Région de la Grande Baie : approfondir la réforme et l’ouverture
2021-06-08 15:07:00
Tao Yitao

Le développement de la région de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao a été mis en avant dans le Programme du XIVe Plan quinquennal pour le développement économique et social et des objectifs pour 2035, qui a été adopté par l’organe législatif suprême du pays en mars. Cela signifie que cette région de la Grande Baie, région économiquement ouverte affichant un marché très dynamique, jouera un rôle majeur dans la réforme et l’ouverture globales, la restructuration économique et le progrès technologique en Chine. Le gouvernement chinois place également de grandes attentes dans la région quand il s’agit de maintenir la stabilité et la prospérité à long terme à Hong Kong et à Macao, et de rechercher et mettre en œuvre de nouveaux mécanismes propices à un développement régional coordonné.

La technologie comme fer de lance

Le programme susmentionné prévoit d’accorder un soutien à Beijing, à Shanghai et à la région de la Grande Baie pour que ces dernières s’érigent en centres internationaux d’innovation technologique. Après plus de quatre décennies de réforme et d’ouverture, la région de la Grande Baie, réputée comme étant une puissance manufacturière, se transformera en une pépinière d’innovations technologiques.

Nouvelle initiative de la Chine pour favoriser l’ouverture sur tous les fronts, la construction de la région de la Grande Baie s’avère aussi une nouvelle pratique pour faire progresser la politique dit « un pays, deux systèmes ». À l’instar du lancement de la zone économique spéciale (ZES) une quarantaine d’années plus tôt, il s’agit d’une étape importante dans l’histoire de la réforme et de l’ouverture en Chine. Ce n’est pas seulement un résultat des efforts déjà consentis dans la réforme et l’ouverture, mais aussi une voie essentielle vers la prospérité commune entre la partie continentale, Hong Kong et Macao.

Développement intégré

En mettant à profit ses avantages géographiques, la région de la Grande Baie contribuera à la stabilité et à la prospérité à long terme de Hong Kong et de Macao. Elle permettra de briser les barrières institutionnelles et culturelles et de parvenir à des consensus et à une confiance mutuelle entre la partie continentale d’un côté et Hong Kong et Macao de l’autre.

Selon le rapport Doing Business 2020 publié par la Banque mondiale, sur les 190 économies du classement, Hong Kong arrive troisième au regard de la facilité de faire des affaires, gagnant une place par rapport à l’année précédente. L’Institut Fraser, un think tank canadien, a classé Hong Kong comme l’économie la plus libre de la planète dans son rapport annuel de 2020 sur la liberté économique dans le monde. Avec une note de 8,94 cette année-là, la région administrative spéciale de Hong Kong a maintenu sa position de numéro un sur le podium (devant Singapour) pendant 24 années consécutives.

Au début de la réforme et l’ouverture, Hong Kong a stimulé le développement de la partie continentale. Aujourd’hui, cette dernière s’élance vers la prospérité aux côtés de Hong Kong et de Macao. Rétrospectivement, l’on peut dire que Hong Kong a joué un rôle extrêmement important dans la réussite de la ZES de Shenzhen, ainsi que dans la conduite de la réforme et de l’ouverture dans la partie continentale. Pendant de longues années, Hong Kong a été telle une fenêtre, permettant à la partie continentale de comprendre le monde extérieur, d’en apprendre plus sur la notion d’économie de marché et de s’intégrer à la communauté internationale. Les échanges de capitaux, de marchandises, de technologies et de talents avec Hong Kong ont accéléré la réforme et l’ouverture dans la partie continentale, en particulier à Shenzhen.

La croissance et la prospérité que connaît la partie continentale, en plus de profiter aux 7,3 millions d’habitants de Hong Kong, renforcent l’avantage concurrentiel de la région administrative spéciale. D’après l’Indice mondial de l’innovation 2020 publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), la conurbation Shenzhen-Hong Kong-Guangzhou est le deuxième pôle de concentration scientifique et technologique au monde (après Tokyo-Yokohama), sur la base du classement de l’intensité scientifique et technologique (calculée en divisant la somme des parts de brevets et de publications scientifiques par le nombre d’habitants). Elle surpasse la conurbation San Jose-San Francisco, qui abrite la Silicon Valley.

