CHANGSHA, 23 avril (Xinhua) -- De nouvelles recherches menées par des archéologues chinois ont révélé que les femmes de la dynastie des Qin (221 av. J.-C. - 207 av. J.-C.) avaient des droits d'héritage et auraient pu assumer des responsabilités sociales similaires à celles des hommes. Ying Zheng, le premier empereur à avoir unifié la Chine, et l'empire Qin qu'il dirigeait sont peu documentés dans l'histoire de la Chine, mais de nouvelles découvertes sur les lamelles Qin de Liye pourraient éclairer certains aspects.
Une lamelle mise au jour sur les ruines de la ville antique de Liye révèle qu'un père du nom de Guang s'est inscrit au bureau du gouvernement local pour distribuer ses biens à sa fille Hu, déjà mariée. Les biens comprenaient notamment des esclaves et des servantes, des objets et de l'argent. Cette lamelle a été certifiée par un fonctionnaire du gouvernement local du nom de Shen.
"L'argent qu'il a donné à sa fille correspondait au revenu d'un homme adulte travaillant à plein temps pendant vingt ans à l'époque", explique Zhang Chunlong, chercheur à l'Institut provincial des vestiges culturels et d'archéologie du Hunan (centre) et l'une des personnes ayant mis au jour des lamelles Qin de Liye. Les lamelles documentent également des cas où des veuves géraient leur foyer de manière indépendante et où des femmes participaient à diverses activités professionnelles aux côtés des hommes, ce qui indique que les hommes et les femmes jouissaient de responsabilités sociales égales sous la dynastie des Qin, selon lui.
Les ruines de la ville antique de Liye sont situées à Longshan, district de la préfecture autonome Tujia et Miao de Xiangxi, dans la province du Hunan. En 2002, plus de 36.000 lamelles Qin y ont été exhumées du puits No 1. Ces lamelles se composent de plus de 200.000 caractères. Il s'agit principalement de documents gouvernementaux du district de Qianling dans la préfecture de Dongting, couvrant la période allant de l'année précédant l'unification de la nation à l'année précédant la chute de la dynastie des Qin.
Considérées comme une nouvelle découverte archéologique importante sur la dynastie des Qin après celle de l'armée de guerriers en terre cuite mise au jour à Xi'an, les lamelles Qin de Liye touchent à la démographie, à la production, à la fiscalité, aux services postaux, au système judiciaire et à la médecine, entre autres, peignant une image vivante de la gouvernance de l'empereur Qinshihuang et du fonctionnement des systèmes administratifs de base.
"Les informations sur la dynastie des Qin ont toujours été limitées, et ces vastes documents textuels, une fois interprétés et arrangés, peuvent combler les lacunes historiques", déclare Long Jingsha, archéologue et responsable des fouilles au puits No 1 de la ville antique de Liye, ajoutant que les lamelles illustrent la bonne transmission de divers documents officiels, l'efficacité des réquisitions de matériel et les enregistrements détaillés des systèmes de gestion du personnel, ce qui démontre la mise en place d'un système de supervision et d'évaluation vertical sous le règne de Qinshihuang.
La dynastie des Qin a mis en place le système administratif des préfectures et des districts, cette initiative suivie par les dynasties suivantes représente une contribution importante à l'histoire de la Chine, d'après Zhou Dongzheng, conservateur du Musée des lamelles Qin de Liye. Le nombre et le nom des préfectures créées sous la dynastie des Qin ont fait l'objet de nombreuses interprétations, mais l'apparition explicite de la préfecture de Dongting dans les lamelles, qui ne figure dans aucun document historique existant, offre une nouvelle occasion de rouvrir la discussion sur les divisions administratives de la dynastie Qin.
Les documents historiques montrent que la dynastie des Qin a encouragé la normalisation de l'écriture, unifiant les noms de nombreux objets selon les coutumes et les systèmes Qin. Par exemple, une lamelle en bois révèle que le chien gardé par Qinshihuang doit être appelé "Huang Di Quan", à savoir chien de l'empereur, et que le porc doit être appelé "Zhi", conformément à la coutume des Qin, précise M. Zhang.
Malgré les communications et les transports sous-développés, les décrets du gouvernement central pouvaient atteindre directement des régions frontalières comme le district de Qianling avec un système postal bien établi, ce qui indique le haut degré de centralisation du pouvoir sous la dynastie des Qin, selon les experts interviewés.
"La vitesse de transmission des documents officiels vers le haut et vers le bas reflète l'efficacité de l'appareil d'Etat", note M. Zhang. Sous la dynastie des Qin, les bureaux du gouvernement fonctionnaient généralement de six ou sept heures du matin à quatre ou cinq heures de l'après-midi, la transmission des documents se faisant tout au long de la journée. Les facteurs transmettaient le courrier par relais afin de garantir la fluidité de la transmission. L'envoi, la réception et les retards des documents officiels étaient méticuleusement enregistrés sur les lamelles, avec des horodatages précis à deux heures d'intervalle.
Les lamelles Qin de Liye comprennent également des documents évaluant les performances des fonctionnaires locaux. Par exemple, les gouverneurs de district et les préfets de la dynastie des Qin devaient présenter un rapport annuel à la cour impériale sur la gestion de leurs juridictions, sur la base duquel la cour distribuait des récompenses et des sanctions, déclare M. Zhou, ajoutant que la dynastie des Qin a mis en œuvre un système strict d'évaluation des fonctionnaires, liant leurs performances à leurs salaires et promotions.
Les lamelles enregistrent aussi la présence, les désignations et les transferts des fonctionnaires. Par exemple, on trouve des "curriculum vitae" détaillant les postes occupés par les fonctionnaires et la date de leur nomination, et des "registres de présence" indiquant le nombre de jours de présence des fonctionnaires et le travail accompli.
Les lamelles contiennent également des informations sur de nombreuses personnes poursuivies en vertu des lois strictes de l'époque. Par exemple, un ensemble de douze lamelles bien conservées décrit douze hommes du district de Yangling poursuivis pour des dettes envers le gouvernement. Incapables de rembourser leurs dettes, ils ont été contraints de travailler en guise de compensation.
Au cours du douzième mois lunaire de la 34e année du règne de Qinshihuang (213 av. J.-C.), le district de Qianling comptait 4.376 personnes condamnées aux travaux forcés à perpétuité, une personne sur sept condamnées aux travaux forcés est morte dans l'année.
A ce jour, plus de la moitié des informations des lamelles Qin de Liye ont été rendues publiques. "L'unification et la gouvernance de la dynastie des Qin n'étaient pas aisées, et bien que les lamelles présentent le travail quotidien des fonctionnaires de l'époque, elles sont aujourd'hui considérées comme des merveilles", explique M. Zhang. Fin