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L'Année sino-française du tourisme culturel : Versailles, invité spécial ce printemps à la Cité interdite
Source : Xinhuanet 2024-04-04

BEIJING/PARIS, 3 avril (Xinhua) -- Un jour printanier dans la capitale chinoise, dans le Pavillon de la gloire littéraire de la Cité interdite, des oeuvres d'art vieilles de plusieurs siècles, dont des porcelaines et des peintures, ont soigneusement été retirées de caisses bien protégées, réveillant ainsi la mémoire lointaine des échanges culturels entre la Chine et la France.
 
A l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, l'exposition "La Cité interdite et le Château de Versailles - les échanges entre la France et la Chine aux XVIIe et XVIIIe siècles" a ouvert mardi ses portes au public pour présenter quelque 200 pièces sélectionnées par les deux parties, toutes témoins de cette histoire.
 
En 1688, également au printemps, une mission de pères jésuites envoyée par le roi de France Louis XIV a été reçue par l'empereur Kangxi au Palais de la pureté céleste de la Cité interdite.
 
Dans l'Europe de cette époque, l'image d'une puissance orientale mystérieuse décrite par Marco Polo est déjà bien ancrée. Avec l'ouverture de nouvelles routes commerciales à la suite de la grande découverte maritime, les Européens s'intéressent de plus en plus aux objets d'arts chinois. La recherche de ces magnifiques oeuvres est devenue une vraie mode au sein de la royauté et de la noblesse françaises.
 
Selon Marie-Laure de Rochebrune, conservatrice générale du patrimoine au Château de Versailles et commissaire de cette exposition conjointe, aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'attrait pour la Chine et l'art chinois s'est manifesté à travers quatre phénomènes principaux : l'importation d'objets d'art chinois; la transformation de certaines œuvres d'importation, notamment par l'adjonction de montures en bronze doré sur les porcelaines ou l'utilisation des panneaux de laque sur des pièces de mobilier français; l'imitation des produits de la Chine, y compris la recherche du secret de fabrication de la porcelaine dure; et l'influence très vive de l'art chinois sur l'art français, en particulier dans le domaine des arts décoratifs.
 
De nombreux objets exposés cette fois à la Cité interdite portent ces caractéristiques. Trois vases dorés en forme d'oeuf faits de porcelaine dure et de bronze ciselé, achetés par la reine Marie-Antoinette en 1776, en sont un bel exemple. Ces vases, fabriqués par la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres, décorés par un peintre français avec des scènes qui représentent des Chinois affairés à diverses occupations : certains sont en train de jouer aux cartes, d'autres boivent du thé, d'autres fument. Ces scènes sont peintes d'après des gravures et des dessins de François Boucher, qui est lui-même un grand collectionneur d'objets chinois.
 
UN ECHANGE CULTUREL DANS LES DEUX SENS
 
L'intérêt de la France pour la Chine à cette époque ne se limite pas aux objets d'art. En 1684, le Chinois Shen Fuzong a été convoqué par Louis XIV à Versailles pour présenter les us et coutumes de la Chine. Il a offert au roi des traductions d'ouvrages classiques et lui a montré la calligraphie chinoise. La curiosité pour l'Empire du Milieu du souverain français, impressionné, a été une fois de plus attisée.
 
Pendant la même période, des ouvrages rédigés par des Français pour présenter l'histoire, la géographie, la science et la culture de la Chine tels que "Mémoires concernant l'histoire, les sciences, les arts, les moeurs, les usages, etc. des Chinois", "Nouveaux mémoires sur l'état présent de la Chine" ou encore "Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'empire de la Chine et de la Tartarie chinoise" ont fait leur apparition, ce qui a permis aux Français de mieux connaître la Chine.
 
