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Deux poètes objectifs, voyants et insatiables de la Beauté
Source : Etudes Françaises, 2006/04 2012-12-29
Gu Cheng, poète chinois, Rimbaud, poète français, entre eux il y a un curieux hasard : à un siècle d’intervalle, la vie de Gu Cheng et celle de Rimbaud sont de même durée. Rimbaud naît en 1854 et meurt en 1891, tandis que Gu Cheng naît en 1956 et meurt en 1993. En effet, leurs points de ressemblance sont nombreux :

L’un et l’autre ont un père militaire et poète, et ont une enfance maleureuse et solitaire. Tous deux sont enfants précoces, ils publient très jeune d’authentiques chefs d’oeuvre : Rimbaudn’a que 17 ans lorsqu’il écrit le Bateau ivre, Gu Cheng produit la Symphonie de l’illusion de la vie à l’age de 15 ans. L’un et l’autre sont porteurs d’une exigence poétique exceptionnelle, ilsveulent révolutionner l’art poétique. Il s’agit de deux êtres « insatiables » de Liberté et de Beauté,prêts à prendre les plus grands risques dans l’aventure, et pour l’un comme pour l’autre, les « souffrances sont énormes » dans l’acte de création comme dans la vie, puisqu’ils recherchent « l’expérience totale ». Rimbaud entreprend de se faire voyant ; Gu Cheng, lui, désire à la manière des alchimistes « transmuer le passé en avenir, brûler le présent, et, à tous les niveaux de l’être, éveiller le futur vigoureux.[1] » Tous deux, à l’abordage de continents poétiques nouveaux, assumeront le risque de l’hermétisme, auquel ils n’échapperont pas.

Dans ce texte, je vais essayer de rapprocher l’un de l’autre, de présenter leur tentative et leur contribution à la modernité littéraire : issus de civilisations différentes, leur « idéal » estcommun. Dans d’autres civilisations, africaine, arabe, indienne, sans doute existe-t-il des Arthur Rimbaud et des Gu Cheng, sans doute existe-t-il des poètes qui veulent « convertir la poésie conventionnelle en un mouvement de conquête[2] » ; il est impossible de ne pas évoquer cette correspondance mystérieuse entre civilisations et destins humains qui, en apparence, semblent s’ignorer.

I. Rimbaud et Gu Cheng : deux poètes objectifs et voyants

Dans une lettre – désormais très connue – adressée à son professeur Georges Izambard, Rimbaud exprime son intention: « Je me dois à la société, c'est juste…Je serai trvailleur.[3]» Le projet est donc de dédier totalement sa vie à la poèsie dans le but d’apporter à la société le meilleur de cet art. L’expérience se veut totale, être travailleur – dans ce projet – c'est être poète, investir l'espace poétique en conquérant: il s'agit d'embellir la vie, de la magnifier, de la transformer, éternel combat de l'artiste contre la Mort. Ce travail est un vrai travail du poète don’t la poésie est, selon Rimbaud, « la poésie objective », tout à fait opposée à la « poésie subjective.[4] »

Gu Cheng écrit: « Je veux changer l'obscurté ‘criminelle’ de mes poèmes, je veux qu'ils éclairent les ames, tout autant celles qui dorment, que les plus réveillées! Pour que les générations suivantes soient plus ‘grandes’ que la nôtre, nous avons besoin de fenêtres, plus nombreuses, plus grandes, et plus propres. Je dessinerai partout sur cette terre de telles fenêtres, pour que les regards habitués aux ténèbres, prennent le goût de la lumière.[5] » Il s'agit donc là aussi de « changer la vie » – et dans le cas de Gu Cheng, développant des conceptions très personnelles dans un contexe très « normatif », on peut observer comme chez Rimbaud l'authentique de l'expérience.

« La poésie objective est ce qu'un individu fait ou crée, et qui le dépasse; elle est Action. L'action du vrai poète, du nouveau Prométhée, ce sera le vrai travail, c'est Work in progess.[6] » Pierre Brunel, professeur de l’Université de Paris IV, grand spécialiste de Rimbaud, distingue ainsi « poésie subjective » et « objective ». Rimbaud et Gu Cheng sont sans aucun doute deux poètes objectifs.

