L'ouverture est le signe le plus distinctif de la Chine contemporaine. Jiang Xiaojuan, professeure à l'Université de l'Académie des Sciences sociales de Chine (ASSC), a déclaré dans une interview accordée à la CSST que l'ouverture de la Chine est entrée dans une nouvelle phase.
 
CSST : Selon vous, quel est le rapport entre le développement des théories sur l'ouverture et l'ouverture dans la pratique ?
 
Jiang Xiaojuan : Les théories classiques expliquant l'"ouverture" au monde extérieur comprennent la théorie de l'avantage absolu, la théorie de l'avantage comparatif et la théorie de la dotation en facteurs. Après la révolution industrielle du XVIIIe siècle, la capacité de production et les conditions économiques des différents pays se sont différenciées, et les caractéristiques structurelles économiques des différents pays ont pris de l'importance. Parallèlement, le commerce international s'est développé rapidement. Au cours de cette période, les objets échangés dans le cadre du commerce international comprenaient toute une série de produits. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les chercheurs se sont concentrés sur l'importance du commerce international, explorant l'importance de la division internationale du travail et du libre-échange, ainsi que les avantages qu'ils peuvent apporter à toutes les parties concernées. Depuis les années 1960, les objets concernés par le commerce international ont considérablement évolué. Le "commerce intra-industriel" entre les pays développés a constitué une part importante du commerce international, et les théories commerciales traditionnelles basées sur les avantages comparatifs ne peuvent pas fournir une explication raisonnable à ce phénomène.
 
C'est ainsi qu'un groupe d'économistes a développé une nouvelle théorie du commerce international basée sur les pratiques commerciales, en s'inspirant de la théorie de l'organisation industrielle. À ce stade, le commerce international consiste principalement en échanges intra-industriels. Par conséquent, le centre d'attention et le contenu de la recherche de la théorie du commerce international ont également été ajustés en fonction de la situation.
 
CSST : Quelles sont les caractéristiques de l'ouverture de la Chine ?
 
Jiang Xiaojuan : Le caractère unique de la trajectoire d'ouverture de la Chine soulève une question importante : sommes-nous à ce point "distincts" que les théories existantes ne peuvent l'expliquer efficacement et qu'un nouveau cadre théorique doit être construit pour l'analyser ? Selon moi, l'ouverture de la Chine, en termes de points de départ et d'étapes, ainsi que de diverses sections du processus de développement, s'écarte considérablement des modèles d'ouverture de la plupart des pays. Toutefois, en termes de tendances à long terme et de caractéristiques essentielles, elle suit toujours les lois fondamentales de l'ouverture économique.
 
En termes de tendances de base et de caractéristiques principales, la Chine présente la même convergence de changements que les autres pays en développement dans le processus d'ouverture.
 
L'impact unique des conditions nationales de la Chine sur l'ouverture a également des explications théoriques correspondantes. Par exemple, la structure des facteurs de production de la Chine est déséquilibrée et il est urgent de l'ajuster en utilisant les ressources internationales et nationales et ces deux marchés. Un grand nombre d'entreprises étrangères et locales se sont considérablement développées grâce à la concurrence, ce qui est directement lié à la taille énorme de notre marché, qui peut accueillir de multiples entités concurrentes.
 
CSST : Pour l'avenir, comment pensez-vous que nous puissions promouvoir l'ouverture au monde extérieur à partir d'un point de départ plus élevé ?
 
Jiang Xiaojuan : Passer d'une ouverture politique à une ouverture institutionnelle est un point central important pour promouvoir l'ouverture à l'avenir.
 
Après plus de 40 ans de réforme et d'ouverture, la Chine dispose fondamentalement des conditions et de l'environnement nécessaires à l'ouverture institutionnelle et, à l'avenir, nous devrions continuer à améliorer le système d'ouverture institutionnelle et le rendre relativement fixe. Nous devrions continuer à améliorer le système de lois et de règlements économiques liés à l'étranger, adhérer au principe de l'égalité de statut de tous les types d'entités économiques et de l'égalité de protection de tous les types de droits de propriété, et améliorer le niveau de mise en œuvre et d'application de la loi. En d'autres termes, il convient d'accorder la même importance aux exportations et aux importations, à l'absorption des capitaux étrangers et aux investissements étrangers, ainsi qu'aux entreprises financées par l'étranger et aux entreprises nationales.
 
L'adhésion à des accords commerciaux de haut niveau augmente également le niveau d'ouverture. Le 20 novembre 2020, le président chinois Xi Jinping a annoncé, lors de la 27e réunion des dirigeants économiques de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), que la Chine envisagerait favorablement d'adhérer à l'Accord global et progressif pour le partenariat transpacifique (CPTPP), ce qui a attiré l'attention et les applaudissements tant dans le pays qu'à l'étranger. Ces accords, s'ils entrent tous en vigueur, couvriront plus de 55 % du commerce international et des investissements internationaux, et favoriseront un nouveau cycle de mondialisation dans des domaines connexes.
 
Depuis 2022, nous avons rejoint le Partenariat économique régional global (RCEP) et avons demandé à adhérer à l'Accord de partenariat pour l'économie numérique (DEPA). Cela va certainement faire avancer la construction nationale du système institutionnel et le système ouvert qui y est lié, en facilitant la réforme nationale et en dynamisant la réforme structurelle du côté de l'offre ainsi que l'innovation institutionnelle. Dans le même temps, la sagesse de la Chine contribuera à la formation et au développement du système de gouvernance de la mondialisation à l'avenir.