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La Chine pourrait devenir le premier pays à restaurer sa croissance économique
2020-04-15 16:58:00
china.org.cn

La récession mondiale, que la pandémie de nouveau coronavirus va inéluctablement engendrer, sera bien plus longue et profonde que celle qui a suivi la crise financière mondiale de 2008. Alors que de nombreux gouvernements se sont engagés à stimuler leur économie avec des mesures de relance monétaires et fiscales sans précédent, malgré une dette publique déjà colossale, la meilleure chose qu’ils pourraient espérer est d’éviter un effondrement économique. Pourtant, s’ils persistent à se replier sur eux-mêmes − cherchant des coupables et érigeant des barrières, plutôt que maintenant la coopération internationale et l’engagement économique − même cela pourrait s’avérer impossible.

L’engagement des Etats-Unis et de la Chine est particulièrement important. A la suite de la crise de 2008, la relance économique mondiale a reçu un soutien majeur grâce à la coopération sino-américaine, qui a étayé les mesures de soutien de part et d’autre (assouplissement quantitatif aux Etats-Unis et mesures de relance budgétaire de grande ampleur en Chine).

Les remarques des politiciens américains malavisées et malintentionnées

Toutefois, cette crise mondiale de la santé publique a surgi à un moment où les relations bilatérales, ainsi que la coopération internationale de façon plus large, sont à leur point le plus bas depuis plusieurs décennies… et les Etats-Unis n’ont fait preuve d’aucune volonté d’améliorer la situation. Au contraire, certains politiciens américains se sont immédiatement emparés de l’épidémie de coronavirus pour affirmer qu’aucun pays − et surtout pas la Chine − ne devrait avoir une position aussi centrale dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

De plus, l’administration américaine a semblé plus intéressée à rappeler à sa population que le virus avait « émergé » initialement en Chine, plutôt que de prendre des mesures fortes pour enrayer sa propagation sur son territoire. Cela a sapé gravement la volonté et la capacité de ces deux plus grandes économies mondiales à établir une réponse coordonnée.

Les Etats-Unis ont tort de mépriser le potentiel de la Chine à contribuer à résoudre cette crise mondiale de santé publique. Ils ont également tort de s’attendre à ce que la pandémie affaiblisse la position de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Même si des chaînes d’approvisionnement plus régionales et plus diversifiées permettraient de réduire les risques, la Chine garde des avantages concurrentiels considérables dans de nombreux domaines, comme l’électronique ou encore la production de machines et d’équipements. Elle ne peut être remplacée, ou tout au moins pas à court terme.

Cela ne veut pas dire que le rôle de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ne va pas changer, mais ce changement se déroule depuis près d’une décennie, avec le transfert d’un grand nombre de postes de production manufacturière à faible valeur ajoutée vers les pays voisins.

Loin d’affaiblir la position de la Chine, cela lui a permis de grimper dans l’échelle de la valeur ajoutée. La région du Delta du Yangzi et la province de Guangdong, des régions autrefois spécialisées dans la production de vêtements et de chaussures ou encore l’assemblage électronique, sont devenues des pôles d’innovation en matière de technologie de pointe.

La consommation croissante a réduit la dépendance de la Chine à ses exportations

Par ailleurs, la Chine s’est également efforcée de stimuler sa consommation intérieure, réduisant ainsi sa dépendance envers la demande étrangère, d'autant que la Chine est en avance de plusieurs mois par rapport à la plupart des pays dans l’endiguement du virus et la réouverture de son économie.

Clairement, les mesures rigoureuses de confinement imposées par la Chine ont eu un coût économique élevée et pourraient entraîner une baisse de 8 à 10 % de son PIB au premier trimestre, mais elles ont également permis de prévenir de nouvelles infections à un moment où le virus commençait tout juste à toucher le reste du monde.

Déjà à la mi-février, la Chine s’efforçait de restaurer la production, afin de stabiliser les chaînes d’approvisionnement mondiales. Grâce à cela, elle a su éviter les troubles boursiers enregistrés aux Etats-Unis, où le nombre d’infections croît rapidement et où le confinement se généralise de plus en plus.

Grâce aux actions résolues du gouvernement chinois, qui ont parfois fait suite à certaines maladresses des autorités locales, la Chine pourrait devenir le premier pays à restaurer sa croissance économique, tandis que le reste du monde reste enlisé dans une profonde récession.

Contrairement à la crise financière mondiale de 2008, il semble que le gouvernement chinois n’ait pas besoin de prévoir de nouvelles dépenses d’investissement plus importantes. La poursuite des plans existants d’investissement dans les infrastructures, incluant la construction d’un réseau électrique à ultra-haute tension, de lignes ferroviaires à grande vitesse interurbains et de réseaux en 5G, devrait suffire, tout en les associant à d’autres mesures pour soutenir la reprise de l’économie et de l’emploi, comme des subventions et des exonérations fiscales. Avec un déficit budgétaire de moins de 3 % de son PIB, la Chine peut certainement se permettre de telles mesures.

Des investissements pour stimuler le secteur des technologies de pointe

Ces investissements permettront à la Chine de tirer parti des progrès récents dans davantage de secteurs de haute technologie, comme les mégadonnées, l’intelligence artificielles, l’Internet des objets et l’Internet industriel. Cela permettra en retour d’approfondir l’intégration de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement technologique mondiale. Même un « découplage » sino-américain ne saurait empêcher les échanges technologiques entre la Chine et le reste du monde.

Ni la résistance américaine, ni la pandémie n’empêcheront la Chine d’ouvrir son secteur des services ou de devenir une destination de plus en plus attractive pour les exportations des économies avancées et des économies de marché émergentes.

Dans cette période où il pourrait être tentant de se replier sur soi, la Chine reste plus engagée que jamais envers la mondialisation économique. Et le commerce, l’investissement et les opportunités de croissance que cet engagement génère pourraient bien être profitable pour les pays en proie au contrecoup de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Zhang Jun, doyen de la Faculté d’économie de l’Université Fudan et directeur du Centre de Chine pour les études économiques, un laboratoire d’idées basé à Shanghai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Edité par  Zhao Xin