Pour être un poête objectif, il ne s’agit pas de partir de la réalité pour la transformer, l’embellir ou la magnifier grace à la poésie, il s’agit de pénétrer la réalité pour « arriver à l’inconnu », « d’inspecter l’invisible et d’entendre l’inouï ». Pour Rimbaud, comme pour Gu Cheng, la poésie n’est pas une évasion, elle n’est ni évasive, ni onirique, ni nostalgique, être poète, c’est se coltiner avec la réalité et la réalité est rugueuse. L’opérateur de l’action poétique, c’est le « moi », bien sûr. Mais ce n’est pas le moi empirique, car « Je est un autre », le poète est « chargé de l’humanité, des animaux mêmes.[7]» « Je est un objet, un insecte[8] » dit Gu Cheng. L’excès de lyrisme, le débordement du moi, est un faux travail. Le moi empirique doit laisser la place à d’autres puissances, des forces antérieures à la constitution de la personnalité, des forces venues d’en bas, mais qui disposent d’un pouvoir absolu. Ces forces seules sont capables de s’adapter à la vision de l’inconnu.

Quand on lit Gu Cheng, on peut certes tenir compte de certaines interprétations psychologiques du texte, des expériences de l’enfant et de l’adolescent, mais tout cela n’est pas d’un grand intérêt quand il s’agit de comprendre le « moi » écrivain. C’est à partir du travail forcené du voyant que surgit l’oeuvre ; cette dernière reste objective. Le « moi » de Gu Cheng poète, dans ses dissonances multiples, est le résultat d’une opération d’auto-métamorphose. Ce « moi » peut revêtir tous les masques, s’introduire dans toutes les formes d’existence, de toutes les époques et de tous les peuples. Chez Rimbaud, le « moi » créateur se nourrit « d’images idiotes », de la substance de l’Orient, il s’étend à toutes les planètes et le poète se fait tour à tour Ange ou Magicien. Avec Rimbaud s’accomplit la séparation du sujet écrivant et du moi empirique. Nous retrouvons cette séparation chez Gu Cheng.

Pour arriver à l’inconnu, Rimbaud « [s]’encrapule le plus possible », car « le poète se fait voyant par un long, immense dérèglement de tous les sens.» « Il s’agit de faire l’ame monstrueuse [.....] Imaginez un homme s’implantant et se multipliant des verrues sur le visage.[9]» L’élan poétique de Rimbaud est mis en marche par une sorte d’auto-mutilation. Etre le « comprachito » de lui-même, se transformant lui-même en Gwymplaine, se fendant la bouche jusqu’aux oreilles. Le poète s’implante des verrues sur le visage pour savoir ce que c’est que d’avoir des verrues, devenir capable de parler pour celui qui a des verrues. Tous les malheurs, la folie, le crime peuvent être sciemment provoqués, convoqués, c’est une mise au défi. Cette démarche est familière à Gu Cheng. Curieusement, c’est comme s’il y avait une interaction entre Rimbaud et Gu Cheng : celui-là dicte et celui-ci répond. Gu Cheng a cousu de sa propre main un chpeau ridicule qui ressemble à une moitié de jambe de pantalon. Il ne le quitte jamais. Il a donné cette explication : « Quand je porte ce chapeau, je ne fais plus attention à ce qu’on dit de moi. Avec ce chapeau sur ma tête, je peux faire tout ce que je veux. Ce chapeau est une frontière entre moi et le monde, il me donne la sécurité, c’est ma maison, je pourrais voyager dans le monde entier dans cette maison. [10]» C’est sous ce chapeau que Gu Cheng cultive son ame pour qu’elle soit aussi différente que possible de celles de ceux qui « roulent dans la bonne ornière.[11]»

Un autre exemple de Gu Cheng qui nous fait penser à Rimbaud est son refus de travailler. Après 1980 où le petit atelier ferme ses portes, il n’a plus de « danwei », et il se met « en grève pour toujours. » « Travailler maintenant, jamais, jamais... [12]» dit Rimbaud un siècle plus tôt. Or, en Chine, il est essentiel de travailler pour appartenir à une « danwei », une unité de travail. C’est la « danwei » qui assure la survie de l’individu et sa dignité, absolument tout le monde appartient à une unité de travail. Ne pas avoir de « danwei », c’est se mettre en marge de la société. Ceux qui n’ont pas de « danwei » sont des déchets de la société, d’anciens prisonniers par exemple. Gu Cheng veut volontairement faire partie de cette minorité pour vivre un enlaidissement expérimental de l’ame.

