Bien que les Français s'attachent à des
valeurs individualistes, ils accordent également de l'importance à l'idée
louable de la collectivité.
Quelqu'un m'a
confié un jour, qu'à son arrivée en France, il eut la profonde impression de
sombrer dans un vaste océan d'individualisme, face au narcissisme et à la
personnalité affirmée des Français, à leur penchant pour la grève, à leur
manque d'esprit collectif et de sens des responsabilités, etc. Ce jugement peut
se révéler vrai pour certaines personnes et dans une certaine mesure, mais il
serait injuste de conclure que l'ensemble de la nation française se comporte
ainsi.
Bien que les Français s'attachent à des valeurs individualistes, ils accordent également de l'importance à l'idée louable de la collectivité. La devise « Liberté, égalité, Fraternité » invite non seulement à la poursuite de valeurs individuelles, mais appelle également au concept d'aide sociale.
La
poursuite de valeurs individuelles
L'individualisme,
qui ne doit pas être assimilé à l'égoïsme, est une idéologie qui consiste à
attacher de l'importance aux valeurs individuelles. Les Français accordent
ainsi une place considérable à leurs propres valeurs et aspirent à leur liberté
personnelle. Ils savent débattre, quitte à « sortir des rangs »,
c'est-à-dire qu'ils ne se plient pas aux idées ni à la volonté des autres et se
distinguent de la population par leurs positions. Les Français sont éloquents, pas simplement
parce qu'ils ont des opinions à partager, mais surtout parce qu'ils ont le
courage de dévoiler leur personnalité. Ils ne veulent généralement pas devenir
les adeptes d'une idéologie, ni les sympathisants d'un point de vue. En France,
la coutume veut que l'on apprenne aux enfants dès leur plus jeune age à
maintenir leurs propres opinions et à affirmer leurs points de vue
indépendamment des autres. Selon moi, ce n'est pas par désir de s'exprimer,
mais principalement pour se présenter et s'accomplir soi-même, pour penser et
s'exprimer par soi-même. Les Français renvoient l'image de gens discrets,
sobres, mais cet « individualisme » leur donne également une certaine
confiance en eux.
Cet individualisme
mettant l'accent sur les valeurs personnelles accorde également de l'importance
à la réalisation de soi, c'est-à-dire à l'atteinte d'objectifs personnels, tout
en considérant que la réussite personnelle n'est possible qu'au prix de grands
efforts et d'une lutte acharnée. Dans la société chinoise actuelle, un
phénomène s'observe de plus en plus chez les jeunes : ils comptent sur
leurs parents pour subvenir à leurs besoins. Pour plaisanter, les gens disent
souvent que les mères des filles sont responsables de la hausse du prix de
l'immobilier, car elles souhaitent généralement que le futur marié achète une
maison avant de marier leur fille. Les jeunes Français n'ont pas pour habitude
de vivre aux dépens de leurs parents. Ils sont généralement bien plus ouverts
d'esprit que certains jeunes Chinois, au moment de se mettre en couple et de
parler du mariage. Bien que certaines s'intéressent
aussi particulièrement aux conditions matérielles, il n'est pas question pour
les jeunes filles françaises de se marier en échange d'une maison et d'une
voiture. Elles ne sont pas non plus du genre à faire acheter une maison à leur
futur époux avant d'accepter le mariage. Elles estiment qu'il faut compter sur
leurs propres capacités pour construire sa vie, et non sur autrui. Dans
l'ensemble, les jeunes Français acceptent de vivre dans un appartement en
location et de fonder une famille dans ces conditions. Certains restent même
locataires toute leur vie. De plus, les filles françaises ne considèrent pas
non plus qu'il soit du devoir de l'homme d'acheter une maison avant le mariage.
En outre, à aucun moment les parents français n'encouragent leurs enfants à
s'assurer de bonnes conditions de vie matérielles en s'appuyant sur autrui.
Lorsqu'une mère marie sa fille, elle se préoccupe surtout du bonheur de
celle-ci auprès de son futur époux, plutôt que des ressources matérielles de ce
dernier.
Les valeurs de
l'individualisme mettent également l'accent sur l'égalité entre les hommes. En
y prêtant attention, on s'aperçoit qu'en France, lorsque les gens présentent
leur activité professionnelle, ils utilisent souvent un vocabulaire très
neutre, comme par exemple, coiffeur, chef d'entreprise, agent d'entretien,
enseignant, commerçant, etc. Ces dénominations d'emplois servent à mettre en
relief la part technique du travail de la personne, et non la classe sociale à
laquelle elle appartient, qui pourrait être révélée par une explication plus
détaillée de sa profession. à travers cette habitude de présenter son emploi,
dans la manière et le vocabulaire, on perçoit clairement l'appel latent à
l'égalité entre chaque homme, faisant ressortir l'idée d'égalité dans
l'individualisme.
