Proposer et développer une économie humaniste constitue d'une part une étape nécessaire pour enrichir les théories innovantes du Parti communiste chinois et construire un système de philosophies et sciences sociales aux caractéristiques chinoises, et d'autre part un choix essentiel pour favoriser l'épanouissement intégral de l'individu et accélérer la modernisation chinoise.

Mettre en valeur la logique centrée sur le peuple de la modernisation chinoise

L'économie humaniste, en adhérant à une philosophie de développement centrée sur l'humain, dépasse fondamentalement la logique du capital de la modernisation occidentale qui « voit les choses et non la personne ». Elle apporte une réponse directe au débat persistant entre « l'ancien et le moderne, le chinois et l'occidental » dans la modernisation.

L'économie humaniste incarne une innovation théorique dans l'adaptation du marxisme au contexte chinois et aux exigences de l'époque. Elle puise dans la pensée économique traditionnelle chinoise centrée sur le peuple, telle que les concepts « enrichir le peuple » et « nourrir le peuple », et affirme le principe fondamental selon lequel « les montagnes et les rivières, c'est le peuple ; le peuple, c'est le pays ». À l'ère du numérique et de l'intelligence, la révolution technologique incarnée par l'intelligence artificielle refaçonne les relations entre l'homme et la machine, suscitant une réflexion renouvelée sur la valeur de l'agir humain. En valorisant la dimension humaniste de l'activité économique et en intégrant des éléments humanistes dans l'analyse des moteurs du développement de haute qualité, l'économie humaniste constitue progressivement un paradigme théorique aux caractéristiques chinoises.

L'économie humaniste franchit les limites théoriques de l'économie occidentale dominante. Elle s'enracine dans les réalités chinoises, se fonde sur la culture chinoise et se concentre sur les problématiques chinoises. Sa proposition et son développement dans la nouvelle ère représentent non seulement un dépassement des récits centrés sur l'Occident dans le système théorique, mais encore une voie pour favoriser l'épanouissement des philosophies et sciences sociales à caractéristiques chinoises, en s'appuyant sur la bonne culture traditionnelle de la Chine.

Valoriser la promotion mutuelle et le progrès conjoint de la culture et de l'économie

L'interaction entre culture et économie se manifeste à travers plusieurs tendances observables. L'une d'elles est « l'économisation » de la culture, où celle-ci dynamise le développement socioéconomique. En tant qu'ensemble de valeurs et de préférences comportementales, la culture façonne la pensée et la logique pratique des individus, influençant ainsi l'économie. Premièrement, elle cultive l'esprit humaniste. Les cultures traditionnelles, comme celle prônant l'instruction et l'éducation, nourrissent l'éthos des enseignants, scientifiques, entrepreneurs et artisans, fournissant ainsi un capital humain de qualité qui soutient la prospérité économique. Deuxièmement, elle crée un environnement humaniste. L'intégration des relations éthiques traditionnelles dans le système de marché moderne contribue à optimiser l'environnement des affaires par des normes morales, ce qui réduit les risques éthiques et les frictions institutionnelles. Troisièmement, elle forge des marques à dimension humaniste. Au niveau des entreprises, le renforcement de la culture d'entreprise (intégrité, innovation) accroît l'influence des marques. Au niveau urbain, la préservation et la transmission du patrimoine culturel promeuvent le renouvellement urbain et la construction de marques urbaines, impulsant un développement de haute qualité grâce à l'intégration « industrie-ville-culture ».

Une autre tendance est la « culturalisation » de l'économie, où le développement économique consolide l'essor culturel de qualité. Premièrement, cela se reflète dans l'expansion vigoureuse de l'industrie culturelle. En transformant les ressources culturelles en atouts industriels, celle-ci facilite non seulement la transformation et la modernisation économiques, mais aussi la transformation créative et le développement innovant de la bonne culture traditionnelle chinoise. Les effets de démonstration innovante et de débordement des modèles « culture + » — tels que l'intégration culture-tourisme et culture-technologie — renforcent davantage la compétitivité mondiale de la culture chinoise. À titre d'exemple, au 30 juin 2025, le box-office total du film d'animation chinois « Nezha : L'Enfant-Démon Vainqueur des Mers » se classait au cinquième rang mondial. Deuxièmement, on observe un tournant humaniste dans les activités économiques. La culture imprègne la chaîne industrielle entière, avec des éléments culturels comme le design créatif et la publicité qui génèrent une plus-value accrue. Parallèlement, tandis qu'émergent et évoluent la culture moderne et les forces productives, de nouveaux concepts culturels tels que la théorie des « Deux Montagnes » [les eaux limpides et les montagnes verdoyantes sont des atouts inestimables] se forment aux côtés de la culture traditionnelle, constituant ensemble le paysage culturel de la modernisation chinoise.