La poésie écrite dans cette marginalité voulue, liée à un a-priori, s’appelle langage nouveau, langue universelle ; il est indifférent d’en définir la « forme ». Elle est le lieu où se rencontrent « le déconcertant, l’insondable, le répugnant, le charmant. » Toutes les catégories sont nivelées, celles du Beau comme celles du Laid. Rimbaud a dit « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes. » Le poète est celui qui a sombré le plus bas, dont le regard porte donc le plus loin, mais qui ne peut être compris de personne, dont la douceur même a des effets mortels. Pas mal de poèmes de Gu Cheng illustrent cette situation, par exemple, Je suis le fils du crépuscule.

II. Rimbaud et Gu Cheng : à l'assaut d'une Beauté poétique inconnue, « être moderne ».

Gu Cheng a écrit en 1980 : « J'aime la beauté et je suis insatiable d'une beauté totalement pure, d'une beauté nouvelle… je vis, j'écris, je cherche la beauté et l'exprime, voilà, c'est mon but.[13] » Pendant une vie de 37 ans, Gu Cheng a écrit plus de mille poèmes, par lesquels il a essayé de dessiner ce qui lui paraît beau.

La Beauté pour Gu Cheng est quelque chose que l'on éprouve temporairement, une image éphémère. Cette sorte d'image ne peut être vue que par le poète voyant, qui s'unit avec la nature, dont la voix est devenue une résonance chez lui, une « nouvelle langue » --- la poésie.

Pour trouver cette Beauté à lui seul, Gu Cheng cherche avec patience / ce que l'on abandonne / et il abandonne furtivement / ce pour quoi l'on se bat pour (Politesse). Il veut à tout prix son originalité, donc la beauté de Gu Cheng n'est pas populaire, il n'écrit pas pour tout le monde. Du tout début jusqu'à sa mort, il ne s'exprime ni en porte-parole du peuple ni en incarnation de la justice. Sa poésie naît de ses besoins de satisfaction personnelle de poète.

Gu Cheng a dit : « La Beauté dont j'ai envie est celle de l'éternité et de la vie.[14] » Pour que la Beauté soit éternelle, il faut éviter la répétition, répéter ce que l'on a déjà dit, qu'il s'agisse d'un thème, d'une idée, d'un mot, d'une expression ou d'une métaphore, n'est pas un art poétique, encore non plus une création. Un des caractères de la création chez Gu Cheng est la destruction du réel. On ne saurait sans doute apprécier aucune création littéraire, encore moins la poésie, en fonction de l'exactitude et de l'exhaustivité de ses contenus visuels se référant à la réalité objective. La fiction littéraire a toujours la liberté de déplacer les éléments du réel, de changer leur ordonnancement, de les resserrer dans des allusions, de faire du réel le médiateur de l'intériorité, d'en faire le symbole d'une situation vécue. Cependant nous savons que depuis Rimbaud, la poésie se soucie de moins en moins des rapports réciproques entre les éléments concrets et leur hiérarchie respective. Cent ans après Rimbaud, dans quelle mesure Gu Cheng s'échappe-t-il de la réalité? Dans son poème intitulé le Fleuve Hivernal, nous avons ces vers: La plage plate comme un drap de laine / s'endort profondément./ Elle est belle./ Cependant il n'y a pas une seule fleur de vie. Dans ces vers, toutes les représentations reflètent le monde réel, il n'y a presque pas une affabulation, les métaphores sont correctement utilisées, cependant le lecteur aurait une image contradictoire d'où vient un sentiment ambigu et complexe. Ce qui pourrait paraître habitable, confortable, est frappé d'un choc violent à la fin du poème et ce choc peut encore être provoqué par un mot brutal ou vulgaire. Cela est un des procédés que Rimbaud utilise très souvent, par exemple, dans le Dormeur du val. Gu Cheng lui aussi connaît cette méthode. Voyons ce poème, les trois premiers vers donnent une image séduisante, la plage est comme un lit confortable équipé d'un drap de laine, de plus elle est silencieuse, c'est un bon endroit de se reposer, de rencontrer son amour. Mais ce n'est que le dernier vers qui joue le rôle principal pour changer toute image du poème, avec ce dernier vers, la plage est devenue un endroit sinistre, un cimetière où on se sent très désagréable, on est prêt à tout moment pour s'enfuire, car l'eau stagnante est trop dangereuse, on ne sait jamais s'il y a des pièges sur cette plage plate comme un drap de laine qui s'endort profondément. Cependant, Gu Cheng a dit la vérité : sur toute plage, il n'y a aucune plante, aucun arbre, aucune fleur, aucun herbe.