En accord avec
cette idéologie individualiste, les Français font également preuve d'un plein
respect envers les autres. En France, les gens adhérent à ce précepte : la
liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Bien que certains
considèrent que derrière l'individualisme des Français se cache une idée de
narcissisme inacceptable (et non d'égoïsme, ces deux termes ne sont pas
synonymes), c'est précisément ce sens de l'individualisme qui dessine et
établit des règles pour le respect d'autrui en société. L'individualisme est
donc un facteur essentiel de la morale sociale.
Cet
individualisme que prêchent les Français ne les encourage pas à tout
prix à adopter des idées et des comportements individuels, mais plutôt à
s'intéresser à l'être humain. Il ne s'agit pas d'exclure tout comportement
collectif en société, ni de couper toute relation interdépendante avec un
groupe ou la société. La multitude des associations qui existent dans le pays
montre clairement que les Français ne sont pas contre la vie en société ni le
collectivisme. Dans le même temps, cette existence de diverses associations
permet de refléter les différents groupes composés de personnes ayant les
opinions et les aspirations variées, mettant ainsi en lumière l'existence de
ces individus.
Selon moi, dans la
société française, coexistent à la fois les valeurs individualistes et l'esprit
d'équipe et de coopération. Bien que l'individualisme possède une place
centrale, il se borne au respect d'autrui. En transgressant, en allant au-delà
de ces limites, toute coopération n'est plus possible. Les valeurs
individualistes françaises, tout en soulignant les valeurs personnelles,
prêtent attention au respect des autres, ce qui permet de gagner leur
considération en retour, instaurant ainsi une atmosphère de respect mutuel.
Bien sûr, l'individualisme ne doit pas dépasser un certain stade et devenir de l'égocentrisme. En fait, le concept de l'individualisme français n'approuvent pas non plus l'égoïsme. Toutefois, les Français n'adoptent pas la même attitude que les Chinois envers les égocentriques. De manière générale, précisément par respect pour les valeurs individuelles, ils se retiennent de critiquer ce comportement.
La
coexistence de la conscience collective
Le terme
« individualiste » est souvent employé pour caractériser l'esprit
français. Mais dans leurs valeurs existe de la même façon l'esprit collectif.
Les Français
participent activement à l'interaction sociale par le biais d'innombrables associations.
Ils expriment leurs volontés de façon collective et prennent part à l'action
sociale. Créer des associations est un phénomène culturel de longue date en
France. Les associations occupent une place importante dans la vie des
Français. Dans l'histoire de
A travers les associations,
l'esprit et l'action bénévoles sont largement reconnus et loués par les
Français. Beaucoup œuvrent au sein de diverses sortes d'associations, à titre
bénévole. Ils s'investissent pour servir au mieux la société et autrui. Tout en
se consacrant à la société, ils s'accomplissent eux-mêmes.
Pour les Français,
travailler honnêtement et respecter la loi sont des règles qui dépassent les
relations humaines. Les règles reflètent sans doute une morale prônant la
pensée et la conduite collectives. Par conséquent, l'esprit collectif des
Français se retrouve partout.
Malgré leur
personnalité bien connue, leur habitude de défier de nombreuses affaires, les
Français agissent généralement selon les règles établies et respectent l'esprit
de coopération. C'est bien pour cette raison que, comme beaucoup de mes
compatriotes, j'ai eu le sentiment que les liens interpersonnels dans la
société française étaient relativement faciles et que les gens sont moins
impatients et moins intéressés. Par exemple, au travail, tout le monde respecte
les procédures et le règlement. Peu de place est laissée à l'expression des
relations humaines. L'emploi de chacun est bien distinct et les critères
d'évaluation des performances des individus sont relativement clairs. Il n'est
nul besoin d'entretenir de bonnes relations avec les dirigeants ou les collègues :
il suffit d'être performant. Il s'agit d'un phénomène général : les
Français évoluent dans cet état d'esprit. Bien qu'au travail se forment
également de petits groupes, leur impact est loin d'être dominant. Sur ce plan,
le concept d'individualisme contribue à l'écologie sociale, propice aux
relations interpersonnelles.
Dans la société
française, la pensée culturelle qui préconise de « parvenir
à un consensus au travers de délibérations » est omniprésente. Ce
concept est précisément le reflet de la coexistence et des relations entre
l'individuel et le collectif. La morale de l'individualisme se traduit par
l'idée que l'homme existe en tant qu'individu, alors que la morale du groupe se
caractérise plutôt par des règles à adopter en société.
Edité par Yao Xiaodan