Avec ses cinq plateaux, le Mont Wutai est une montagne sacrée bouddhiste. Ce paysage culturel compte 41 monastères, dont la grande salle orientale du temple de Foguang, l’un des derniers édifices en bois de la dynastie Tang existant, orné de sculptures d’argile grandeur nature. Il abrite également le temple Shuxiang de la dynastie Ming, vaste ensemble de 500 statues représentant les légendes bouddhistes tissées dans des décors de montagnes et d’eau en trois dimensions. Globalement, les bâtiments de ce site illustrent la façon dont l’architecture bouddhiste a contribué au développement et influencé la construction de palaces en Chine pendant plus d’un millénaire. Le Mont Wutai, littéralement « la montagne aux cinq terrasses », est le plus haut du nord de la Chine. Il est particulièrement remarquable de par sa typologie, faite de pentes vertigineuses et de cinq sommets dénudés. Les temples ont été construits sur ce site à partir du 1er siècle ap. J.C. et ce jusqu’au début du 20è siècle.
Brève synthèse
Le mont Wutai avec ses cinq plateaux est l’une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme en Chine. Il est considéré comme le centre mondial du culte bouddhiste de Manjusri. Parmi ses cinquante-trois monastères, la grande salle orientale du temple de Foguang, avec ses sculptures d’argile grandeur nature, le plus haut placé des édifices en bois de la dynastie Tang qui ait survécu, et le temple de Shuxiang de la dynastie Ming, avec un vaste ensemble de 5 500 statues « suspendues », représentant des légendes bouddhiques tissées dans des images en trois dimensions de montagnes et d’eau. Les temples sont inséparables de leur paysage de montagne. Avec ses cimes enneigées une grande partie de l’année, ses épaisses forêts de pins, de sapins, de peupliers et de saules, ses prairies luxuriantes, le paysage – y compris les grottes de Dunhuang – est d’une beauté qui lui a valu d’être célébré par les artistes depuis au moins la dynastie Tang. Deux millénaires de tradition de construction de temples ont donné naissance à un groupe qui présente un catalogue du développement de l’architecture bouddhique et de son influence sur la construction palatiale dans une grande partie de la Chine et une partie de l’Asie. Sur mille ans à partir de la période Wei du Nord (471-499), neuf empereurs ont effectué 18 pèlerinages pour rendre hommage aux boddhisattvas, commémorés par des stèles et des inscriptions. Lancée par les empereurs, la tradition de pèlerinage aux cinq pics est encore on ne peut plus vivanteñ. Avec la vaste collection de livres réunis par les empereurs et les érudits, les monastères du mont Wutai demeurent un important réceptacle de la culture bouddhique, et attirent des pèlerins venus des quatre coins de l’Asie.
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Intégrité et authenticité
Tous les temples et le paysage associés à la montagne sacrée bouddhique sont inclus dans la zone proposée pour inscription. L’intégrité de certains des ensembles de temples a été menacée par un développement incontrôlé, mais cette tendance a été inversée ou est maintenant sous contrôle. Pour le paysage, l’intégrité visuelle repose sur le maintien de la beauté de la montagne et de ses forêts, de sorte que l’on puisse apprécier les temples et la montagne indissociables avec leurs associations religieuses. Les temples ont une longue histoire de construction et de reconstruction. Seule exception, la salle orientale de Foguang qui, avec ses statues, est restée largement intouchée depuis la dynastie Tang. Les attributs comme l’ensemble de temples, les édifices spécifiques reflétant l’échange de cultures, la relation entre les constructions et le paysage de montagne, la beauté du paysage forestier au nord-ouest, les routes de pèlerinage et les chefs-d’œuvre qu’abritent les temples, reflètent clairement la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Mesures de protection et de gestion
Les plans suivants guident la gestion du bien : Plan de conservation et de gestion pour le site proposé pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial (2005-2025) et Plan directeur du parc national du mont Wutai (1987 et amendé en 2005). Les deux plans sont mis en œuvre par le parc national. Une Division de la protection du patrimoine mondial, partie intégrante de l’administration locale de Wutai et dotée d’un personnel qualifié, sera chargée de la mise en œuvre du Plan de conservation et de gestion.