Dès que nous poussons plus loin notre analyse dans d’autres poèmes de Gu Cheng, nous devons admettre que nous ne pouvons plus nous contenter des concepts d’ «irréel »et de « réel ». Avec le matériel de la réalité, Gu Cheng nous présente souvent une série d'images, dont chaque partie constitutive possède une certaine qualité et a un sens. De tels groupes réunissent cependant des éléments objectivement inconciliables, de manière tellement anormale, que ces éléments concrets et accessibles aux sens finissent par faire naître une structure irréelle. Et pourtant, il s'agît toujours d'images très visuelles; mais ces images sont telles qu'aucun oeil humain ne les contemplera jamais : elle a vu sa bouche tomber par terre ; un poison qui fume ; une voiture multicolore devient sucrée dans le ciel ; les vers luisants allument mes larmes, etc. De telles images peuvent parfois donner une force plus grande aux éléments que recèle le réel. Nous accueillons les fruits murs, / Nous inventons ce qui s'est fait avec succès ; Le poisson emmène un arbre dans l'air / s'égoutte ; ces éléments sont réels et concrets, le poète les a élevés jusqu'au rang de la surréalité par contradiction, omissions, glissements, de sens, associations sémantiques inattendues. Ce mouvement est celui de la « dictature » de l'imaginaire qui ne respecte plus les catégories de la perception ou de la description, et bouleverse les structures de l'espace. Cette idée qui désigne la force de frappe de la poésie que Rimbaud possède le premier, rend désormais inutile notre intention de comparer les textes au réel --- ce que nous dictait notreseul souci heuristique.

« La Beauté pure » désigne non seulement une beauté non polluée, vue par lui seul, mais veut dire aussi que la beauté pure ne porte souvent aucune signification: La Voie lactée, en somme, c'est la Voie lactée,/ Sa beauté ne démontre pas sa signification, a dit un poème de Gu Cheng.

Les Lignes en Arc (Hu Xian) a provoqué une ardente discussion. Ceux qui ne l'aiment pas, ou ne le comprennent pas, le commentent ainsi : On ne pourra jamais comprendre ce que ces images du poème Les Lignes en Arc veulent dire. Il n'y a aucune signification, aucune beauté! Parce que dans la vie quotidienne il existe trop de lignes en arc. Par exemple, une mouche qui tourne autour d'une assiette, ce n'est pas beau du tout. Si le poète voulait donner une signification particulière, nous n'aurions que les images des « lignes en arc », ce n'est qu'une énigme, qu'un jeu de mots. C'est une manière de rendre délibérément mystérieuses des choses simples, d'agir à la façon d'un malade. En revanche, les lecteurs qui aiment ce poème disent qu'il est bien allégorisé, porte beaucoup de sens. Changer de direction (en chinois veut dire que le flatteur change de sa flatterie), reculer, s'étendre pour réaliser son rêve (mauvaise ambition), toutes ces images font une grande opposition à celle du jeune garçon. Donc, selon eux, le poème a un sens tout à fait positif. En effet, s'étendre pour réaliser son rêve ne veut pas forcément dire « arrivisme ». De même, les vagues élèvent leurs épaules pour reculer peut vouloir dire qu'il s'agît d'accumuler de l'énergie pour mieux s'avancer …Le poète illustre la beauté vue par son poème, sa tâche s'accomplit. Le lecteur a toute la liberté de l'aimer et de l'interpréter. Un poème porte souvent la même valeur qu'une peinture ou un morceau de musique; la seule différence est que la poésie se présente sous la forme d'une langue qui peut porter un sens.