Selon le sinologue Rémi Mathieu, l'organisation des concours de lettrés en Chine a une forte répercussion sur la sélection des élites en France. Louis XV s'en est inspiré pour créer les premiers concours de recrutement, en lieu et place de la sélection par la naissance qui prévalait jusqu'alors dans la France de Louis XIV. Ce mode de recrutement des élites dirigeantes prévaut encore dans la France contemporaine.
 
Guo Fuxiang, chercheur au Musée du Palais impérial de Beijing et commissaire chinois de l'exposition, estime qu'en plus de la circulation des objets et des personnes, la circulation de l'information occupe également une place importante dans les échanges culturels. La diffusion d'informations sur la Chine en France a laissé une empreinte dans la société française, des philosophes comme Voltaire ayant été influencés par les grands penseurs chinois tels que Confucius.
 
Dans le même temps, la Chine s'est également inspirée de la France. Dans le domaine des sciences, les jésuites français ont apporté en Chine des instruments scientifiques occidentaux et les connaissances occidentales en mathématiques, géographie, astronomie et médecine. Ces instruments, ainsi que des instruments similaires reproduits par la cour chinoise, sont toujours conservés au Musée du Palais impérial.
 
Dans le domaine de l'art, on entrevoit sans grande difficulté de l'influence des émaux français sur certains émaux chinois de la collection du Musée du Palais impérial, a noté M. Guo, ajoutant que les Français ont également contribué à l'amélioration des techniques de production de verre sous la dynastie Qing. Les empereurs chinois appréciaient les techniques artistiques occidentales, l'un d'entre eux, Qianlong, ayant ainsi commandé des "gravures des conquêtes de l'empereur de Chine".
 
Certains jésuites français ayant gagné la confiance des empereurs sont devenus des médecins, des peintres, des architectes et des scientifiques à la cour chinoise. Servant de "ponts" entre les deux pays, ils ont aussi été chargés de conduire des délégations diplomatiques en France par l'empereur Kangxi.
 
"De véritables échanges culturels devaient aller dans les deux sens. L'apprentissage mutuel et l'interaction sont très présents dans l'histoire sino-française", a dit M. Guo.
 
L'APPRENTISSAGE MUTUEL POUR UN MEILLEUR AVENIR
 
Parmi les nombreuses pièces exposées, M. Guo attache une importance particulière à une montre de poche française du XVIIe siècle. Sur le dos du boîtier en cuivre doré se trouve un portrait en profil de Louis XIV. Un motif à trois fleurs de lys doré, symbole de la royauté française, figure au centre du cadran émaillé. En ouvrant le mouvement, on peut apercevoir un dragon doré à cinq griffes, symbole de l'empereur chinois, découpé sur le couvercle protecteur du ressort de la montre. Celle-ci est très probablement un cadeau de Louis XIV à l'empereur Kangxi, qui "révèle la volonté de Louis XIV d'établir de bonnes relations et de profonds échanges avec la Chine", a signalé M. Guo.
 
"Les deux pays ont des relations très privilégiées. Aucun autre pays n'a ces relations privilégiées avec la Chine à cette époque-là", a rappelé Mme De Rochebrune de son côté. "Tout au long du XVIIIe siècle, il y a un vrai respect mutuel, il y a de l'admiration mutuelle."
 
A l'époque moderne, les dirigeants chinois et français ont fait preuve voici 60 ans d'une sagesse et d'un courage extraordinaires pour ouvrir la porte aux contacts et à la coopération entre la Chine et l'Occident. Dès lors, les deux pays n'ont cessé de renforcer leur compréhension et leur confiance mutuelles, non seulement dans les domaines politique et économique, mais aussi dans les secteurs culturel et humain.
 
"L'histoire est notre meilleur professeur. Lorsque nous nous penchons sur l'histoire, nous pouvons en tirer beaucoup d'enseignements. Pendant les préparatifs de cette exposition, nous sommes persuadés que les échanges doivent être basés sur le respect et l'apprentissage mutuels", a dit M. Guo. Fin

Edité par:Zhao Xin
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