Le président chinois Xi Jinping a présenté l'Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM) lors de la Réunion de l'« Organisation de coopération de Shanghai (OCS) Plus » tenue à Tianjin, une grande ville portuaire du nord de la Chine, le 1er septembre. Comme une autre initiative majeure suivant l'Initiative pour le développement mondial (IDM), l'Initiative pour la sécurité mondiale (ISM) et l'Initiative pour la civilisation mondiale (ICM), l'IGM a reçu une forte réponse de la part des milieux académiques tant en Chine qu'à l'étranger.
Dans des entretiens récents avec CSST, des experts internationaux ont fait observer que l'IGM s'aligne sur la trajectoire de développement de la mondialisation et offre aux pays des opportunités précieuses de participer à la gouvernance mondiale sur un pied d'égalité. À un moment où la mondialisation fait face à des défis multiples et à des incertitudes croissantes, l'IGM trace une voie vers l'avenir pour l'humanité et représente une démarche stratégique pour optimiser le système de gouvernance internationale.
Engagement ferme en faveur du multilatéralisme
L'IGM appelle à « adhérer à l'égalité souveraine, à respecter l'état de droit international, à pratiquer le multilatéralisme, à plaider pour une approche centrée sur le peuple et à privilégier les actions concrètes ». Héribert-Label Élisée Adjovi, président du Caucus Panafricain des Journalistes et gouverneur du magazine béninois Le Label Diplomatique, a déclaré au CSST que l'IGM reflète la vision stratégique de la Chine visant à contribuer à remodeler l'ordre international autour de la multipolarité, de l'équité et de la coopération inclusive, dans un cadre institutionnel qui promeut des réformes dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l'énergie et de la collaboration technologique.
Mariana Escalante, professeure des Sciences politiques et sociales à l'Université nationale autonome du Mexique, a souligné que l'IGM s'inscrit dans un ensemble plus large de propositions — l'IDM, l'ISM et l'ICM — qui visent à offrir des alternatives aux défis communs auxquels la communauté internationale est confrontée. Dans ce sens, elle réaffirme l'orientation multilatérale et consensuelle des politiques étrangères chinoises.
Explicant que la Chine a toujours poursuivi le bien-être mutuel et la coopération sous le principe de bénéfices mutuels, ce qui s'inscrit aussi dans la tradition confucéenne de la grande unité (Datong), Mme Escalante a souligné : « L'IGM s'inscrit dans cette perspective, en invoquant l'idée que les biens collectifs et les responsabilités mondiales doivent être partagés — ‘tout sous le ciel appartient à tous’ (Tianxia Weigong). Cette approche est étroitement liée à la vision d'une communauté d'avenir partagé pour l'humanité ».
« L'IGM exige une lecture académique nuancée et multidimensionnelle », a plaidé M. Adjovi, ajoutant qu'elle s'inscrit dans un continuum stratégique à travers lequel la Chine répond aux turbulences géopolitiques et aux limites structurelles d'un système encore largement façonné par les paradigmes occidentaux.
Escalante a souligné que l'IGM démontre que la Chine s'efforce de renforcer un ordre international plus inclusif à un moment où certaines autres puissances privilégient des approches unilatérales, restrictives ou une coopération dans des cadres inégaux.
En essence, l'IGM est à la fois un manifeste géopolitique et un appel à la refondation intellectuelle de la gouvernance mondiale. Il mérite d'être étudié comme un tournant dans la pensée stratégique contemporaine — un tournant susceptible de redéfinir les contours de la coopération internationale pour les décennies à venir, a prédit Adjovi.
Relever les défis de la gouvernance mondiale
Le monde contemporain connaît des transformations profondes, et le paysage international devient de plus en plus complexe. Sur la scène mondiale, les déficits en paix, développement, sécurité et gouvernance deviennent de plus en plus marqués.
« L'IGM représente une tentative stratégique de rééquilibrer le système international au milieu d'intensifications des tensions géoéconomiques (par exemple, la fragmentation des échanges, les perturbations des chaînes d'approvisionnement) et de l'érosion du multilatéralisme traditionnel (par exemple, l'affaiblissement des mécanismes des Nations Unies, le désengagement sélectif des grandes puissances) », a déclaré Adjovi.
Augustin F. C. Holl, professeur camerounais distingué de l'École de la Sociologie et de l'Anthropologie à l'Université de Xiamen, a souligné que les conflits régionaux persistent avec des effets de débordement significatifs. Les ombres de l'unilatéralisme et de l'hégémonie continuent de planer sur certaines parties du monde. Le système des Nations Unies fait également face à des défis de réforme. L'ordre multilatéral d'après-guerre est en pleine crise profonde, tandis que certains grands pays occidentaux, mus par leurs intérêts propres, entravent les réformes de la gouvernance mondiale et cherchent même à altérer le cours de l'histoire.
Comme l'a souligné Holl, le système actuel de gouvernance mondiale échoue à prendre suffisamment en compte les intérêts des pays émergents, qui restent surreprésentés de manière disproportionnée dans les processus décisionnels internationaux clés. Il a exhorté à l'adoption de mesures pragmatiques et orientées vers l'action pour remédier aux lacunes profondes de la structure de gouvernance mondiale.
Du point de vue de l'histoire mondiale, Marcos Pires, professeur d'économie politique internationale à l'Université d'État de São Paulo au Brésil, a souligné que le système actuel de gouvernance mondiale reste ancré dans le cadre établi il y a 80 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bien que des institutions financières internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) aient leurs raisons d'être, elles peinent à répondre aux besoins contemporains.
Comme l'a déclaré Pires, l'IGM proposée par la Chine répond aux aspirations communes des peuples de tous les pays. Elle vise à promouvoir la réforme et l'amélioration du système de gouvernance mondiale afin qu'il évolue avec son époque, tout en renforçant la flexibilité et l'efficacité des mécanismes de coopération tels que les BRICS et l'OCS.
Comme l'a ajouté Pires, la civilisation humaine est un jardin vibruant où se côtoient des cultures diverses et des traditions innombrables. Par conséquent, les conditions nationales particulières, les contextes sociaux et le droit au développement économique de chaque pays doivent être respectés. Aucun pays ne doit imposer arbitrairement son propre modèle politique ou culturel aux autres. Un système idéal de gouvernance mondiale devrait faciliter la formation d’accords et de consensus entre les nations, et l'IGM vise précisément à traduire cette vision en réalité.
La Chine poursuit résolument une voie de développement pacifique
Selon Pires, l'IGM s'aligne sur les normes fondamentales des relations internationales fondées sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, perpétuant l'esprit des Cinq Principes de la coexistence pacifique formulés par la Chine dans les années 1950. La Chine a toujours soutenu le rôle essentiel joué par les Nations Unies dans la sauvegarde de la paix mondiale et la promotion du développement commun. La mise en œuvre de l'IGM démontre l'engagement de la Chine à concrétiser cette position par des actions spécifiques.
Comme l'a expliqué Escalante, l'une des caractéristiques définissantes de la politique étrangère chinoise réside dans son activisme en faveur d'un ordre international plus juste et équitable : un ordre éloigné de l'hégémonie et de l'imposition de modèles uniformes. La Chine a exprimé cette position non seulement par des discours, mais aussi par des actions et initiatives concrètes qui réaffirment son essence pacifique. Cela se reflète dans le fait que la Chine n'a jamais initié une guerre, promeut constamment l'idée d'une montée en puissance pacifique sur la scène internationale, et a avancé des projets tels que l'Initiative de la Ceinture et de la Route.