Partis de Chine pour rallier les Pays-Bas, deux Hollandais ont fait un voyage de trois mois pour prouver au monde la fiabilité des marques chinoises.
Rogier Bikker et Maren Striker n'ont utilisé que des produits chinois lors de leur périple de 20 000 kilomètres entre Shanghai et Rotterdam. Ils ont traversé onze pays de la Route de la soie, dont le Kazakhstan, le Turkménistan et l'Iran, le tout équipés de marques chinoises de la tête aux pieds. Ils ont conduit une voiture chinoise et utilisé des smartphones et des appareils photo chinois.
Bikker est un expert en marketing, mais aussi un amateur de road trips qui a vécu 6 ans à Shanghai. Striker est urbaniste et a passé sept ans dans la ville du sud de la Chine.
L'idée de ce voyage leur est venue lors d'une soirée dehors en 2013. Ils voulaient tous les deux se lancer dans un voyage épique vers les Pays-Bas, et ce vœu s'est transformé en projet qui viserait à prouver que la Chine n'est plus l'usine du monde ni un pays qui se contente de copier les autres, mais bel et bien un endroit où des gens travaillent pour de grandes entreprises et y conçoivent des produits innovants.
Leur projet « Brand New China » a été lancé à l'automne 2013. Cependant, ils ont eu quelques difficultés pour trouver des entreprises partageant leur vision.
Ils ont envoyé près de 5000 e-mails à toutes leurs connaissances travaillant dans des entreprises chinoises, dans l'espoir que leurs messages finiraient par être lu par la bonne personne. Mais la plupart des réponses n'étaient que des « non merci ».
Ce n'est que vers Noël de cette année-là qu'ils ont enfin trouvé leur principal sponsor. Bikker était à Rotterdam pour les vacances lorsqu'il apprit que BYD Auto, un fabriquant de voitures basé à Shenzhen, dans le Guangdong, avait manifesté son intérêt pour le projet des deux amis.
Lorsque Bikker et Striker se sont rendus au siège européen du fabricant automobile, situé à seulement une heure de Rotterdam, le directeur général de BYD pour l'Europe, Isbrand Ho, a déclaré : « ce projet, on va le réaliser ».
« BYD a pris un gros risque, il faut l'admettre. Si jamais il nous était arrivé quelque chose, l'histoire aurait été très négative. », a confié Bikker.
« Ils croyaient vraiment en eux, et en nous aussi. Il fallait les deux. »
BYD leur a offert une boîte de pièces de rechange et trois services simples au cours de leur voyage.
Ils se sont chacun vu offrir un smartphone par Huawei et un ordinateur par Lenovo, et la marque de vêtements d'extérieur Ozark leur a offert une séance de shopping illimité dans son magasin de Shanghai. La plupart de leurs sponsors étaient des marques jeunes, créées au cours des 20 dernières années, dont certaines étaient même inconnues des Chinois.
Quand Bikker et Striker sont partis de Shanghai le 26 juillet dernier, ils ne savaient pas jusqu'où ils pourraient aller.
Les paysages changeaient sans cesse alors qu'ils avançaient, passant de montagneux à désertiques. Certaines routes étaient en bon état, d'autres étaient boueuses ou sablonneuses, et parfois il n'y avait plus de route du tout.
Striker s'est blessé en tombant de cheval dans une zone reculée du Sichuan, et les deux aventuriers n'ont pas pu trouver d'hôpital équipé d'un scanner. Il souffrait de maux de tête et d'une intoxication alimentaire.
« C'était probablement le plus gros défi que nous avons eu sur notre route », a déclaré Bikker.
Heureusement, Striker s'est vite rétabli et a pu continuer le voyage.
Quant aux autres problèmes rencontrés en chemin, les deux Hollandais ont toujours trouvé des âmes charitables pour leur venir en aide.
Ils sont arrivés aux Pays-Bas le 31 octobre. Les marques chinoises ont dépassés leurs attentes, mais aussi celles des Chinois rencontrés durant leur voyage. Un groupe de touristes chinois rencontré à Cappadoce, en Turquie, refusait de croire qu'il avaient parcouru tout ce chemin avec une voiture chinoise.
Selon Bikker, pour construire leur image de marque, les entreprises chinoises doivent avant tout être fières d'être chinoises.
« Il y a plein de marques chinoises qui cachent leur origine ou cherchent à avoir l'air étrangères. Mais elles ne seront jamais étrangères, tout comme une marque étrangère ne sera jamais chinoise. »
D'après Bikker, certaines entreprises chinoise du secteur des technologies, comme Tencent, Alibaba et Xiaomi, dépassent même leurs concurrents étrangers en termes d'innovation.
« Ce n'est pas le cas de beaucoup d'autres secteurs, comme celui de l'automobile, où la Chine a beaucoup de retard », a-t-il ajouté. « Même si les voitures BYD marchent très bien en terme de valeur de marque, elles sont toujours loin derrière Audi ou BMW. »
« Si vous voulez savoir quel est mon sentiment par rapport à BYD, et bien, ce n'est pas aussi positif que BMW. Ils leur reste encore du pain sur la planche », a conclu Bikker.
- Institut des Études sur les Frontières chinoises
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