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Avancer avec l’époque
Source : La Chine au présent 2024-01-05

Alors que le monde connaît une évolution profonde, le partenariat stratégique global entre la Chine et l’UE, vieux de 20 ans, s’est renforcé. Aujourd’hui, la Chine et l’Europe ont mis en place plus de 70 mécanismes de dialogue et de coopération. Avec un volume de commerce bilatéral quotidien moyen de 2,3 milliards de dollars et des stocks d’investissement de plus de 250 milliards de dollars, elles sont devenues des partenaires majeurs avec d’énormes intérêts communs.
 
Cependant, les deux parties sont confrontées à des frictions commerciales constantes, à une diminution de la confiance politique mutuelle, à une situation régionale et internationale agitée et au besoin urgent d’améliorer le système de gouvernance mondiale. Face à une situation de plus en plus complexe, la Chine et l’Europe ont besoin de faire les bons choix sur des problèmes fondamentaux. Ce n’est qu’en surmontant ces obstacles qu’elles pourront parvenir à un consensus et avancer avec l’époque, en tirant des leçons de leurs expériences.
 
Des choix stratégiques
 
Premièrement, la progression ou la régression des relations sino-européennes ne concernent pas seulement les intérêts des deux parties, mais déterminent également l’évolution de l’échiquier mondial, d’où un choix stratégique à faire.
 
Au cours des deux dernières décennies, leurs relations ont maintenu une dynamique favorable. En plus des intérêts commerciaux tangibles en constante croissance, les deux parties ont établi des mécanismes de coopération tels que le sommet des dirigeants et des dialogues de haut niveau sur la stratégie, les échanges culturels et humains, l’écologie et le numérique dans l’objectif d’approfondir la confiance mutuelle et les collaborations.
 
Cependant, les péripéties récentes ont créé des malentendus dans la perception mutuelle des deux parties. Par exemple, il semble que l’UE a depuis plusieurs années du mal à se positionner vis-à-vis de la Chine, car depuis 2019, cette dernière est en même temps « un partenaire de coopération et de négociation, un concurrent économique et un rival systémique ». Ce qui fait qu’elle est devenue plus hésitante dans la coopération bilatérale, remplace même parfois la coopération par la concurrence. Si cette incertitude et instabilité de l’UE persistait, elle entraînerait la régression des relations sino-européennes.
 
Deuxièmement, que la Chine et l’UE maintiennent une ouverture et une coopération économique ou évoluent vers un repli sur soi et le conservatisme est une question d’orientation majeure liée aux perspectives de développement des deux parties et au bien-être des populations. Une coopération commerciale étroite et mutuellement bénéfique sert de stabilisateur pour les relations sino-européennes. L’énorme volume d’échanges et d’investissements entre les deux parties, ainsi que le grand nombre d’emplois qu’il génère, sont la manifestation la plus claire de leurs intérêts communs.
Cependant, dans son processus de « transition géopolitique », l’UE a commencé à politiser sa coopération économique et commerciale avec la Chine et l’a placée sous une grille de lecture sécuritaire, se fixant pour objectif le « dérisquage » à l’égard de la Chine. Sous ce prétexte, l’UE recourt de manière excessive à des mesures de défense commerciale, à l’examen des investissements, au contrôle de l’import-export et aux restrictions technologiques contre la Chine. Cela a frustré la confiance des entreprises des deux parties dans la coopération, laissant planer le spectre de l’incertitude sur le domaine commercial autrefois dynamique.
 
Troisièmement, la question de savoir si la Chine et l’UE doivent coopérer en toute indépendance ou s’affronter est cruciale. Face aux pressions venant des États-Unis, la Chine défend sans relâche sa diplomatie indépendante et son droit au développement. L’Europe, quant à elle, au nom de l’Alliance de valeurs, s’aligne parfois sur les politiques américaines dans ses relations avec la Chine, ce qui laisse cette dernière perplexe et profondément déçue.
 
Selon la Chine, ce n’est pas la bonne approche pour des partenaires stratégiques. L’Europe, l’une des plus grandes économies et l’un des acteurs les plus influents au monde, pourrait mieux réaliser son autonomie stratégique, et avoir plus d’indépendance dans son développement et sa sécurité, ainsi qu’une plus grande marge de manœuvre dans le processus de multipolarisation internationale. Elle ne devrait pas s’abandonner à une puissance extérieure soi-disant protectrice.
 
