Le mythe ou la complainte de l'intelligence artificielle

Pour valider de nombreuses hypothèses ou conjectures spéculatives, il devient nécessaire de s'engager dans des expériences de pensée potentielles. Se concentrer sur des sujets post-humains ou non-humains est une exigence intrinsèque pour le progrès philosophique. Si les sujets posthumains peuvent sembler relever de la science-fiction, il convient de noter que la philosophie a toujours été engagée dans la fiction spéculative. Par conséquent, ces expériences imaginatives sont une extension naturelle de la recherche philosophique elle-même.

Le mythe ou la complainte de l'intelligence artificielle par Zhao Tingyang, membre de l'Académie des Sciences sociales de Chine (ASSC), condense sa série d'articles sur l'intelligence artificielle à partir de la ligne de démarcation entre l'humain et le non-humain, le sujet et le sujet hétérogène.

Lorsque des entités se combinent, comme le font les termes, elles commencent souvent par établir les limites de leur propre existence. Il en va de même pour les contemplations humaines sur l'IA. Dans quelle mesure l'IA ne fait-elle qu'imiter ? Dans quelle mesure peut-elle vraiment diverger de l'intelligence humaine ? Ces questions touchent intrinsèquement au domaine de la réalisation technique. Pourtant, lorsqu'elles sont considérées sous l'angle de l'épistémologie et de l'existence pluraliste, elles prennent le caractère d'interrogations philosophiques intemporelles. Alors que nous continuons à nous débattre avec le fonctionnement énigmatique de la "boîte noire" de la conscience, il devient nécessaire de fusionner l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle, tout en contemplant simultanément les limites et les frontières de cette relation variable.

M. Zhao utilise le concept de "rationalité générale" pour catégoriser et résumer la réalisation potentielle et continue de phénomènes similaires à l'intelligence. Ce concept s'incarne dans le calcul et l'évaluation d'objectifs rationnels dans le cadre d'un programme limité, dans la construction de ces étapes finies en tant que processus actionnables et dans la conformité de ces opérations à la loi de la contradiction pour obtenir un système cohérent en interne. Apparemment, selon les critères de rationalité générale, l'IA relève toujours de la même catégorie que l'intelligence humaine, bien qu'elle s'approche de plus en plus de ses limites. Cependant, l'analyse de Zhao introduit un critère épistémologique ou taxonomique peu surprenant. Il affirme qu'une intelligence de type humain ne doit pas seulement être capable d'effectuer des calculs rationnels, mais qu'elle doit aussi avoir une capacité de réflexion. Selon cette mesure, les systèmes de programmation de l'IA doivent être redéfinis dans leur propre langage, et non dans des codes fournis par l'homme. Ce langage, capable de s'auto-cartographier et d'interpréter son propre système, est défini par Zhao comme un langage doté d'une conscience de soi.

En supposant que les machines puissent expliquer elles-mêmes leurs principes de fonctionnement et leurs "processus de pensée", elles constitueraient une civilisation non humaine. Lorsque les humains commencent à communiquer avec elles, nous entrons dans un mode de dialogue transsubjectif. Ces entités intelligentes ne doivent pas nécessairement ressembler aux humains, elles doivent simplement expliquer leur existence. On peut en déduire que les entités intelligentes qui peuvent définir les règles de leur propre existence peuvent également générer des connaissances sur le monde. L'extrémité philosophique du thème de l'IA s'incarne dans la mise en correspondance de sujets et de vérités multiples, contenant d'autres mondes possibles au sein de la même réalité.

Sun Fei travaille à l'Institut de la philosophie de l'ASSC.