La Conférence centrale chinoise sur le travail rural, qui s'est tenue en décembre 2024, a souligné la nécessité d'accélérer la modernisation de l'agriculture et des zones rurales afin de consolider davantage les fondements de l'agriculture. Dans le contexte du changement climatique mondial et des pressions sur la sécurité alimentaire, la modernisation de l'agriculture est devenue une question de plus en plus cruciale.

Les défis de la modernisation de l'agriculture

Pour accélérer la modernisation agricole et rurale, il est essentiel de commencer par reconnaître les principaux défis auxquels est confronté le développement agricole de la Chine dans la nouvelle ère, à savoir le changement climatique et la sécurité alimentaire. Le changement climatique a des répercussions considérables sur l'économie, la société et la culture, et ses effets les plus immédiats se manifestent au niveau de la production agricole. Cela a conduit à un appel croissant en faveur d'un développement agricole durable et d'un éventail de plus en plus diversifié de pratiques agricoles vertes.

Selon les données publiées par le ministère de l'agriculture et des affaires rurales de la RPC, la production et la consommation alimentaires en Chine sont largement équilibrées. Toutefois, selon le rapport 2021 sur le développement rural en Chine, compilé par l'Institut du développement rural de l'Académie chinoise des sciences sociales, d'ici 2035, la Chine devra assurer une capacité totale d'approvisionnement alimentaire de 900 millions de tonnes pour répondre aux besoins de consommation alimentaire intérieure plus élevés.

Sous la pression de l'augmentation de la production alimentaire, plusieurs grandes régions productrices de céréales ont opté pour l'agriculture à grande échelle et la mécanisation agricole afin d'augmenter les rendements. Les grandes entreprises agricoles et les petites et moyennes coopératives cherchent à remédier à la pénurie de main-d'œuvre agricole par des investissements en capital et en technologie, tout en augmentant la valeur ajoutée par unité de production dans les secteurs secondaire et tertiaire. Bien que cette approche permette de garantir la sécurité alimentaire, d'augmenter la valeur de la production agricole et d'accroître les revenus des agriculteurs, elle présente plusieurs lacunes.

Tout d'abord, dans le contexte de la mondialisation et de la commercialisation, l'agriculture est devenue plus vulnérable aux forces du marché extérieur, perdant le pouvoir de fixation des prix sur des facteurs clés tels que la terre et la main-d'œuvre. En conséquence, les profits agricoles ont régulièrement diminué et de nombreux travailleurs ruraux ont migré vers d'autres secteurs. Deuxièmement, les risques du marché augmentent à mesure que les échelles de production se développent. Ces dernières années, on a assisté à des phénomènes tels que des légumes pourrissant dans les champs en raison d'une offre excédentaire, ce qui incite à la prudence. Troisièmement, les pratiques axées sur le profit ont entraîné une pollution des sols et de l'eau, ainsi que des problèmes de sécurité des semences et des aliments.

Redécouvrir la valeur de l'agriculture traditionnelle

Si l'agriculture à grande échelle permet d'augmenter la production et de réduire les coûts, elle tend à négliger la valeur du travail. Les agriculteurs, peu enclins à investir leur force de travail dans la production agricole, migrent vers les secteurs secondaire et tertiaire, ce qui entraîne un exode massif des zones rurales. Par conséquent, les zones rurales et l'agriculture sont en déclin.

La modernisation de l'agriculture ne doit pas viser à remplacer l'agriculture traditionnelle, mais plutôt à s'en inspirer et à innover. Ces dernières années, des éco-fermes sont apparues dans toute la Chine. L'éco-agriculture s'appuie sur des théories écologiques et adhère au principe de durabilité, en intégrant des technologies agricoles efficaces et durables aux techniques agricoles traditionnelles. En effet, certaines techniques de compostage, de lutte contre les parasites et de désherbage adoptées par les éco-fermes sont enracinées dans des milliers d'années d'héritage agricole chinois.

L'agronome américain Franklin Hiram King a fait l'éloge de l'agriculture de l'Asie de l'Est pour sa capacité à utiliser les technologies occidentales tout en préservant la culture et les techniques agricoles traditionnelles qui s'alignent sur les lois de la nature. Il a affirmé que l'apprentissage des systèmes agricoles de l'Asie de l'Est pourrait aider à résoudre des problèmes tels que l'eutrophisation et la pollution des sols qui menacent la durabilité de l'agriculture américaine.

Le développement coordonné des zones urbaines et rurales

Comme les produits écologiques et biologiques ont une valeur ajoutée plus élevée, les agriculteurs peuvent réaliser des bénéfices plus importants en améliorant la qualité des aliments. Si le revenu agricole est égal ou supérieur au revenu de l'emploi urbain dans les secteurs secondaire et tertiaire, les travailleurs migrants peuvent revenir et même attirer une main-d'œuvre de meilleure qualité dans le secteur. En outre, des avancées technologiques remarquables ont été réalisées dans le domaine de l'agriculture durable en Chine. Ces avancées permettent non seulement d'augmenter les revenus des agriculteurs et d'offrir aux consommateurs des choix plus diversifiés, mais elles démontrent également un potentiel considérable de réduction de l'empreinte carbone.

Outre l'approvisionnement en denrées alimentaires, l'agriculture remplit de nombreuses autres fonctions. Les États-Unis, pionniers de l'agriculture à grande échelle, ont profondément revu leurs pratiques agricoles depuis le début du 21e siècle. Avec l'essor des petites exploitations familiales, de l'agriculture soutenue par la communauté et de l'industrie alimentaire biologique, l'agriculture urbaine gagne en popularité. Dans ce modèle, les citadins produisent localement des produits agricoles dans des jardins communautaires, qui sont ensuite distribués sur les marchés de producteurs. Des initiatives similaires incluent des fermes suburbaines qui pratiquent l'agriculture et l'élevage à petite échelle.

Le modèle « produire localement, consommer localement » offre aux consommateurs des aliments plus frais et plus sains tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre associées au stockage, à l'emballage et au transport. L'exploration des diverses fonctions de l'agriculture et la promotion créative de l'agriculture durable sous ses différentes formes jouent un rôle important dans la promotion d'un développement urbain-rural coordonné.