Un partenariat équitable
 
Après un intervalle de quatre ans, le 24e Sommet Chine-UE organisé au mois de décembre 2023 a rouvert leurs échanges en face à face et a également donné des réponses claires aux questions susmentionnées. La coopération et la non-confrontation sont un signal clair envoyé conjointement par les deux parties, indiquant que les relations bilatérales tendent à continuer sur la bonne voie.
 
Compte tenu de l’évolution de la situation internationale actuelle, la Chine estime que les relations entre la Chine et l’UE concernent la paix, la stabilité et la prospérité de la planète. Si elles choisissent le dialogue et la coopération, il n’y aura pas de confrontation de camps. Si elles choisissent la paix et la stabilité, une nouvelle Guerre Froide sera évitée. Si elles choisissent l’ouverture et la coopération gagnant-gagnant, l’espoir de la prospérité mondiale subsistera.
Pour assumer ces énormes responsabilités, la Chine et l’UE doivent constamment améliorer leur perception mutuelle et élaborer des politiques rationnelles. Lors de sa rencontre avec les dirigeants de l’UE, le président chinois Xi Jinping a souligné qu’aucune des deux parties ne devait ni considérer l’autre comme rival en raison des différences de systèmes, ni réduire la coopération en raison de la concurrence, et encore moins entrer en confrontation en raison des divergences. Deuxièmement, pour relever conjointement les défis économiques, la Chine et l’UE devraient parvenir à un consensus sur l’élargissement de l’ouverture mutuelle et le maintien de la coopération commerciale, tout en contrôlant les concurrences et les divergences. Les dirigeants des deux parties insistent sur l’ouverture dans les deux sens, le gagnant-gagnant, la résolution appropriée des divergences par le dialogue et la consultation, et s’opposent au « découplage » et à la « rupture des chaînes ».
 
De plus, sur des questions telles que la sécurité des chaînes d’approvisionnement et industrielle, la concurrence loyale, la surcapacité de production et la coopération industrielle, scientifique et technologique, l’UE a changé sa logique, ne considérant plus la Chine comme une « source de risque », et s’est engagée à ne pas transformer l’enquête antisubventions ciblant les produits chinois en une guerre commerciale. Tant que la Chine et l’UE mettent en œuvre le consensus du sommet et optimisent l’environnement politique, leur coopération étroite peut donner une impulsion vigoureuse à la mondialisation économique et à la reprise économique mondiale.
 
Enfin, un partenariat équitable et véritablement stratégique entre la Chine et l’UE, qui se manifeste par une politique qui ne vise aucune tierce partie, ni en dépend, ni lui est soumise, devient un consensus clair entre les deux parties. Lors de sa visite en Chine en octobre 2023 pour participer à un dialogue stratégique de haut niveau Chine-UE, Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a demandé à la Chine de ne pas traiter l’Europe comme un « vassal stratégique » des États-Unis et de faire confiance à l’indépendance et l’autonomie de l’Europe.
 
En fait, la Chine a toujours attaché une grande importance au développement des relations sino-européennes à une hauteur stratégique, voyant « deux puissances d’un monde multipolaire, deux marchés encourageant la mondialisation et deux civilisations préconisant la diversité », et soutient fermement l’intégration et l’autonomie stratégique européennes dans ses politiques et ses actions. Tout en exigeant d’être traitée d’égal à égal, l’UE doit également faire preuve de respect envers la Chine et travailler dans la même direction.
 
Tant que la Chine et l’UE adhéreront à ce consensus stratégique et continueront à construire une confiance mutuelle avec le temps, elles seront en mesure d’assurer la prospérité et la stabilité de l’Asie et de l’Europe, ainsi que de fournir au monde d’aujourd’hui un fort soutien pour faire face aux changements.
 
 
 
*CUI HONGJIAN est professeur à l’Institut supérieur de gouvernance régionale et mondiale relevant de l’Université des Langues étrangères de Beijing.

Edité par:Zhao Xin
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