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Critère (iii) : Les Tulou apportent un témoignage exceptionnel sur une tradition culturelle de longue date, celle d’une vie en communauté dans des bâtiments défensifs, reflétant des traditions de construction raffinées et des idées d’harmonie et de collaboration, bien documentées au fil du temps.
Critère (iv) : Les Tulou sont exceptionnelles en termes de taille, de traditions de construction et de fonction, et reflètent la réponse de la société à diverses phases de l’histoire économique et sociale de la région au sens large.
Critère (v) : Les Tulou dans leur ensemble, et les Tulou de Fujian en particulier, constituent un exemple exceptionnel de peuplement humain, par leur forme qui reflète de manière unique la vie en communauté et les besoins défensifs, et par leur harmonieuse relation avec leur environnement.
L’authenticité des Tulou est liée à leur maintien et à celui de leurs traditions architecturales, ainsi qu’aux structures et processus associés à leur paysage cultivé et boisé. L’intégrité des Tulou est en rapport avec leur caractère inchangé en tant que bâtiments, mais aussi avec le caractère intact du paysage cultivé et boisé alentour, au sein duquel leur emplacement a été choisi avec soin d’après les principes du Feng Shui.
La protection juridique des zones proposées pour inscription et de leurs zones tampons est appropriée. Le système de gestion globale du bien est approprié, impliquant à la fois les organismes administratifs gouvernementaux et les communautés locales. Néanmoins, des plans pour la durabilité du paysage et respectant les traditions d’exploitation agricole et de sylviculture locales devraient être mieux développés.
Les recherches archéologiques ont révélé la présence de maisons communautaires en béton de terre en Chine, en Asie centrale et en Asie orientale depuis le Néolithique (il y a 6 000 ans). Pendant une longue période, les développements sociaux, économiques et culturels dans le sud-est de la Chine ont été étroitement associés à l'immigration massive de peuples du nord. Sous la dynastie Jin de l'Ouest (307-12 de notre ère), du fait de guerres incessantes et d'une grave sécheresse, les peuples de la Chine centrale commencèrent à migrer vers le sud, beaucoup d'entre eux atteignant Fujian et y apportant les cultures avancées de la Chine centrale. Fujian connut alors son essor. Pendant la période tardive de la dynastie Tang (VIIe-VIIIe siècle), d'importantes vagues d'habitants de la Chine centrale se déplacèrent à nouveau vers le sud pour échapper aux guerres, beaucoup s'installant à Quanzhou et à Fuzhou, le long de la côte de Fujian, et à Jianzhou dans le Nord. Ceux qui s'installèrent dans le sud-est de Fujian (Zhangzhou et Quangzhou) devinrent les Fulao, qui parlaient le dialecte minnan (Fujian du Sud), lors de leur rencontre avec la population locale. Certains de leurs descendants partirent s'installer encore plus loin, outremer.
Durant les dernières années de la dynastie des Song du Nord et de la dynastie des Song du sud en particulier (1127-1279), la conquête de la Chine du nord par les Jin força beaucoup d'habitants de la Chine centrale à partir encore une fois vers le sud, amenant dans leurs bagages la langue et la culture de le Chine centrale pour former le groupe Hakka, aujourd'hui principalement présent dans les provinces de Jiangxi, de Fujian, de Guangdong et du Hainan, ainsi qu'à Taiwan, sans oublier des millions de Chinois expatriés dans le reste du monde.
Les tulou de Fujian semblent être apparues en premier lieu sous les dynasties Song et Yuan (XIe-XIIIe siècles) et se sont développées à partir des XIVe et XVIe siècles (au début et au milieu de la dynastie des Ming), atteignant leur apogée entre le XVIIe siècle et la première moitié du XXe siècle (dynasties des Ming tardifs et des Qing, et période de la République de Chine).
Les premières tulou étaient relativement petites, rectangulaires ou carrées, sobrement décorées et sans fondations de pierre. De la fin du XIVe siècle au début du XVIIe siècle (dynastie Ming), en réponse à l'amélioration du développement agricole à Fujian et à de fréquents raids de bandits (attirés par la prospérité de la zone), des tulou bien plus grandes furent construites. Du fait de l'augmentation du traitement du tabac et du thé entre le milieu du XVIIe siècle et la première moitié du XXe siècle, les tulou furent encore développées, reflétant dans leur taille et leurs décorations les richesses que créait l'industrie.
Bon nombre de tulou sont extrêmement bien documentées et le nom des fondateurs des clans et des constructeurs des tulou sont connus alors qu'ils remontent parfois au XIIIe siècle ; dans beaucoup de zones, la même famille est restée jusqu'au XXe siècle.
Les tulou, bien qu'elles fournissent un logement communautaire et renforcent la structure des clans, étaient jusqu'au XXe siècle essentiellement construites par un seul individu puissant, qui en était le propriétaire. Pour les premiers édifices, il s'agissait alors de gens qui avaient fait fortune grâce à la terre et à l'agriculture (par exemple en élevant des canards ou du bétail), et pour les plus récents, de gens qui tiraient leurs ressources du commerce et de l'industrie, au XVIIe siècle de la navigation et du thé, et plus tard du tabac. Par exemple, la construction des premiers bâtiments du groupe de Hongkeng est attribuée à Lin Yongsong, descendant de deux frères qui s'étaient installés dans la région vers 1290, alors que Zhencheng Lou, bâtie en 1912, le fut par des descendants de la 21e génération de Lin, deux frères qui avaient tiré des fonds importants de l'usine de coupecigarettes Sunrise, et avaient consacré 80 000 dollars d'argent à la construction des tulou.
Les tulou érigées au XXe siècle ont souvent été financées par des Chinois émigrés. C'est le cas par exemple d'un des tulou du groupe de Gaobei, que des hommes du clan construisirent ensemble grâce à de l'argent envoyé par des proches expatriés, qui donnèrent leur nom au bâtiment.
Source : évaluation des Organisations consultatives