La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a estimé jeudi que l'économie mondiale connaissait aujourd'hui un "changement fondamental", exhortant les pays à réduire l'inflation, à mettre en place une politique fiscale responsable et à soutenir ensemble les marchés émergents et les économies en développement.
L'économie mondiale passe "d'un monde relativement prévisible avec un cadre de coopération économique internationale fondé sur des règles, des taux d'intérêt bas et une inflation faible (...) à un monde plus fragile avec plus d'incertitude, une volatilité économique plus élevée, des confrontations géopolitiques et des catastrophes naturelles plus fréquentes et plus dévastatrices", a-t-elle dit en amont des assemblées annuelles 2022 du FMI et de la Banque mondiale prévues la semaine prochaine.
Soulignant l'urgence à stabiliser l'économie, Mme Georgieva a noté que les perspectives mondiales avaient été assombries par de multiples chocs, dont une guerre, et que l'inflation était devenue plus persistante.
Le FMI a déjà revu à la baisse ses projections de croissance à trois reprises depuis octobre dernier, à seulement 3,2% pour 2022 et 2,9% pour 2023, a rappelé la cheffe du FMI, avertissant que son institution allait abaisser davantage ces projections pour l'an prochain dans sa mise à jour des Perspectives économiques mondiales attendue la semaine prochaine.
"Nous allons signaler que les risques de récession augmentent", a-t-elle noté. Le FMI estime que des pays représentant ensemble environ un tiers de l'économie mondiale connaîtront au moins deux trimestres consécutifs de contraction cette année ou la prochaine.
"Et même si la croissance est positive, elle sera ressentie comme une récession à cause de la diminution des revenus réels et de la hausse des prix", a averti Mme Georgieva.
Globalement, le FMI prévoit une perte de production mondiale d'environ 4.000 milliards de dollars d'ici 2026. C'est la taille actuelle de l'économie allemande, c'est à dire un recul massif pour l'économie mondiale.
La patronne du FMI a exhorté les responsables politiques à maintenir le cap pour réduire l'inflation et mettre en place une politique fiscale responsable, qui protège les personnes vulnérables sans aggraver l'inflation, tout en appelant à des efforts conjoints pour soutenir les marchés émergents et les économies en développement.
"Un dollar plus fort, des coûts d'emprunt élevés et des sorties de capitaux portent un triple coup à de nombreux marchés émergents et économies en développement", a déclaré Mme Georgieva, notant que la probabilité de sorties de portefeuille des marchés émergents au cours des trois prochains trimestres est passée à 40%, ce qui pourrait poser "un défi majeur" aux pays ayant d'importants besoins de financements extérieurs.
Plus d'un quart des économies émergentes sont en défaut de paiement ou voient leurs obligations se négocier à des niveaux défavorables, tandis que plus de 60% des pays à faible revenu sont en situation de surendettement ou courent un risque élevé de l'être.
La cheffe du FMI a exhorté les pays à travailler ensemble pour résoudre des problèmes tels que l'insécurité alimentaire, qui touche aujourd'hui un nombre stupéfiant de 345 millions de personnes, et le changement climatique, lequel constitue une menace existentielle pour l'humanité.
Depuis le début de la pandémie, le FMI a fourni 258 milliards de dollars à 93 pays. Depuis l'éclatement du conflit russo-ukrainien, il a soutenu 16 pays avec près de 90 milliards de dollars. Ces sommes s'ajoutent à l'allocation historique de 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) de l'an passé. Fin
Source : Xinhuanet