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Retour sur les relations sino-européennes en 2012
Source : La Chine au présent 2013-01-13
L'année 2012, marquée par la persistance de la crise économique mondiale, touche à sa fin. L'occasion de faire une rétrospective sur les relations entre la Chine et l'Union européenne.

C'est un fait qui met en évidence le rééquilibrage de l'ordre économique mondial : l'Union européenne est le premier partenaire commercial de la Chine et la Chine est le deuxième partenaire commercial de l'Union européenne après les états-Unis.
 
En 2012, la Chine a maintenu une croissance économique relativement rapide, tandis que les économies de l'UE étaient toujours aux prises avec la crise de la dette. Bien que l'année dernière ne fut pas remarquable en termes de volume d'échanges commerciaux entre la Chine et l'UE, les relations politiques entre ces deux régions ont cependant continué de grandir.
 
En reconnaissance de l'importance des liens économiques entre ces deux parties, une relation politique systématique à divers niveaux, basée sur la coopération mutuelle, s'est construite entre les deux régions. Le commerce, couplé à l'entente politique, garantit la prospérité durable des relations Chine-UE.

Une relation qui a évolué
 
Les relations économiques et commerciales font historiquement figure de pierre angulaire des rapports entre la Chine et l'UE. En dépit des rapides changements qui sont intervenus dans les relations commerciales internationales, l'augmentation des volumes commerciaux bilatéraux a continué sa course. Et en 2012, malgré la stagnation de l'économie mondiale, les deux parties ont dans l'ensemble conservé des relations économiques et commerciales stables.
 
En regardant au-delà des chiffres, on s'aperçoit toutefois que l'importance des liens bilatéraux entre la Chine et l'UE a crû significativement dans le contexte de relations entre les puissances mondiales. Le monde prête désormais une plus grande attention aux vicissitudes de leur relation ; les conflits commerciaux, les appels au protectionnisme européen, et même la menace de guerres commerciales ne présagent rien de bon. Et alors que le volume commercial devrait continuer sa hausse dans un avenir proche, le prix de la discorde n'a jamais été aussi élevé.
 
Selon les dernières données publiées par le ministère chinois du Commerce, l'Union européenne était encore le plus important partenaire commercial de la Chine en 2012. Du fait de l'effondrement économique européen, au cours des neuf premiers mois de l'année 2012, les exportations chinoises vers l'UE se sont chiffrées à 250,46 milliards de dollars, soit une baisse de 5,6 % en glissement annuel. Les importations chinoises depuis l'UE ont à l'inverse enregistré une hausse de 2,1 % en glissement annuel, atteignant le montant de 160,53 milliards de dollars. Par ailleurs, selon les données communiquées par Bruxelles, la Chine reste le second partenaire commercial de l'UE, avec des échanges bilatéraux estimés inférieurs de 46 milliards au total commercial généré par les échanges entre l'UE et les états-Unis.
 
Pour ce qui est de l'investissement, d'après le ministère chinois du Commerce, les 27 pays européens ont fondé au total 1 418 nouvelles entreprises en Chine au cours des dix premiers mois de l'année, soit une augmentation de 2,75 % en glissement annuel. Cependant, les investissements concrets étaient de 5,236 milliards de dollars, soit une chute de 4,95 % par rapport à 2011. L'Allemagne reste le principal investisseur en Chine, ayant injecté 1,279 milliard dans ce pays entre janvier et octobre. En considérant chaque pays séparément, l'Allemagne se place au septième rang sur la liste des investisseurs étrangers en Chine, suivi par les Pays-Bas avec 1,01 milliard de dollars, le Royaume-Uni avec 0,833 milliard et la Suisse avec 0,809 milliard.
 
Dans le même temps, les investissements chinois vers l'UE ont enregistré une rapide hausse. Selon les données publiées à la mi-septembre par A Capital, un fonds de capital-investissement, le total des IDE chinois a augmenté de 67 % au deuxième trimestre 2012 en glissement annuel. La valeur des investissements a dépassé les 24 milliards de dollars, dont 5 milliards à destination du marché européen, soit une hausse annuelle de 95 %. L'Europe ne tardera pas à devenir la destination favorite des IDE chinois dans les secteurs autres que celui des matières premières. Au sein de l'UE, les autres destinataires principaux des IDE chinois incluent le Portugal, l'Allemagne et la France.
 
Sur fond de perspectives économiques déplorables, de crises de la dette souveraine récalcitrante et d'un lourd fardeau financier lié aux plans de sauvetage de cette dette, l'Europe s'est, dans une certaine mesure, repliée sur elle-même. De plus en plus de voix appelant au renforcement du protectionnisme commercial se sont élevées. Le commerce de l'UE avec la Chine a alors servi de bouc-émissaire opportun pour expliquer les difficultés économiques de la région.
 
