Interviewé : Zhuang Guiyang
Intervieweur : Zong Min, journaliste de l’Académie des Sciences sociales de Chine
Zhuang Guiyang est chercheur titulaire de l’Institut de Recherche sur le développement et l’environnement urbain de l’Académie des Sciences sociales de Chine (ASSC), directeur du Bureau de recherche sur l’économie des changements climatiques, vice-secrétaire général du Centre de Recherche de l’ASSC sur le Développement durable, et directeur de master du Centre de formation des aspirants chercheurs de l’ASSC. Il est aussi directeur adjoint de la Commission d’économie de la météorologie de l’Association chinoise de Météorologie, membre de la Commission d’économie de l’environnement de l’Association chinoise de l’Environnement et consultant à la mairie de Guangyuan pour le développement d’une économie à faible émission de carbone.
Note du rédacteur : A partir du 10 janvier, plusieurs régions chinoises comme Beijing, le Hebei, le Shandong, le Henan, le Hubei ont été touchées par la pollution atmosphérique. Selon le centre municipal de surveillance de l'environnement, le 13 janvier, la densité des polluants atmosphériques PM 2,5 a atteint 1000 microgrammes par m3, relevé largement supérieur aux normes édictées par l’OMS et par les modes de traitement de la pollution de l’air. Le 29 janvier, le nuage de pollution a recouvert une nouvelle fois notre pays jusqu’à poser des complications sérieuses dans les régions de l’est et du centre de la Chine. Comment le brouillard de pollution naît-il ? Quels sont les moyens pour le dissiper ? Réponses à toutes ces questions avec l’interview de Guang Guiyang.
Journaliste : Ces derniers jours, un épais brouillard persistant dans plusieurs villes en Chine a entraîné une grave pollution de l’air. Les particules en suspension PM 2,5, responsables de ce brouillard focalisent l’attention générale. Autrefois, ces termes techniques étaient inconnus du public. Pourriez-vous nous expliquer l’origine du brouillard de pollution?
Zhuang Guiyang : Deux facteurs participent à la formation du brouillard de pollution, l’un est un hiver sans air froid mais avec une vapeur d’eau suffisante, l’autre est que les polluants dans l’air tels que les particules en suspension PM 2.5 et PM 10 ont atteint des niveaux de concentration suffisants à la formation de ce brouillard.
Journaliste : Jusqu’à la fin de l’année 2010, la plupart des pays ne surveillaient pas les particules PM 2,5. En 2012, les normes de qualité de l’air ont été amendées en Chine incluant des prescriptions sur les PM 2,5. Pourquoi les surveille-t-on, quelles sont les normes relatives à ces particules ?
Zhuang Guiyang : Les PM2,5, appelées « particules fines », sont des particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres. Bien que l’atmosphère ne contienne que de petite quantité de PM2,5, elles exercent une grande influence sur la qualité et la visibilité de l’air. Les particules PM 2,5, de petite taille, sont riches en substances toxiques et dangereuses, elles nuisent à la santé des hommes et à la qualité de l’air d’autant plus qu’elles peuvent demeurer longtemps dans l’atmosphère en étant transportées assez loin. Aussi, en février 2012, le Conseil d’Etat a décidé d’amender les normes de la qualité de l’air et a édité une norme relative aux PM 2,5.
Selon le programme, la surveillance des particules en suspension comme l’ozone a commencé en 2012 dans les régions de Beijing, de Tianjin, du Hebei, du delta du fleuve Yangtze, du delta de la rivière des Perles ainsi que dans les chefs-lieux des province. Ce travail se poursuivra en 2013 dans les 113 villes chinoises reconnues comme villes clés de protection de l’environnement et couvrira en 2015 toutes les villes-préfectures.
Une norme de première catégorie relative aux PM 2,5 doit être appliquée dans toutes les réserves naturelles, les sites touristiques et les lieux nécessitant une attention particulière. Une norme de deuxième catégorie doit être appliquée dans les zones résidentielles, commerciales, culturelles, industrielles et de transport, ainsi que dans les régions rurales.
Journaliste: Nous avons renforcé le contrôle des PM 2,5, mais des résultats concrets de réduction des particules PM 2,5 demandent un travail de longue haleine. D’après vous, quelles sont les mesures à prendre par le gouvernement?
Zhuang Guiyang : Il existe trois principales sources de pollution atmosphérique : premièrement, le charbon est le principal combustible utilisé en Chine. A ce point que la pollution issue de la combustion de charbon est constitue l’essentiel de la pollution atmosphérique dans notre pays. Deuxièmement, le développement des transports aggrave la pollution résultant des véhicules à moteur dont le nombre s’accroit continuellement et qui représente un facteur important de la pollution atmosphérique dans les villes. Rejets de carbone des véhicules et fumées de charbon se combinent pour provoquer cette pollution atmosphérique dans notre pays. Troisièmement, avec l’accélération de l’urbanisation, les poussières de terre et de construction associées à une érosion éolienne influencent fortement les taux des particules en suspension dont les sources deviennent plus complexes à appréhender.
Pour remédier à cette situation, il faut en premier appliquer la Loi de prévention de la pollution atmosphérique et en suivre ses modalités d’exécution. Le Bureau des Affaires législatives de Beijing a publié le 19 janvier 2013 sur son site internet le texte intégral des Règlements de Prévention de la Pollution atmosphérique (projet de loi) afin de consulter l’opinion publique. Même si le travail de gestion de cette démarche traîne quelque peu, il n’est pas trop tard pour apporter des solutions. Ensuite, il est nécessaire de moderniser et de coordonner les administrations pour que tous les départements coopèrent de manière systématique, sans quoi le contrôle de la pollution de l’air est impossible. De plus, on doit mettre en œuvre les objectifs de réduction des émissions polluantes notamment dans les secteur industriels où elles sont les plus importantes comme celui du ciment, de l’électricité, de la métallurgique et mettre l’accent sur le contrôle des émissions de dioxyde de souffre. Enfin, il est nécessaire de se défaire des technologies obsolètes et d’améliorer l’efficacité énergétique en s'appuyant sur les progrès scientifiques et technologiques.
Concernant ce brouillard de pollution, la ville de Beijing devrait prendre une série de mesures comme la modification des structures énergétique et industrielle, le contrôle de la combustion de charbon et de sa pollution, la fermeture progressive des entreprises hautement polluantes non conformes aux orientations environnementales, la construction de parcs éco-industriels, le contrôle renforcé des automobiles polluants pour veiller à ce que les normes d’émission soient respectées, le retrait des véhicules agés et extrêmement polluants, et le contrôle rigoureux de de la pollution des poussières.
Journaliste : Face à ce brouillard et à la pollution de l’environnement qui s’aggrave, qu’est-ce que les masses populaires doivent faire ?
Zhuang Guiyang : Outre se protéger et faire attention à sa santé, chacun doit contribuer à la protection de l’environnement en économisant l’énergie et en utilisant la voiture à son strict nécessaire. Il faudrait aussi renforcer la propagande et l’éducation dans ce domaine.