Les principales initiatives nationales de réforme ont des conséquences majeures

Les décideurs politiques chinois se réunissent lundi à Beijing pour une réunion historique visant à faire progresser la réforme et l'ouverture du pays, dans un contexte de grandes attentes pour que des mesures clés soient introduites afin de dynamiser davantage la deuxième plus grande économie mondiale et renforcer ses efforts de modernisation.

La troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC), prévue de lundi à jeudi, délibérera sur un document politique clé concernant l'approfondissement de la réforme à tous les niveaux et l'avancement de la modernisation chinoise, ont annoncé les principaux dirigeants du PCC le mois dernier.

Avant cette session historique, Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du PCC, a présidé une série de réunions pour donner le ton du plénum et tracer la direction de la future réforme du pays.

Il a souligné que « la poursuite de la réforme doit se concentrer sur le raffinement et le développement du système de socialisme à la chinoise, et doit faire progresser la modernisation du système de gouvernance ainsi que la capacité de gouvernance du pays ».

« Nos efforts en matière de réforme et de développement visent en fin de compte à permettre aux gens de vivre une vie meilleure », a déclaré en mai M. Xi, qui est également président chinois, lors d'un symposium auquel ont participé des experts et des entrepreneurs.

Selon un compte-rendu d'une réunion clé du Parti présidée par M. Xi en février : « les mesures de réforme doivent être clairement ciblées, visant les problèmes les plus urgents. Les efforts de réforme doivent être substantiels et efficaces ».

Historiquement, les troisièmes séances plénières ont joué un rôle crucial dans l’orientation des réformes économiques et politiques majeures. Le troisième plénum du 11e Comité central du PCC en 1978 a marqué le début de la campagne de réforme et d'ouverture de la Chine sous Deng Xiaoping, plaçant le pays sur la voie de la transformation économique.

Wang Huiyao, président du Centre pour la Chine et la mondialisation, un groupe de réflexion basé à Beijing, a déclaré que le président Xi avait poursuivi la stratégie clé de réforme et d'ouverture afin de relever les défis du développement et répondre aux risques et aux défis sur la voie du progrès.

« Depuis 1978, la Chine a lancé des initiatives majeures pour faire progresser la réforme et l'ouverture à des niveaux plus élevés presque chaque décennie, libérant ainsi des dividendes significatifs pour son développement économique », a souligné M. Wang.

Les dividendes politiques issus de la session plénière de cette semaine permettront à Beijing de mieux gérer les complexités sur la scène mondiale, de faire progresser la transformation, la modernisation et la croissance de haute qualité de l'économie, ainsi que de renforcer le sentiment de gain du peuple, a-t-il affirmé.

La Chine, après avoir sorti plus de 800 millions de personnes de l’extrême pauvreté au cours des quatre dernières décennies, est désormais confrontée à un nouvel objectif stratégique consistant à assurer une prospérité commune pour tous, a-t-il noté.

Pour atteindre un tel objectif politique, le Parti devrait continuer à mener des réformes plus larges afin de réduire les inégalités entre les zones urbaines et rurales, avec des mesures visant à réformer le système foncier rural et à permettre aux agriculteurs de transférer le droit d'utiliser leurs propriétés, à renforcer l’urbanisation, et à dynamiser davantage la croissance, a déclaré M. Wang.

D'autres analystes ont souligné que cette séance plénière serait cruciale pour façonner les orientations politiques de la Chine au cours des cinq prochaines années et au-delà.

Bert Hofman, professeur adjoint à l'Institut d'Asie de l'Est de l'Université nationale de Singapour, a avancé que la session plénière de cette semaine constituait une opportunité clé pour développer un programme de réforme global et ancrer les attentes des entreprises et des ménages sur un programme commun.

« Les dirigeants chinois reconnaissent largement que de nouvelles réformes du système économique sont essentielles pour parvenir à une croissance de haute qualité », a noté M. Hofman.

« Les politiques budgétaires sont essentielles à une croissance plus partagée, mais les politiques de hukou (enregistrement des ménages), d'éducation et de santé sont tout aussi essentielles à la construction d'une société qui offre des chances égales à tous », a-t-il ajouté.

M. Hofman a souligné que cette session serait « un moment pour fournir des détails, sur la manière dont ces concepts se traduisent en cadres politiques et en mesures politiques spécifiques ».

Einar Tangen, chercheur principal à l'Institut Taihe, basé à Beijing, s'est dit impressionné par la multitude de réformes entreprises par la Chine au cours de la dernière décennie, avec notamment l'éradication de l'extrême pauvreté et la réduction de la liste négative d'accès au marché pour les entreprises étrangères. « Le besoin d'efficacité et de responsabilité a été l'objectif primordial du président Xi et du PCC. »

Concernant le futur, M. Tangen a souligné la nécessité pour la Chine de progresser dans la chaîne de valeur mondiale et de développer de nouvelles forces productives de qualité, essentiellement des produits et services innovants de plus grande valeur pour lesquels les entreprises chinoises détiennent la propriété intellectuelle, permettant aux entreprises d'augmenter leurs marges et les salaires payés à leurs employés.

« En tant qu'économie contribuant à un tiers de la croissance mondiale, toute initiative majeure du gouvernement chinois a des conséquences importantes », a-t-il ajouté.

Zheng Yongnian, professeur de politique à l'Université chinoise de Hong Kong (Shenzhen), a déclaré dans une interview le mois dernier que M. Xi avait donné la direction à suivre pour faire progresser la réforme de la Chine dans des secteurs très complexes, où l'approfondissement d'une réforme globale doit s'aligner étroitement sur les thème de l’avancement de la modernisation chinoise.

« La modernisation chinoise représente aujourd'hui le standard de modernisation le plus élevé, englobant la modernisation matérielle, la modernisation institutionnelle et la modernisation humaine », a-t-il affirmé.

M. Zheng a noté l'importance pour la Chine d'optimiser sa politique de visa pour de nombreux pays et de faciliter la vie et le travail des étrangers en Chine, soulignant que de telles mesures revêtent une « importance stratégique » dans l'ouverture du pays.

« La Chine, malgré les pressions internes et externes auxquelles elle est confrontée, ne ralentira pas son rythme de réforme et d'ouverture. Cet engagement n'est pas seulement dans l'intérêt de la nation, mais également pour la stabilité et la prospérité mondiales.»