Par conséquent, 2012 a vu la hausse des conflits commerciaux entre la Chine et l'UE. En juin dernier, les sociétés européennes spécialisées dans l'énergie solaire, avec en pôle position l'allemand SolarWorld AG, ont officiellement porté plainte auprès de la Commission européenne, réclamant l'ouverture d'une enquête antidumping contre les produits chinois photovoltaïques. La Commission a lancé cette enquête en septembre.
 
Actuellement, l'Europe est le premier marché des produits photovoltaïques au monde, ainsi qu'une destination principale des produits photovoltaïques chinois exportés. En 2011, la valeur à l'exportation des produits photovoltaïques chinois à destination de l'UE atteignait 21 milliards, représentant 73 % du total des gains à l'exportation pour cette industrie. En termes de valeur commerciale, cette affaire constitue le différend commercial le plus important que le monde n'ait jamais connu. Du point de vue de la Chine, il s'agit là d'une main mise flagrante sur cette industrie en plein essor de la part des sociétés européennes de l'énergie solaire. Si l'UE finit par imposer des sanctions, les sociétés photovoltaïques chinoises accuseront inévitablement de lourdes pertes. Une telle démarche accentuerait les conflits commerciaux et la Chine serait peut-être forcée de contre-attaquer en adoptant des mesures de représailles.
 
La politique pour un avenir meilleur
 
Sur le plan politique, la Chine et l'UE ont mis en place une plate-forme de dialogue systématique à plusieurs niveaux pour le commerce et la coopération économique, incarnée par le Sommet annuel Chine-UE. Depuis le sommet inaugural de Londres en avril 1998, les deux parties se sont rencontrées quinze fois lors de cette réunion annuelle. Le 14 février 2012, la 14e rencontre des instances dirigeantes s'est tenue à part à Beijing. Ce sommet devait en premier lieu se dérouler en octobre à Tianjin, mais avait été reporté du fait des négociations en cours sur la crise de la dette.
 
Le 19 septembre, le coup d'envoi du 15e Sommet Chine-UE a été donné à Bruxelles, comme prévu. Ces sommets sont l'occasion pour les deux parties d'exprimer leurs avis sur la tournure que prend cette relation bilatérale. Considérant l'impact dévastateur sur l'industrie chinoise qui pourrait résulter de l'aggravation des conflits commerciaux relatifs aux produits photovoltaïques, les négociations lors de ce 15e Sommet ont souligné l'importance d'éviter les sanctions. L'UE a fait part de sa volonté d'apaiser la dispute et s'est également engagée à suspendre ses enquêtes en recours commercial sur les outils de communication sans fil produits par les deux groupes chinois ZTE et Huawei. Un signe positif.
 
La relation sino-européenne a été marquée en 2012 par l'amélioration des échanges culturels bilatéraux. En février, l'Année du dialogue interculturel UE-Chine a été lancée à Bruxelles. En avril, la conseillère d'état chinoise Liu Yandong a inauguré le Dialogue interpersonnel de haut niveau UE-Chine, en compagnie de ses homologues européens. Dans le cadre de l'Année du dialogue UE-Chine, les deux parties ont planché sur 300 initiatives pour améliorer les échanges dans les domaines de la littérature, des arts, de la philosophie, des langues, de la presse et des publications, des sports, de l'aide aux jeunes, du tourisme, etc. Des activités ont été menées dans 22 provinces chinoises, municipalités et régions administratives spéciales, ainsi que dans les 27 pays membres de l'UE. Par le biais du dialogue, la Chine et l'UE ont travaillé ensemble à l'organisation et à la coordination d'évènements, promouvant ainsi les échanges interpersonnels bilatéraux parmi les populations. Cette Année du dialogue a permis d'accroître considérablement la compréhension mutuelle.
 
Le dialogue sur les droits de l'homme est un autre aspect de la relation Chine-UE. Le 29 mai 2012, la 31e édition du Dialogue Chine-UE sur les droits de l'homme s'est tenue au siège de l'UE à Bruxelles. Au cours de cette rencontre, les deux parties ont rappelé leur progrès dans ce domaine, puis ont échangé leurs opinions sur certains thèmes comme la coopération internationale en matière des droits de l'homme, l'application de la loi et la discrimination raciale. La Chine a exposé rapidement sa position de principe sur les questions se rapportant au Tibet, au Xinjiang et à son système juridique. Des représentants ont demandé à l'UE de respecter les intérêts et les préoccupations de la Chine, pour ne pas s'ingérer dans les affaires internes de la Chine et garantir une analyse objective et impartiale de la situation des droits de l'homme dans ce pays. L'UE a, quant à elle, présenté ses progrès en matière de protection des droits des immigrés et des communautés ethniques et religieuses minoritaires. Depuis 1999, l'UE et ses états membres n'ont déposé aucune motion sur les droits de l'homme en Chine auprès des Nations unis, grace aux résultats positifs des discussions entre la Chine et l'UE dans ce domaine. De ce fait, le dialogue bilatéral a sans aucun doute joué un rôle actif dans l'approfondissement de la compréhension mutuelle et la réduction des conflits.
 
La Coopération doit encore être améliorée.