Avec des règles mutuellement reconnues, le coût des transactions restera faible, garantissant l’efficacité du marché. En encourageant le développement intégré, la région de la Grande Baie fait de l’harmonisation des règles et des mécanismes une priorité. Une série de mesures exploratoires portant sur l’accès au marché, la régulation du marché et les services gouvernementaux ont été mises en œuvre, à dessein de perfectionner l’environnement des affaires. Dans toute la région de la Grande Baie, le traitement national est en vigueur pour tout ce qui a trait à l’application et la mise à exécution de projets de recherche scientifique ainsi que pour la gestion des fonds connexes, l’évaluation des résultats et la commercialisation. Un marché collaboratif a été établi pour maximiser les avantages sociaux qu’apportent la recherche sur les innovations, la commercialisation des avancées scientifiques, le dépôt et l’utilisation des brevets. En outre, les ressources humaines se déplacent librement dans la région de la Grande Baie et y injectent une créativité sans limite favorable à l’essor de celle-ci.

Innovation institutionnelle

La région de la Grande Baie englobe les régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao ainsi que neuf villes de la province du Guangdong (à savoir Guangzhou, Shenzhen, Zhuhai, Foshan, Huizhou, Dongguan, Zhongshan, Jiangmen et Zhaoqing). Elle comprend par ailleurs deux systèmes sociaux et trois zones douanières.

Suivant le principe de « communauté régionale d’intérêt partagé », le Guangdong, Hong Kong et Macao devraient davantage amener leur mécanisme de conférence conjoint ainsi que leurs diverses équipes d’intervention spéciales à jouer leur rôle, et devraient parallèlement mettre en place un mécanisme de coordination et de dialogue au niveau gouvernemental. De telles dispositions faciliteront la coordination dans la construction des infrastructures, l’installation d’équipements et de sites technologiques et la coopération innovante dans les principales industries. Dès lors que la coordination interrégionale sera assurée, des partenariats spécifiques touchant notamment au commerce extérieur, aux services financiers et aux services publics seront planifiés de manière intégrée et exploiteront les avantages uniques de chaque lieu. En outre, les trois régions doivent convenir de l’établissement d’une plate-forme de services publics, afin de faciliter la mobilité de la main-d’œuvre et de coordonner les actions pour répondre aux enjeux tels que l’emploi, le logement, l’innovation et l’entrepreneuriat dans la région.

La libre circulation des personnes et des biens est la clé de la vitalité du marché dans la région de la Grande Baie. L’une des priorités du mécanisme de coordination est d’ailleurs d’établir diverses normes régissant ces flux de facteurs de production par la voie de consultations. Il faudrait mettre en place une norme de service ou un modèle de gestion unifiée pour les industries ayant un impact direct sur l’emploi et la vie des résidents, ce qui permettrait d’améliorer l’efficacité administrative. Par exemple, des organismes de certification conjoints peuvent être fondés pour des professions telles que médecin, infirmier et comptable. Idem pour la délivrance de certifications de produits et pour l’établissement de normes applicables au secteur des services.

La mise à disposition d’une telle institution publique stimulera la libre circulation des divers facteurs de production, qui, à son tour, approfondira la coopération régionale et stimulera le développement de ses régions limitrophes. La prospérité de la région de la Grande Baie, à la structure institutionnelle unique, garantira non seulement des facteurs de production de qualité, mais fournira aussi une expérience institutionnelle qui pourra servir de référence à d’autres endroits.

Loin d’être un simple concept d’économie régionale pour la Chine, la région de la Grande Baie va émerger comme un pôle de croissance suffisamment puissant pour guider la nation vers un nouveau palier en matière de réforme et d’ouverture. À l’instar des ZES et des zones de libre-échange, elle doit accomplir une mission unique confiée par notre époque. Dans un sens, la région de la Grande Baie est une ZES, mais qui s’étend sur une plus grande superficie. Il y a plus de 40 ans, la réforme et l’ouverture de la Chine ont commencé à l’endroit où le système d’économie planifiée était au plus bas ; aujourd’hui, l’approfondissement global de la réforme a décollé à l’endroit où l’économie de marché socialiste est la plus développée.

 
*TAO YITAO est directrice et professeure du Centre de recherche sur les zones économiques spéciales de Chine, relevant de l’Université de Shenzhen.

 

 

 

 

 

Source : La Chine au présent

 

  

 

Edité par  Zhao Xin