La Conférence annuelle 2025 du Forum de Boao pour l'Asie s'est tenue à Boao, dans la province de Hainan, dans le sud de la Chine, du 25 au 28 mars. Avec pour thème « L'Asie dans un monde en mutation : vers un avenir partagé », la conférence a rassemblé environ 2 000 délégués de plus de 60 pays et régions, ainsi que plus de 1 100 journalistes représentant près de 150 médias de plus de 30 pays et régions. Les participants se sont engagés dans des discussions approfondies sur les opportunités et les défis majeurs auxquels l'Asie et le monde sont confrontés, ont atteint un large consensus sur la promotion de la solidarité et de la coopération sur le continent pour un avenir commun, et ont apporté de nouvelles perspectives pour dynamiser l'économie mondiale.

Une forte dynamique de croissance

Le statut de l'Asie dans l'économie mondiale s'améliore, la région étant un moteur important de la croissance économique mondiale. En particulier, ses marchés émergents et ses économies en développement ont réalisé des performances exceptionnelles. Selon le rapport annuel 2025 sur les perspectives économiques et l'intégration de l'Asie (ci-après dénommé « rapport annuel 2025 ») dévoilé lors de la conférence, le PIB réel pondéré de l'Asie a augmenté de 4,4 % en 2024, dépassant le taux de croissance mondial de 1,2 point de pourcentage, et le PIB réel pondéré de la région devrait augmenter de 4,5 % en 2025. Grâce à une croissance économique rapide, la part de l'Asie dans l'économie mondiale n'a cessé d'augmenter. En termes de parité de pouvoir d'achat (PPA), son PIB total représentait 48,1 % du total mondial en 2024 et devrait augmenter de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 48,6 % en 2025.

En matière de commerce, l'Asie s'est montrée extrêmement prometteuse dans le domaine du numérique et du commerce des services. Les données de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) révèlent qu'au cours des trois premiers trimestres de 2024, le total des échanges de marchandises de la région a augmenté de 4,1 % en glissement annuel pour atteindre 12 700 milliards de dollars, soit 34,9 % du total mondial. Au cours du premier semestre 2024, les importations et les exportations de services entre les économies asiatiques ont augmenté d'environ 9,5 % et 8,5 % en glissement annuel, respectivement, dépassant les taux de croissance mondiaux. En tant que première économie d'Asie, la Chine a atteint un niveau record dans ses échanges de biens et de services. Selon les données du ministère chinois du commerce, les échanges de marchandises en 2024 ont augmenté de 5 % par rapport à l'année précédente pour atteindre 43 800 milliards de yuans, tandis que les échanges de services ont bondi de 14,4 % pour atteindre 7 500 milliards de yuans.

En matière d'innovation scientifique et technologique, l'Asie ne cesse d'insuffler un nouvel élan au développement durable de l'économie mondiale. Avec la révolution technologique et la transformation industrielle en cours, la région a montré de formidables capacités d'innovation et un potentiel de développement durable, en particulier dans des domaines tels que l'intelligence artificielle et les nouvelles énergies. Selon le rapport 2024 du Forum de Boao pour l'innovation en Asie, publié le 17 janvier 2025, les 100 premiers pôles scientifiques et technologiques mondiaux se situent principalement en Asie de l'Est, en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Parmi ces pôles, le pôle chinois de la région de la baie de Guangdong-Hong Kong-Macao est devenu de plus en plus central dans la recherche scientifique et technologique industrielle. En outre, l'Asie a largement dépassé les autres régions en termes d'intensité des investissements en R&D et de demandes de brevets. En 2023, l'Asie de l'Est, dirigée par la Chine, le Japon et la Corée du Sud, représentera 62,6 % de l'ensemble des demandes de brevet au niveau mondial.

L'approfondissement de l'intégration

À une époque marquée par la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme, ainsi que par des vents contraires à la mondialisation, l'Asie a adopté un régionalisme ouvert et fait progresser l'intégration commerciale, continuant à approfondir les liens économiques régionaux et donnant un nouvel élan au développement d'une économie mondiale ouverte.