La vie est multicolore, en désordre, la tâche du poète est de ramasser toutes sortes de beauté recelées dans la vie, et les restaurer dans leur nature. Sur la prairie saute un lièvre, / Le lièvre gris a des yeux brillants(Ode au Monde). Gu Cheng donne une explication à ses deux vers: « Quand le lièvre veut sauter, il saute, il n'y a aucune explication logique. » « La beauté, c'est la vie réelle et simple, c'est un panier tressé avec de l'eau de mer.[15] »

Rimbaud a éprouvé le problème de la langue cent ans antérieurement à Gu Cheng. Chez lui, il ne s'agit pas seulement des langues humaines, mais de toutes les langues qui peuvent exister dans notre monde, donc une mise en communication avec les langues des animaux, leurs cris, leurs chants, tous leurs moyens d'expression, tout ce qui existe dans la nature ; ceci repose sur cette idée que nous trouvons chez tant de grands écrivains du 19e siècle : la nature entière peut être considérée comme un texte, et les différentes régions de la nature peuvent se traduire les uns les autres, se traverser les unes les autres par l'intermédiaire d'un certain nombre de grilles de correspondances. C'est à partir de cette théorie que Rimbaud rêve d'inventer une langue nouvelle qui viendrait en provenance du travail sur la langue qu'il maîtrise, mais impliquerait l'étude des autres langues: anglais, allemand, italien, espagnol, arabe, … etc. Il a voulu, par ses efforts, reconstruire une sorte de Tour de Babel pour voler le feu du ciel en faveur de l’humanité. Cependant, il n’y est pas parvenu, il n’a pu qu'approcher un « inconnu ». « Je suis rendu au sol avec un devoir à chercher[16] », dit-il, alors qu'il n’avait que dix-huit ans; il a alors le courage de se taire, lorsqu’il parvient à ce point où son oeuvre, qui détruit le « moi » comme le monde, commence à se détruire elle-même. Ce silence fait intégralement partie de son oeuvre poétique elle-même comme la suicide de Gu Cheng. Gu Cheng, lui, est détourné de son propre chemin. Il apprend plus tard comme Rimbaud, que pour lui, le même silence serait encore préférable. « Je ne rêve plus, j'abandonne mon idée de changer la vie et de me changer moi-même.[17] » « Je cherchais le ‘moi’, c'est totalement ma faute. [18]» Après, il se retire du monde moderne pour s'enfermer sur une île déserte, puis se suicide. « Il m'est nécessaire de mourir.[19] » Chacun à leur manière, lorsqu’ils se sont trouvés dans une impasse, dans l’impossibilité de créer, ont quitté le monde, le monde de la poésie pour Rimbaud, le monde des vivants pour Gu Cheng. Que Gu Cheng, qui n’a jamais lu Rimbaud, soit aussi semblable à ce dernier, ne cesse d’être troublant.

Références et Bibliographie
[1] [2] [4] [7] [9] [12] [13] [14] [16] [17] [18] GU Cheng, OEuvres complètes de Gu Cheng, éd. par Gu Gong, 2e édition, Shanghai, Shanghai Sanlian Librairie, 1997, 930 pages.
[3] [6] [8] [10] [11] [15] RIMBAUD Arthur, Arthur Rimbaud, OEuvres complètes, Poésie, prose, et correspondance, introduction, chronolgie, édition, notes, notices et bibliographie par Pierre Brunel, la Pochothèque, 1999, 1040 pages.
[5] BRUNEL Pierre, Arthur Rimbaud ou l'éclatant désastre, champ Vallon, 1983; Rimbaud, projet et réalisations, Champ, 1983.








Edité par Yao Xiaodan

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