Selon les Archives du mont Qingliang, rédigées par le maître bouddhiste Zhencheng de la dynastie Ming, le premier temple du mont Wutai fut bâti sur ordre de l'empereur Han en 68 apr. J.-C., à l'époque où les maîtres bouddhistes indiens se rendirent en Chine pour promouvoir le bouddhisme. Ils jugèrent le mont Wutai identique, en termes de topographie, au pic des Vautours (Rajgir, en Inde), où Sakyamuni enseignait le sutra du Lotus. Sous les dynasties du Nord et du Sud, grâce à la protection des empereurs qui initièrent la tradition de pèlerinage vers les cinq pics, le mont Wutai prospéra, comptant plus de 200 temples et monastères.
Un lien s'instaura rapidement entre le mont Wutai et le culte de Manjusri, un bodhisattva associé à la sagesse. Un sutra de l'an 418 apr. J.-C., la Résidence de Bodhisattva, rouleau 45, identifie le mont Qingliang comme la résidence de Manjusri, et on pense généralement que ce mont est le mont Wutai.
Sous les dynasties Sui et Tang, le mont Wutai connut l'apogée de sa prospérité. Tous les empereurs Tang publièrent des édits impériaux sur des questions telles que la construction, l'exonération d'impôts, la cartographie ou le placement des moines et des nonnes de toute la nation sous le contrôle des monastères de Wutai, en faisant ainsi le coeur du bouddhisme Han. Le nombre de temples s'éleva à 360, attirant des moines venus d'Inde, du Népal, du Sri Lanka, de Birmanie, du Vietnam, de Corée et du Japon, qui répandirent ensuite la foi Manjusri dans toute l'Asie du Sud-Est.
Sous les dynasties Song et Yuan, le nombre de temples déclina jusqu'à 70 environ, mais de nouvelles salles furent construites, notamment la salle Manjusri du temple de Foguang. Le bouddhisme tibétain se diffusa jusqu'au mont Wutai, où il coexista harmonieusement avec le bouddhisme Han.
Le bouddhisme connut un nouvel essor sous les dynasties Ming et de nombreux temples furent reconstruits, notamment la grande pagode blanche et un monastère public de Sukhavati. Le nombre de temples augmenta de nouveau jusqu'à 104. Les empereurs Qing entreprirent maints pèlerinages au mont Wutai, dans le cadre d'une politique de manifestation de solidarité ethnique avec les Mongols voisins, pour renforcer les frontières et favoriser la stabilité sociale. À cette époque, il y avait 25 lamaseries tibétaines et 97 communautés bouddhistes Han oeuvrant côte à côte.
De la fin de la dynastie Qing aux premières années de la République de Chine, le mont Wutai déclina, dans un contexte d'instabilité sociale. Depuis 1949 et la fondation de la République populaire de Chine, des efforts ont été faits pour redonner vie aux édifices et les protéger. Il y a maintenant 68 temples dans la montagne ; 21 à l'extérieur et 47 à l'intérieur du cercle des cinq terrasses ; 7 lamaseries tibétaines et 40 monastères bouddhiques Han ; 5 couvents et 1 monastère public.
Jusqu'aux années 1950, les temples étaient entourés, au nord-ouest, de versants montagneux et boisés, couverts de petits peupliers du Wutai, de pins de Chine, d'épicéas et de petits arbrisseaux sauvages. À l'est se trouvaient le fleuve Qingshui et au sud des terres arables travaillées en terrasses pour la subsistance des moines et des habitants. Avec le soudain accroissement de la population dans les années 1950, une grande partie des forêts du nord-ouest furent rasées et transformées en terrasses agricoles, bien que, à cause de l'altitude relativement élevée, la production fût faible. Dans les années 1990, avec moins de gens engagés dans l'agriculture, une grande partie de ces terres arables furent abandonnées, provoquant l'érosion des sols. À la fin des années 1990, pour protéger l'environnement écologique et dans le cadre d'une politique nationale de reboisement des terres agricoles, le gouvernement a lancé un programme quinquennal de boisement, plantant des pins, notamment du pin de Chine, une essence locale, et des épicéas, avec de petits arbrisseaux locaux.
Ces cinq dernières années, de nombreux habitants vivant à Taihuai ont été déplacés vers la nouvelle commune de Jinganku, à 16 km, où de nouveaux logements et des installations touristiques ont été construits. Quand le projet sera achevé, en 2020, 395 foyers auront été déplacés depuis six villages, ainsi que depuis les établissements de Dongzhuang et de Guizicun, avec 36 hôtels et 108 magasins.
Source : évaluation des Organisations consultatives