La recherche anthropologique en Chine a évolué au fil des décennies, formant une voie académique distincte marquée par une profondeur profonde et un charme unique. Sur cette voie, les chercheurs ont non seulement approfondi les traditions culturelles et les structures sociales des divers groupes ethniques du pays, mais ils ont également mené des analyses méticuleuses des points communs et des différences dans les comportements humains, dans une perspective internationale. Cet ensemble de travaux a sans aucun doute apporté un soutien académique précieux et des contributions à l'étude des relations internationales.
Les interactions
Dans les années 1940, l'anthropologue chinois Fei Xiaotong a introduit le concept crucial de « société mondiale ». Toutefois, dans le contexte de l'époque, le potentiel et la valeur inhérente de cette idée n'ont pas été pleinement explorés ou développés. Lorsque la communauté académique a réexaminé ce concept, elle l'a reconnu comme une nouvelle compréhension du modèle de relation entre le soi et l'autre. Sur la base de la « mobilité, de l'interactivité et de l'hybridité » de l'être humain, les gens nouent des relations dans divers domaines tels que la politique, l'économie, la culture et la religion, et développent ainsi des civilisations caractérisées par des échanges et des partages interrégionaux. On constate qu'au niveau national, la vie des gens est indépendante les uns des autres, mais qu'au niveau social, les individus sont étroitement liés. Cette disparité, dans laquelle les identités sociales des individus sont façonnées par une dépendance mutuelle, conduit à des relations complexes et entremêlées.
Le 7 septembre 2013, le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours à l'université Nazarbayev au Kazakhstan, proposant la vision du développement conjoint de la « Ceinture économique de la Route de la Soie ». Le 3 octobre de la même année, le président Xi a également prononcé un discours devant le parlement indonésien, et a proposé la construction de la « Route de la Soie maritime du 21e siècle ». Ensemble, ces initiatives constituent le grand projet connu sous le nom de l'« initiative de la Ceinture et de la Route » (ICR). Après plus d'une décennie de consolidation continue, le nombre de pays participant à l'initiative n'a cessé de croître. Du point de vue de la mise en œuvre, le développement de l'infrastructure matérielle, les échanges culturels non matériels et les mécanismes de coopération multilatérale ont progressé régulièrement sur la base d'une compréhension culturelle mutuelle entre les pays participants. L'ICR favorise non seulement la connectivité entre les peuples de différents pays, mais fournit également des scénarios concrets pour les échanges interpersonnels entre les régions. Compte tenu de la conscience sociale mondiale croissante de notre époque et des besoins de développement de la Chine, il est essentiel de comprendre non seulement l'évolution des conditions nationales dans diverses régions, mais aussi les complexités et la diversité culturelle du monde extérieur.
À ce stade, les méthodes de travail sur le terrain de l'anthropologie offrent une voie pour l'étude des diverses interactions dans le cadre de la recherche sur les relations internationales. Il est évident qu'en tant qu'agents d'action, les interactions interpersonnelles qui relient les individus constituent le fondement de l'ordre social. Les anthropologues obtiennent des données de première main grâce à un travail de terrain de longue haleine, documentant des informations apparemment fragmentaires, accidentelles et désordonnées sur leurs sujets. Si ces données peuvent initialement sembler désorganisées, voire chaotiques, elles peuvent, grâce à un travail de recherche et de synthèse méticuleux, révéler l'importance sociale et culturelle de régions et de pays spécifiques. L'ethnographie, qui sert de pont pour la communication entre différents groupes humains, permet non seulement de démanteler les barrières de communication entre les détenteurs d'une culture, mais aussi de relever efficacement les défis de la mauvaise communication causée par les différences culturelles et les barrières linguistiques dans les interactions transnationales.
Les méthodologies anthropologiques
En abordant les différences culturelles découlant du franchissement des frontières ethniques et nationales, Zhou Daming, professeur à la Faculté de la sociologie et de l'anthropologie de l'Université Sun Yat-sen, a fait remarquer qu'il est impossible de parvenir à une coexistence harmonieuse si l'on ne comprend pas les modes de vie et de pensée des personnes issues de cultures différentes. Il encourage les anthropologues à mener des travaux de terrain à l'étranger, soulignant qu'il s'agit d'un moyen important de comprendre les différentes cultures et de favoriser l'empathie avec les populations du monde entier. Les chercheurs en relations internationales peuvent s'inspirer des méthodes de recherche ethnographique des anthropologues pour mener un travail de terrain à long terme dans les pays d'accueil afin de comprendre les cultures telles qu'elles se manifestent sur place. Ces chercheurs doivent recourir à l'observation participante et mener des observations et des entretiens sur place afin d'obtenir des données de première main. Ce travail implique la validation d'informations critiques par le biais d'entretiens multiples avec des participants, des contextes et des occasions différents. En outre, les chercheurs devraient s'efforcer de respecter les « quatre simultanéités » - vivre, manger, travailler et parler la même langue que les objets de leur étude. Cette immersion soutenue permet de découvrir des questions et des phénomènes sociaux cachés.
En pratique, les chercheurs peuvent se concentrer sur des sujets tels que la parenté et les relations sociales, les organisations sociales, les croyances religieuses, la construction de l'identité, la gouvernance des migrations, les modes de vie des immigrés, les réseaux ethniques et les stratégies d'adaptation, la diversité culturelle et les aspects culturels de l'alimentation et de l'éducation. Ces études permettent une compréhension nuancée de l'histoire, de la géographie, de la culture, des coutumes et de la dynamique sociale du pays cible. Les chercheurs peuvent également tracer des itinéraires spécifiques pour étudier des questions telles que la gouvernance sociale, les moyens de subsistance des populations et le sentiment public, ainsi que l'amélioration de l'environnement, en présentant les cultures régionales des différentes villes et populations par le biais de rapports ethnographiques et de rapports de recherche.
