Songshang est considéré comme le mont sacré central de la Chine. Au pied de cette montagne haute de 1500 mètres, à proximité de la ville de Dengfeng, dans la province du Henan, s'étendent sur 40 kilomètres carrés huit ensembles d'édifices, qui comprennent notamment trois portes Que Han -vestiges des plus anciens édifices religieux d'Etat chinois-, des temples, la plateforme du cadran solaire de Zhougong et l'observatoire de Dengfeng. Edifiées tout au long de neuf dynasties, ces constructions reflètent de différentes manières la perception du centre du ciel et de la terre et le pouvoir de la montagne comme centre de dévotion religieuse. Les monuments historiques de Dengfeng figurent parmi les meilleurs exemples de bâtiments anciens voués à des activités rituelles, scientifiques, technologiques et éducatives.
Brève synthèse
Pendant des siècles, Dengfeng, l’une des premières capitales de la Chine, dont on ignore l’emplacement exact mais dont le nom est désormais associé à une zone au sud du mont Shaoshi et du mont Taishi, deux pics du mont Songshan, fut associée au concept de centre du ciel et de la terre - le seul point où les observations astronomiques étaient réputées fiables. Le mont Songshan était considéré comme l’attribut naturel du centre du ciel et de la terre, et les empereurs s’appuyaient sur le culte de cette montagne pour renforcer leur pouvoir.
Ces trois idées convergent donc dans une certaine mesure : le centre du ciel et de la terre, sur le plan astronomique, est un endroit propice à l'installation de la capitale du pouvoir terrestre, et le mont Songshan en tant que symbole naturel du centre du ciel et de la terre sert de point focal aux rituels sacrés, renforçant ce pouvoir matériel. Les édifices groupés autour de Dengfeng étaient des réalisations architecturales des plus ambitieuses pour l’époque, dont beaucoup ont été commandées par des empereurs. Elles renforcèrent elles aussi l'influence de la zone de Dengfeng.
Certains des sites de la zone proposée pour inscription entretiennent d’étroites relations avec la montagne (temple de Zhongyue, portes Que de Taishi et Shaoshi) ; l'observatoire est très clairement associé aux observations astronomiques faites au centre du ciel et de la terre, les autres édifices étant construits dans la zone perçue comme telle pour le statut que cela conférait.
Critère (iii) :
Critère (vi) :
Intégrité et authenticité
Les attributs nécessaires pour représenter la valeur universelle exceptionnelle sont inclus dans les délimitations du bien, bien que la zone associée au concept du centre du ciel et de la terre soit considérablement plus large que le bien proposé pour inscription et qu’une justification complète du choix des sites au sein de cette zone plus large n’ait pas été fournie. Au sein de chaque site individuel, une palette suffisante d’attributs demeure pour refléter leur disposition d’origine, bien que de nombreux édifices individuels de la plupart des sites aient été soumis à plusieurs périodes de reconstruction.
Pris individuellement, il n’y a pas de doute quant à l’authenticité des attributs du point de vue de leurs matériaux, des associations avec la religion et de la disposition des lieux. S’agissant de l’ensemble des monuments, bien que certains des sites soient associés aux attributs physiques du concept du centre du ciel et de la terre - la montagne et ses pratiques religieuses associées – la série dans son ensemble ne traduit pas de façon éminemment lisible le concept et les liens devraient être renforcés.
Mesures de protection et de gestion requises
La majorité des monuments sont protégés en tant que monuments nationaux par le gouvernement national. Seule l’enceinte en amande du temple de Shaolin est protégée au niveau provincial.
Le Plan directeur (Réglementations pour la conservation et la gestion des monuments historiques du mont Songshan à Zhengzhou), approuvé en 2007, documente les politiques de protection et de gestion des sites proposés pour inscription ainsi que des instructions concernant la capacité des visiteurs, la circulation, les installations et les besoins permanents des communautés religieuses.