L'interaction entre culture et économie soutient l'innovation de haute technologie et conduit le développement de qualité. Culture et économie s'influencent mutuellement et évoluent dynamiquement, faisant progresser de concert la modernisation chinoise. Leur promotion mutuelle et leur progression conjointe coordonnent non seulement le matériel et l'intellectuel, mais relient encore tradition et modernité, stimulant l'innovation pour un développement de qualité. Les pratiques économiques ont conduit à l'itération des valeurs, donnant naissance à des cultures d'innovation et d'entrepreneuriat telles que la « Voie de Kunshan » [Kunshan BEST : bénéfice (B), efficacité (E), service (S) et technologie (T)] et l'esprit des « Quatre Mille » [décrivant la combativité entrepreneuriale des commerçants du Zhejiang qui ont parcouru des milliers de lieues, essayé des milliers de méthodes, prononcé des milliers de mots et enduré des milliers d'épreuves]. Dans le contexte de la transformation numérique, les entreprises des provinces du Jiangsu et du Zhejiang ont hérité et transmis cet esprit à la nouvelle ère, alimentant l'innovation de haute technologie et menant le développement de qualité. Aujourd'hui, Suzhou abrite sept « Usines Phares » représentant la pointe mondiale en fabrication intelligente et numérisation, se classant au premier rang national. Hangzhou a réalisé des percées dans les technologies clés de domaines pionniers comme l'IA, et ses « Six Petits Dragons » dont DeepSeek sont devenus de nouveaux acteurs influents.

Faire progresser la recherche de l’économie humaniste

La recherche en économie humaniste doit se caractériser par une confiance culturelle et une innovation ancrée dans la tradition. Il importe d'adopter une approche dialectique des cas pratiques, théories et méthodes étrangers en économie culturelle, en s'inspirant des acquis positifs de la recherche internationale en cette matière.

En s'appuyant sur les pratiques économiques humanistes de la Chine et suivant une approche axée sur les problèmes, l'originalité de l'économie humaniste doit être renforcée. En systématisant les expériences et leçons tirées des pratiques chinoises en économie humaniste, nous pouvons identifier de nouvelles problématiques à l'intersection de la culture et du développement économique, et dégager les lois régulières et catégories conceptuelles de l'économie humaniste. Cela permettra de stimuler continuellement l'innovation des connaissances, des théories et des méthodologies en économie humaniste. La recherche en économie humaniste doit se consacrer à résoudre les problématiques chinoises — par exemple, comment faciliter la transformation mutuelle des avantages culturels et économiques, comment faire progresser la prospérité commune dans les vies matérielle et intellectuelle, et comment consolider la subjectivité culturelle à l'ère numérique. L'innovation théorique en économie humaniste doit guider la pratique et fournir des réponses scientifiques aux questions posées par la Chine, le monde, le peuple et notre époque.

Il est également essentiel de renforcer la recherche et l'interprétation systématiques, et de construire les systèmes disciplinaires, académiques et discursifs de l'économie humaniste. Des efforts doivent être déployés pour perfectionner les systèmes disciplinaires et de manuels, en compilant et promouvant des manuels d'économie humaniste sur la base d'ouvrages nationaux existants tels qu'« Économie de la Culture » et « Économie des Industries Culturelles ». Les lacunes de recherche doivent être comblées par une formation interdisciplinaire des talents, tout en élargissant les échanges académiques internationaux. L'établissement d'une banque de cas et d'une base de données de qualité en économie humaniste permettra d'affiner et d'interpréter ses propositions académiques. Extraire des concepts originaux et distinctifs, facilement compréhensibles et acceptés internationalement, aidera à diffuser les résultats de recherche via des revues internationales prestigieuses, des conférences académiques, les médias et autres plateformes, renforçant ainsi l'influence internationale de la recherche en économie humaniste.
 

Gu Jiang (directeur) et Shi Zhiru (assistant de recherche) proviennent de l'Institut de recherche sur le Développement des Industries culturelles du Delta du Yangtsé à l'Université de Nanjing.