Invité par le président chinois Xi Jinping, le président français Emmanuel Macron effectuera une visite officielle en Chine du 3 au 5 décembre, la première depuis sa dernière visite en Chine il y a deux ans et demi. Il s'agit de sa quatrième visite en Chine en tant que président de la République française. 

L'année dernière a marqué le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, et le président Xi a à cette occasion effectué une visite d'État en France. De l'Élysée au col du Tourmalet, les rencontres et les dialogues entre les deux chefs d'État ont commémoré ces six décennies de relations diplomatiques et ont orienté la voie du développement des relations entre les deux pays.

Vue de l'extérieur, la visite de M. Macron, en réponse à celle de M. Xi en France, représente non seulement la poursuite des échanges de haut niveau entre la France et la Chine, mais aussi une occasion importante pour les deux pays de mener une communication stratégique et de promouvoir la coopération face à un contexte international instable et marqué par des tensions régionales complexes.

Le porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré le 1er décembre lors d'une conférence de presse régulière que la Chine était « prête à travailler avec la France pour profiter de cette visite afin de renforcer la communication stratégique, d'approfondir la coopération pragmatique, de promouvoir une coordination multilatérale plus étroite, et d'œuvrer à de nouveaux progrès dans le partenariat stratégique global Chine-France ». Marquées par « l'indépendance, la compréhension mutuelle, la vision prospective et la coopération gagnant-gagnant », les relations diplomatiques entre les deux pays, qui affichent une histoire précieuse, une valeur unique et une mission importante, attireront à nouveau les regards de la communauté internationale.

« Les relations sino-françaises sont à un nouveau tournant historique. Une démonstration mutuelle de l'esprit qui a présidé lors de l'établissement des relations diplomatiques sera la clé pour renforcer la confiance mutuelle et améliorer la communication entre les deux parties », a avancé Cui Hongjian, professeur à l'Institut d'études avancées sur la gouvernance régionale et mondiale de l'Université des études étrangères de Beijing. Selon lui, l'accent mis par la Chine sur la signification historique des relations sino-françaises est précisément l'expression de son profond respect pour la politique étrangère indépendante de la France.

Des médias français ont dévoilé qu'outre ses rencontres à Beijing, M. Macron se rendra également à Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest), qui est devenue la première ville chinoise jumelée avec une ville française (Montpelier) dans les années 1980. Lors de ses précédentes visites en Chine, M. Macron s'est rendu à Xi'an, Shanghai, Guangzhou et d'autres villes. Pendant la visite de M. Xi en France, les autorités françaises avaient également organisé des activités à Nice, Tarbes et d'autres villes.

Wang Zhan, doyen exécutif de l'Institut d'études sur le Sud global de l'Université de Tianjin, a indiqué que cet arrangement diplomatique interrégional permettait aux deux chefs d'État d'appréhender leurs cultures respectives et le développement actuel de la Chine et la France dans une perspective plus large. Parallèlement, ceci est devenu une caractéristique distinctive des échanges entre les deux dirigeants.

En outre, en tant que deux grandes puissances économiques mondiales, la coopération pragmatique sino-française est un point attendu de cette visite de M. Macron. Lors de sa dernière visite en Chine en 2023, les deux pays ont signé une série de contrats de coopération dans des domaines tels que les aliments agricoles, la science et la technologie, ou encore l'aéronautique. L'année dernière, lors de la visite de M. Xi en France, la Chine et la France ont davantage élargi leurs champs de coopération dans les domaines du développement vert, de l'aéronautique, des aliments agricoles, du commerce et des sciences humaines, entre autres.

« Au cours de cette visite, les deux parties devraient poursuivre le renforcement de leur coopération dans des domaines tels que l'aérospatiale et les aliments agricoles », a avancé Ding Chun, directeur du Centre d'études européennes de l'Université Fudan, à Shanghai, ajoutant que les exportations agricoles françaises vers la Chine, ainsi que la collaboration dans les secteurs de l'aviation et des énergies propres, étaient considérées par les deux parties comme de nouveaux axes de croissance pour la coopération.

Selon Cui Hongjian, d'un point de vue pragmatique, la coopération sino-française s'approfondit tant en quantité qu'en intensité. Ce socle multidimensionnel et structurel de coopération contribuera à maintenir la stabilité à long terme des relations franco-chinoises face à la complexité de la situation internationale.

En tant que pays membre important de l'Union européenne (UE), la France joue un rôle considérable dans la construction des relations Chine-UE. Ces dernières années, certains ont posé à la Chine l'étiquette de « partenaire, concurrent et rival systématique » de l'UE, et ont amplifié les frictions commerciales entre la Chine et l'Europe dans le but d'engendrer des interférences inutiles pour la coopération Chine-UE. Depuis le début de cette année, la Chine a déclaré à plusieurs reprises que « la Chine espère que la France, en tant que puissance majeure centrale de l'UE, encouragera cette dernière à gérer correctement les différends économiques et commerciaux entre la Chine et l'UE et à répondre activement aux préoccupations de la Chine », ajoutant également que « la Chine espère que la France encouragera l'UE à mener une politique positive et rationnelle à l'égard de la Chine, ainsi qu'à préserver le cadre fondamental de leur partenariat ».

« Dans ce contexte, la visite d'Emmanuel Macron revêt une importance qui dépasse le cadre des relations bilatérales. » Pour Paris, il s'agit non seulement d'une manifestation importante du maintien de son autonomie stratégique, mais aussi d'un signal de stabilité à l'égard de la Chine au sein de l'UE ; pour Beijing, la communication sino-française contribue à promouvoir la compréhension mutuelle entre la Chine et l'Europe, à éviter les erreurs d'appréciation et à maintenir le cap de la coopération, selon Ding Chun.

« Face à un environnement international complexe, si la Chine et la France parviennent à clarifier leurs positions respectives via le dialogue, cela aidera l'Europe à avoir une compréhension plus complète et objective de la Chine et contribuera à ce que la Chine et l'Europe restent des forces importantes pour le maintien de la stabilité mondiale », a souligné Wang Zhan.