En outre, les chercheurs peuvent également se concentrer sur les canaux, les couloirs et les routes qui relient les personnes par le biais de l'interaction. Un examen détaillé de ces conduits matériels - créés et entretenus par l'activité humaine - permet de comprendre plus concrètement les liens réciproques entre les individus. Le développement rapide des technologies modernes de transport et de communication est sans aucun doute devenu un puissant moteur de la mondialisation. Dans ce contexte, le concept de « roadologie » de l'anthropologie revêt une importance particulière. Il réexamine la « mobilité », l'« interactivité » et l'« hybridité » de l'homme, offrant ainsi une source d'inspiration pour la recherche sur la BRI. Ce changement permet de passer d'une « ethnographie des lieux » à l'emplacement fixe et aux frontières à une exploration de l'« ethnographie des indices » le long de lignes dynamiques et interconnectées.
Dans le cadre d'un travail de terrain anthropologique, la recherche d'indices est un processus quotidien. Les enquêteurs s'immergent dans les communautés et les groupes, recueillant, analysant et suivant les pistes par l'interaction, l'observation et la documentation. Ce travail vise à découvrir les dimensions culturelles, sociales et comportementales les plus profondes de la vie humaine. Bien qu'il s'agisse d'un défi et d'une tâche complexe, les chercheurs doivent faire preuve d'une grande perspicacité et d'une solide expertise pour passer au crible de vastes quantités d'informations et identifier des indices précieux. Ces informations sont ensuite utilisées pour construire une compréhension anthropologique plus complète et plus nuancée.
Concrètement, alors que les anthropologues naviguent dans un espace culturel mondialement interconnecté, leur approche de la traçabilité doit s'adapter à cette dynamique changeante. La méthode d'« ethnographie des indices » proposée par l'auteur constitue une référence utile et une source d'inspiration. Sa contribution la plus significative est de rappeler aux chercheurs de ne pas se fixer excessivement sur des points d'information isolés, mais de maintenir une perspective dynamique à travers les lignes, les plans et les régions. La méthode de l'« ethnographie des indices » met l'accent sur huit caractéristiques clés du traçage de lignes dans le processus de travail sur le terrain : l'observabilité, la compréhensibilité, la traçabilité, la relativité, l'inspiration, la saisissabilité, l'endiguement et la modifiabilité. En ce qui concerne les enquêtes et les recherches sur les relations internationales, la proposition de cette méthode nous permet non seulement de comprendre un pays statique à un certain moment, mais aussi d'explorer les différences de régions entières en suivant une ligne au sens conjonctif.
Le renforcement mutuel
L'ICR offre un excellent cadre pour développer la recherche en facilitant à la fois l'expansion horizontale et l'extension verticale le long de canaux d'interaction dynamiques. La contribution de l'anthropologie à la recherche sur les relations internationales ne consiste pas seulement à proposer des méthodes de recherche, mais aussi à ouvrir une nouvelle perspective sur les relations interpersonnelles. Si notre compréhension des dynamiques interpersonnelles dans les contextes internationaux est traditionnellement ancrée dans le concept d'État-nation, l'anthropologie révèle que les interactions entre différents groupes représentent une forme fondamentale d'organisation sociale et de logique culturelle. Ces interactions transcendent les frontières de la nation, de la race et du sexe, se connectant plutôt à la nature sociale inhérente à l'homme, à savoir « la contrainte des échanges réciproques basés sur des concepts sociaux ». Sous l'angle unique et critique des parcours et des échanges, nous pouvons réexaminer le phénomène de la réciprocité interrégionale dans les sociétés humaines, en comprenant mieux comment les relations réciproques complexes se forment au cours de ces échanges et comment elles sont le moteur du développement et du progrès social.
En même temps, il est nécessaire de comprendre en profondeur l'apparition et le développement des interactions entre les civilisations à une échelle plus large dans la perspective de la réciprocité. Les civilisations, en tant qu'essence intellectuelle et patrimoine culturel des sociétés humaines, font progresser l'histoire par leurs interactions et leur intégration. De ce point de vue, nous pouvons voir comment différentes civilisations échangent et apprennent les unes des autres, ce qui conduit au partage des ressources, à la génération de nouvelles idées et à la stimulation de l'innovation. Cette dynamique favorise la prospérité et le développement des civilisations individuelles et enrichit collectivement la tapisserie de la culture humaine. Comprendre la réciprocité de cette manière permet non seulement d'approfondir notre compréhension des processus historiques, mais aussi d'améliorer notre capacité à naviguer dans le présent et à façonner l'avenir.
Sur la base de cette approche, il est impératif de constituer des équipes de recherche interdisciplinaires, interinstitutionnelles et internationales composées d'experts en anthropologie, sociologie, ethnologie, études régionales, économie, politique, histoire, relations internationales et autres disciplines connexes. Ce n'est que grâce à ces efforts de collaboration que la recherche universitaire peut mieux répondre aux besoins stratégiques nationaux et contribuer à la construction d'un monde ouvert, inclusif, interconnecté et durable. Cette base académique jouera un rôle essentiel dans la construction d'une communauté mondiale d'avenir partagé.