision commune du monde doit les conduire à un travail commun en faveur de la coopération internationale, du multilateralisme et de la paix. "Les échanges sont prospères, ils peuvent être renforcés avec la volonté du 'gagnant-gagnant' dans un monde qui doit rechercher de meilleurs équilibres'', a-t-il souligné.

''Les visites qui se tiennent à l'occasion du 55e anniversaire, et en particulier la venue du président Xi à Paris, sont une occasion formidable de rappeler l'ancienneté, la franchise et la solidité de l'amitié franco-chinoise dans un temps traversé de tensions et d'incompréhension'', a de son côté confié à Xinhua l'ancien chef de gouvernement français Dominique de Villepin.

Lors des discussions avec son homologue français Emmanuel Macron au palais de l'Elysée, M. Xi a indiqué que le monde était en train de connaître des changements majeurs, rarement vus depuis un siècle, et que l'humanité se trouvait à la croisée des chemins. La Chine, la France ainsi que l'Europe arrivent également à une étape de développement critique, selon lui.

M. de Villepin a partagé cet avis en estimant que Paris et Beijing ont d'immenses défis à relever pour éviter que le monde ne s'emballe vers des guerres inutiles et destructrices. ''Notre combat commun, c'est d'abord de faire valoir cette relation comme un modèle de coopération stable et fertile. Pour cela, nous avons besoin de projets tournés vers le futur, qui puissent à la fois garantir, enraciner et renouveler cette amitié efficacement'', a-t-il souligné.

Dans une Déclaration conjointe entre la France et la Chine sur la préservation du multilatéralisme et l'amélioration de la gouvernance mondiale publiée mardi, les deux pays soutiennent les travaux en cours entre l'UE et la Chine pour le développement de synergies entre les initiatives de connectivité, notamment la stratégie de l'UE sur la connectivité euroasiatique et l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) proposée par M. Xi.

A ce propos, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré, lors de la cérémonie d'ouverture d'un forum sur la gouvernance mondiale co-organisé par la Chine et la France, que l'UE et la Chine ont chacune fait de la connectivité et du développement des priorités qui sont complémentaires. ''Nous avons tout à gagner à les articuler et, grâce à des infrastructures nécessaires, relier l'espace eurasiatique et faciliter les échanges'', a-t-il indiqué.

Selon Claude Raynal, président du groupe d'amitié France-Chine du Sénat, la relation entre les dirigeants de haut niveau doit être la plus fréquente possible afin de mieux se comprendre dans leurs stratégies propres et de tisser ensemble les fils d'une entente et d'un travail en commun.

''Il n'y a pas à attendre immédiatement d'effet. Ce qui est important, c'est de construire une relation de confiance dans la durée dans l'intérêt des deux pays. Cette relation existe de longue date'', a-t-il estimé.

Daniel Haber, professeur d'économie et de management international, a indiqué que la visite du président chinois s'inscrivait dans une tournée européenne dont l'objectif est de montrer son intérêt personnel pour le continent européen, le plus grand marché du monde, le centre des révolutions industrielle, scientifique et technologique des siècles derniers et le point d'aboutissement de la Route de la soie terrestre qui unifiera les communications du grand ensemble eurasiatique.

Fondateur du Forum Europe-Chine, David Gosset a estimé qu'au terme de 55 ans de relations diplomatiques, les échanges franco-chinois n'ont jamais été aussi intenses.

En matière de changement climatique, de multilatéralisme, de commerce, de rôle de l'ONU, la convergence entre Beijing et Paris, mais aussi avec Bruxelles, est une évidence. Aux yeux du sinologue, cette convergence est pour le monde entier une source d'espoir.

Pour M. Gosset, les relations sino-françaises ne se sont jamais limitées aux Chinois et aux Français. Les synergies entre les deux pays sont au service de la paix et du développement dans le monde.