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En France, “le musée Cernuschi fait le lien entre la Chine contemporaine et la Chine ancienne”, selon son directeur Eric Lefebvre (INTERVIEW)
Source : Xinhuanet 2024-06-10

PARIS, 7 juin (Xinhua) -- Aujourd'hui, quand on regarde les relations sino-françaises au prisme des musées, on parle souvent du musée Guimet, dont les immenses collections artistiques chinoises ont alimenté l'intérêt de l'ancien président français Jacques Chirac pour la Chine, et du château de Versailles, qui abrite de nombreux objets d'art témoignant l'empreinte des échanges entre les cours chinoise et française il y a des siècles. Cependant, le musée Cernuschi joue aussi un rôle "particulier" en faisant "le lien entre la Chine contemporaine et la Chine ancienne", selon son directeur Eric Lefebvre, qui a accordé récemment une interview à Xinhua.

Fondé il y a plus d'un siècle par le financier et collectionneur Henri Cernuschi, ce musée des arts de l'Asie de la ville de Paris est consacré de manière privilégiée à la civilisation chinoise, considérée comme le berceau des cultures extrême-orientales. Aujourd'hui, ce voisin du parc Monceau compte 15.000 objets, dont près de la moitié sont des objets chinois qui permettent d'évoquer plus de 5.000 ans d'histoire de la Chine.

Le musée Cernuschi joue un rôle particulier dans les relations entre la France et la Chine", a déclaré Eric Lefebvre à la tête du musée Cernuschi à partir de 2015, "Autrefois, on avait l'habitude de ne parler que de la Chine ancienne, tandis qu'aujourd'hui, on parle tous les jours de la Chine dans les journaux. C'est important de faire le lien entre la Chine contemporaine et la Chine ancienne, et c'est le rôle du musée".

Rouvert en 2020 après des mois de rénovation, le musée Cernuschi sert désormais de "manuel" de l'histoire chinoise pour les Français, grâce à son nouveau parcours des collections permanentes, qui montrent chronologiquement des céramiques et des jades datant du néolithique, des pièces de bronze de la Chine antique, des sculptures et des porcelaines de la Chine impériale... Lors de la préparation du chantier, "on s'interrogeait sur la curiosité du public et pensait aux jeunes enfants des écoles, puisque les ressources pour connaître l'art chinois ne sont pas nombreuses en France. Alors on a fait le choix de présenter une continuité historique, pour qu'il n'y ait pas de lacunes et qu'on puisse vraiment découvrir la Chine", a expliqué le directeur.

Outre les œuvres anciennes, les collections modernes et contemporaines chinoises se sont beaucoup enrichies au musée surtout avec l'arrivée d'une génération d'artistes chinois en France à partir des années 1920, avec l'objectif de nourrir leurs créations traditionnelles chinoises de nouveaux enseignements occidentaux, à l'image de Xu Beihong, Pan Yuliang, Chang Yu et Zao Wou-ki, etc. Dont les œuvres ont été présentées dans les expositions du musée Cernuschi et dont certaines œuvres sont entrées dans ses collections. Ce lien amical continue jusqu'aux temps modernes où le musée a fait découvrir aux Français de nombreux artistes chinois actifs en Hexagone en organisant de multiples expositions.

Depuis le milieu du XXe siècle, le musée Cernuschi fait sa spécialité d'organiser ses expositions avec des peintres chinois qui travaillent avec l'encre. "C'est vraiment quelque chose qu'on a envie de continuer à faire, surtout qu'aujourd'hui, il y a des artistes qui travaillent l'encre de manière très contemporaine", a-t-il indiqué. Selon lui, l'expression très personnelle à l'encre de ces artistes reflète les transformations profondes de la société chinoise dans tous les aspects de la vie quotidienne, comme ce qu'a montré l'exposition "L'encre en mouvement, une histoire de la peinture chinoise au XXe siècle" en 2023.

Parlant de la transformation de la société chinoise, Eric Lefebvre lui-même est témoin d'"une évolution monumentale" du secteur muséologique en Chine. Ancien doctorant à l'Université de Beijing et aujourd'hui spécialiste de l'art chinois, il est "impressionné par les grandes ambitions culturelles des musées chinois" qui comptent aujourd'hui plus de 6.500 structures en Chine. "Les musées publics avaient souvent été rénovés, et même reconstruits entièrement au cours des quinze dernières années, tandis que les musées privés ont fleuri dans différentes villes chinoises. C'est évidemment quelque chose qui participe à l'engouement des visiteurs et du jeune public pour les musées."

Saluant le progrès architectural et technique dans les musées chinois, le directeur du musée Cernuschi espère un rebond des échanges et des collaborations muséologiques sino-français après la dépression pendant la crise sanitaire de la COVID-19, affirmant que "l'on est dans une période de reconstruction, avec une reprise déjà des expositions dans leur format classique. Dans le futur, ce serait intéressant d'avoir des formats mixtes".

En attendant, l'arrivée du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises offre une belle opportunité de relancer des interactions culturelles bilatérales. Dans quelques mois, le musée Cernuschi va présenter pour la première fois ses collections de peintures chinoises à Shanghai. "On est vraiment très impatient de savoir quelles vont être les réactions du public en Chine", s'est félicité Eric Lefebvre. De plus, la coïncidence de cette année anniversaire et des Jeux olympiques a donné naissance à un projet innovant : le musée Cernuschi exposera à partir du 18 juin une sélection d'objets de ses collections, qui mettront en lumière les différentes facettes de l'art équestre dans la Chine ancienne, essentiellement entre le IIe siècle avant notre ère et le VIIIe siècle. Fin

Edité par:Zhao Xin
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