Depuis que l'UE a lancé en 1995 une « politique à long terme avec la Chine », la Chine et l'UE ont joui de 17 années d'échanges allant toujours se perfectionnant. Des représentants au plus haut niveau de chacune des parties ont rehaussé les relations bilatérales, passant d'un « partenariat constructif » à un « partenariat stratégique global ». Sur presque deux décennies, la Chine et l'Europe, travaillant de concert, ont réalisé des accomplissement impressionnants dans leurs échanges économiques et commerciaux, et ont graduellement intensifié leur coopération politique, culturelle, sociale et culturelle.

Mais il reste des problèmes. Comment continuer à faire avancer la relation d'une manière constructive ? Voilà ce qui restera la préoccupation principale en 2013 des nouveaux dirigeants élus de chaque côté.

La relation bilatérale devrait continuer à aller de l'avant, tout en maintenant une coopération étroite face à un paysage géopolitique volatile et incertain. Les deux parties devraient travailler ensemble pour faire avancer le processus de « multipolarisation », réduire les conflits et les frictions bilatérales dans les domaines politique et économique, et augmenter la compréhension mutuelle et la confiance stratégique.

Afin de réaliser ces objectifs, la Chine et l'Europe devraient travailler ensemble. La relation bilatérale est d'une importance primordiale pour les deux parties et pour le monde. La discorde entre ces deux entités politiques d'envergure mondiale serait dommageable à la communauté internationale et aux chances de construire une paix mondiale durable. Les contradictions et les conflits doivent être traités dans un esprit constructif et en gardant en mémoire l'objectif plus large des intérêts communs.

La relation Chine-UE a changé en même temps que se modifiait le paysage international, dont la caractéristique principale a été la montée des nations en développement et le déclin relatif de l'influence des pays occidentaux. Peut-être l'Europe ressent-elle un malaise face à une Chine qui monte – les traditions culturelles, les idéologies et les institutions sociales sont très différentes.

Eberhard Sandschneider, directeur du Research Institute of the German Society for Foreign Policy, a déclaré que les succès abasourdissants en économie accomplis par la Chine tout en évitant la voie démocratique occidentale, a suscité l'inquiétude. D'après lui, après trente années de développement économique, la Chine s'est dotée de la capacité à transformer ses succès économiques en atout politique. Mais du point de vue européen, en tant qu'un des décideurs du jeu politique international, il est très difficile d'admettre un nouveau joueur puissant ou les suggestions qu'il est en droit d'avancer. Tandis que pour la Chine, il est primordial de voir objectivement son nouveau statut international et sa nouvelle puissance nationale, et d'envisager ses nouvelles responsabilités avec sobriété et sang-froid.

Se tournant vers le futur, il est nécessaire pour les deux parties de définir une série de priorités mutuellement bénéfiques, qui feront avancer la relation Chine-EU. D'abord, elles devraient envisager le développement de relations bilatérales saines comme un jeu « gagnant-gagnant ». Ce « jeu » ne bénéficiera pas seulement aux deux parties, mais aussi aux relations entre les pays émergeants et les pays développés en général.

L'Europe devrait reconnaître que la montée pacifique de la Chine implique qu'un cinquième de la population mondiale s'est finalement extrait de la pauvreté et qu'une société modérément prospère a vu le jour. C'est une bonne chose pour l'Europe et pour le monde. Entre-temps, le développement de la Chine a aussi fourni des opportunités de développement pour les économies et les entreprises européennes. En 2012, en dépit de ses engagements financiers dans des plans de sauvetage, l'économie allemande faisait encore figure d'exception en matière de performance économique. Les mérites pour cette croissance devraient, pour une part au moins, revenir à la Chine. à l'examen, les deux pays ont réalisé avoir des économies complémentaires qui tiraient profit de leurs industries réciproques. Les deux parties ont gagné à commercer entre elles.

Quant à la coopération entre la Chine et l'Europe dans son ensemble, les deux parties devraient se concentrer sur les complémentarités et chercher à tirer pleinement profit des intérêts communs. Lors de sa visite en Europe en mai, le vice premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré : « Il serait fantastique que les projets et technologies européens soient finalement vendus sur les marchés chinois et bénéficient aux produits manufacturés chinois. » Cette déclaration incarne le concept d'échange gagnant-gagnant.

Enfin, les bénéfices réciproques ne devraient pas être oubliés, même lorsqu'on a affaire à des contradictions. Lors du sommet Chine-UE de septembre 2012, Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen, a déclaré que les économies de la Chine et de l'UE étaient devenues interdépendantes et inséparables en un très court laps de temps. Dès lors, en matière d'économie et de commerce, les sanctions et les contre-sanctions ne peuvent qu'engendrer des pertes pour les deux parties. Communiquer à travers le dialogue et les échanges de personne à personne, et ne jamais oublier que si les deux parties sont entrées en pourparlers, c'est pour en retirer des bénéfices mutuels, devrait assurer que les contradictions soient évitées dans le futur.








Edité par Yao Xiaodan
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