L'Asie affiche depuis longtemps un niveau élevé de dépendance commerciale intrarégionale, reflétant les liens étroits entre ses économies. Selon le rapport annuel 2025, la dépendance commerciale intrarégionale est restée élevée en 2023, avec un taux global de 56,3 %. L'ASEAN et la Chine ont conservé leur rôle central dans le commerce régional de marchandises - la dépendance de l'ASEAN à l'égard du commerce asiatique est restée la plus élevée, à environ 70 %, tandis que les taux correspondants pour la Corée du Sud et le Japon s'élevaient respectivement à 59,5 % et 58,4 %. Pour l'Inde et la Chine, les taux étaient respectivement de 51,2 % et 48,5 %. Dans le même temps, l'intégration régionale du commerce des services a continué à s'approfondir, la croissance intrarégionale dépassant celle du commerce des services extrarégionaux. En particulier, les services de livraison numérique sont apparus comme un moteur essentiel de cette croissance. En 2024, le commerce électronique de détail dans la région Asie-Pacifique a augmenté de 8,4 % ; le commerce électronique transfrontalier de la Chine a totalisé 2,63 trillions de yuans, soit une augmentation de 10,8 % en glissement annuel ; et la valeur brute des marchandises du commerce électronique de l'Asie du Sud-Est a atteint 263 milliards de dollars (environ 1,92 trillions de yuans), soit une augmentation de 15 % par rapport à l'année précédente.

Malgré les vents contraires macroéconomiques mondiaux, le resserrement des politiques monétaires dans les économies avancées et la montée des risques géopolitiques, les marchés financiers asiatiques sont restés généralement stables. L'intégration financière a progressé régulièrement, les investissements transfrontaliers et l'activité bancaire se poursuivant à un rythme soutenu. En 2024, la plupart des marchés de capitaux asiatiques ont affiché de solides performances, tandis que le secteur bancaire a maintenu des ratios de prêts non productifs faibles et en baisse. Cette même année, trois des cinq premières places boursières mondiales en termes de collecte de fonds pour les offres publiques initiales étaient situées en Asie. Au cours des cinq dernières années, les économies asiatiques ont représenté une part stable de 26 à 28 % du total mondial des actifs bancaires transfrontaliers. Dans des cadres régionaux tels que l'initiative multilatérale de Chiang Mai, l'Asie s'efforce également de mettre en place un filet de sécurité financière régional solide afin de préserver la stabilité et la sécurité dans la région.

Depuis sa mise en œuvre il y a trois ans, le partenariat économique régional global (RCEP) - le plus grand accord de libre-échange (ALE) au monde - a consolidé les accords de libre-échange intrarégionaux existants, amélioré l'allocation des ressources et stimulé de manière significative la coopération économique à travers l'Asie. Il a également contribué à une croissance soutenue du commerce et des investissements régionaux. En vertu de l'accord, plus de 90 % des produits échangés dans la région seront progressivement exemptés de droits de douane, ce qui donnera une forte impulsion à la libéralisation du commerce régional et à l'intégration économique. Selon le rapport annuel 2025, le commerce intra-RCEP a augmenté d'environ 3 % d'une année sur l'autre en 2024. Les échanges de biens intermédiaires ont continué à augmenter, représentant environ 66 % du total des échanges intrarégionaux. Les données des autorités douanières chinoises montrent qu'au cours des trois années qui ont suivi l'entrée en vigueur du RCEP, le total des échanges de marchandises de la Chine avec les autres membres du RCEP a atteint 38,57 billions de yuans, soit plus de 30 % du volume total de ses échanges. Le RCEP poursuit actuellement ses efforts d'expansion, dans le but de favoriser une ouverture, une coopération et une intégration régionales plus larges en admettant de nouveaux membres.
 

Xu Xiujun est chercheur à l'Académie nationale de la Modernisation chinoise relevant de l'Académie des Sciences sociales de Chine.