Il incombe au gouvernement populaire municipal de Zhengzhou de diriger la conservation et la gestion du bien tandis que le gouvernement populaire municipal de Dengfeng est seul responsable de la mise en œuvre des travaux de conservation et de gestion. En 2007, le gouvernement populaire municipal de Zhengzhou a établi l’Office municipal de préservation et de gestion des monuments historiques du mont Songshan. L'administration municipale du patrimoine culturel de Dengfeng a été établie en 1990 pour protéger et gérer l’ouverture des monuments historiques. Des bureaux de préservation pour chacun des monuments constituent l'échelon en deçà de l'administration.
La zone proposée pour inscription se trouve dans le parc national du mont Songshan et il est recommandé que cela devienne la zone tampon, absorbant les zones tampons individuelles proposées pour les sites individuels. Le parc national comporte un plan directeur (2009-2025) pour réguler ses activités, à savoir protéger les ressources scéniques et naturelles. Dans le parc national, en sus des dispositions relatives aux monuments protégés individuels, il existe des zones de contrôle de la construction. L’environnement naturel au sein du parc apporte le contexte et le cadre des monuments et il est nécessaire d’assurer que cela soit classé et protégé de façon appropriée afin d’éviter un développement préjudiciable.
Les traces d'occupation humaine dans ces montagnes remontent à l'époque paléolithique, avec de belles découvertes comme, par exemple, dans la grotte de Zhiji. Au cours du Néolithique, la montagne accueillit l'une des cultures les plus avancées de Chine, comme le démontrent les découvertes liées à la culture Longshan à Wangchenggang dans le comté de Dengfeng. Elle évolua pour être à l'origine de ce que l'on considère être les premiers États en Chine et les dynasties Xia, Shang et Zhou - dont certaines des capitales, y compris Yangcheng, se trouvaient à proximité du Songshan. Une des deux capitales de la dynastie Xia se trouvait à Wangchenggang.
Pendant les premiers siècles après l'introduction du bouddhisme en Chine sous la dynastie Han, de nombreux temples bouddhiques furent fondés autour du Songshan, notamment Songyue, Shaolin et Huishan, et la secte Chan se propagea à partir du temple de Shaolin. La région joua aussi un rôle important dans le développement du taoïsme.
Les temples bouddhiques, en même temps qu'ils sont associés à la diffusion du bouddhisme, sont dits avoir vu leur importance historique renforcée par leur proximité avec le centre du ciel et de la terre, avec Luoyi, l'une des capitales les plus tardives, et un magnifique paysage.
Sous la dynastie Tang (618-907), l'impératrice Wu décréta que le dieu du Songshan était « l'empereur du Ciel central », tandis que l'empereur Xuanzong nomma ce dieu « Roi du Ciel central » et fit procéder à l'extension du temple de Zhongyue.
Sous les dynasties Song (960-1279) et Jin (1115-1234), le patronage impérial se renforça, permettant un développement rapide des religions et des temples ainsi que la création de l'Académie d'enseignement classique. La dynastie Yuan vit la création de 44 pagodes et la construction de l'observatoire. Sous la dynastie Ming (1365-1644), les structures religieuses atteignirent leur envergure et leur prospérité maximales ; neuf salles et 143 pagodes subsistent de cette période. C'est à cette époque que le concept de centre de la terre fut abandonné au profit de l'idée occidentale d'une terre sphérique.
Sous la dynastie Qing (1644-1912), des bâtiments furent rénovés ou reconstruits et il existe aujourd'hui plus de structures Qing que de toute autre dynastie, notamment 34 temples. La construction pris fin pendant la République de Chine.
Pendant environ 2000 ans, le processus de construction et de reconstruction des temples s'est poursuivi, même si les capitales des dynasties depuis le IIIe siècle av. J.- C. n'ont plus été installées autour du Songshan. Soixante-huit dirigeants ont visité la montagne, ou envoyé leurs représentants pour offrir des sacrifices, et des hommes de lettres, des érudits et des moines éminents ont été attirés pour vivre dans les établissements religieux et, dans certains cas, dans des établissements commandés à cet effet.
La zone conserva ainsi son influence non seulement pour son association avec une montagne sacrée ou avec, sur le plan astronomique, le concept de centre du ciel et de la terre, mais aussi du fait que Dengfeng, situé au coeur du pays, incarnait à ce titre l'âme de la Chine.
Source : évaluation des Organisations consultatives